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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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de façon générale, on s’accordait sur le fait que Gorōji
était le meilleur. Il avait non seulement été au combat mais s’était entraîné
avec zèle et avait inventé des techniques personnelles.
    — Donnez-moi cinq minutes,
dit Gorōji en s’inclinant devant Tadatoshi et Kojirō avant de se
retirer pour se préparer.
    Il était content de porter, ce
jour-là comme les autres, des sous-vêtements immaculés dans la tradition du bon
samouraï, lequel inaugurait chaque journée avec un sourire et une incertitude :
le soir, il risquait d’être un cadavre.
    Après avoir emprunté un sabre de
bois de trois pieds, Kojirō choisit le terrain de l’affrontement. Son
corps paraissait d’autant plus détendu qu’il ne retroussait pas son hakama plissé. Il avait un aspect redoutable ; ses ennemis eux-mêmes eussent été
obligés de le reconnaître. Il évoquait un aigle, et son beau profil exprimait
une sereine confiance. Des yeux inquiets commencèrent à se tourner vers le dais
derrière lequel Gorōji ajustait ses vêtements et son équipement.
    — Qu’est-ce qui lui prend si
longtemps ? demanda quelqu’un.
    Gorōji enveloppait
tranquillement d’une bande de tissu humide le fer de sa lance, une arme dont il
avait tiré un excellent parti sur le champ de bataille. La hampe avait près de
trois mètres de long, et le fer effilé, de plus de vingt centimètres,
équivalait à lui seul à une petite épée.
    — Que faites-vous ? lui
cria Kojirō. Si vous craignez de me faire du mal, épargnez-vous cette
peine.
    A nouveau, derrière les paroles
courtoises il y avait un sous-entendu arrogant.
    — ... Peu m’importe que vous
laissiez le fer à nu.
    — Vous êtes sûr ?
demanda Gorōji en lui décochant un regard aigu.
    — Tout à fait.
    Bien que ni le seigneur Tadatoshi
ni ses hommes n’ouvrissent la bouche, leurs yeux perçants disaient à Gorōji
de commencer. Si l’inconnu avait le toupet de le demander, pourquoi ne pas
l’embrocher ?
    — Dans ce cas...
    Gorōji arracha l’enveloppe et
s’avança, tenant la lance à mi-hampe.
    — ... Je m’incline bien volontiers ;
mais si je me bats à fer nu, je veux que vous vous battiez avec un vrai sabre.
    — Ce sabre de bois est très
bien.
    — Non, je ne puis accepter
cela.
    — Vous ne voudriez pas que
moi, un étranger, j’eusse l’audace d’utiliser un vrai sabre en présence de Sa
Seigneurie.
    — Pourtant...
    Avec une légère impatience, le
seigneur Tadatoshi déclara :
    — Allons, Okatani. Nul ne
t’accusera de lâcheté si tu accèdes à la demande de cet homme.
    Il était visible que l’attitude de
Kojirō l’avait impressionné.
    Les deux hommes, la mine résolue,
se saluèrent du regard. Gorōji prit l’initiative en sautant de côté ;
mais Kojirō se glissa sous la lance et le frappa en pleine poitrine.
N’ayant pas le temps de riposter, le lancier tenta de piquer du bout de son
arme la nuque de Kojirō. Avec un craquement sonore, la lance vola dans les
airs tandis que le sabre de Kojirō mordait dans les côtes de Gorōji,
exposées par l’élan de la lance vers le haut. Gorōji glissa de côté puis
s’écarta d’un bond mais l’attaque se poursuivit sans relâche. Sans avoir le
temps de reprendre haleine, il ne cessait de sauter de côté. Il réussit les
toutes premières esquives, mais il ressemblait à un faucon pèlerin qui tente de
repousser un aigle. Harcelée par ce sabre qui faisait rage, la hampe de la
lance se brisa en deux. Au même instant, Gorōji poussa un cri ; l’on
eût dit que son âme s’arrachait de son corps.
    Le bref combat était fini.
Kojirō avait espéré affronter quatre ou cinq hommes, mais Tadatoshi
déclara qu’il en avait assez vu.
     
    Quand Kakubei rentra chez lui, ce
soir-là, Kojirō lui demanda :
    — Suis-je allé un peu trop
loin ? Je veux dire en présence de Sa Seigneurie ?
    — Non, c’était une magnifique
performance.
    Kakubei se sentait un peu mal à
l’aise. Maintenant qu’il était en mesure d’évaluer pleinement les talents de
Kojirō, il avait l’impression d’être un homme qui a réchauffé dans son
sein un oiselet qui, en grandissant, devient un aigle.
    — Le seigneur Tadatoshi a dit
quelque chose ?
    — Rien de particulier.
    — Allons donc ! Il a
bien dit quelque chose ?
    — Non ; il a quitté sans
un mot le champ de tir.
    — Hum...
    Kojirō paraissait déçu, mais
il reprit :
    — ... Eh bien, tant pis. Il
m’a

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