Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
semblé supérieur à sa réputation. Je me disais que si je devais servir
quelqu’un, autant que ce fût lui. Mais, bien entendu, le résultat ne dépend pas
de moi.
    Il ne révélait pas avec quel soin
il avait réfléchi à la situation. Après les clans Date, Kuroda, Shimazu et
Mōri, le clan Hosokawa était le plus prestigieux et le plus sûr.
Kojirō avait la certitude que cela continuerait tant que le seigneur
Sansai tiendrait le fief de Buzen. Et tôt ou tard, Edo et Osaka se heurteraient
une fois pour toutes. Impossible de prévoir le résultat ; le samouraï qui
aurait choisi le mauvais maître risquerait aisément de se retrouver rōnin,
ayant sacrifié sa vie entière à quelques mois de salaire.
    Le lendemain du combat, l’on
apprit que Gorōji avait survécu bien que son bassin ou son fémur gauche
eussent été fracassés. Kojirō reçut la nouvelle avec calme, en se disant
que même s’il n’obtenait pas de poste, il avait fait honneur à sa réputation.
    Quelques jours plus tard, il
annonça brusquement qu’il allait rendre visite à Gorōji. Sans s’expliquer
sur cette soudaine manifestation de bonté, il partit seul, à pied, pour la
maison de Gorōji, près du pont de Tokiwa.
    Le blessé reçut cordialement son
visiteur inattendu.
    — Un combat est un combat,
dit Gorōji en souriant, les yeux humides. Je peux déplorer mon propre
manque d’habileté mais je ne vous en veux certes pas. C’était bien aimable à
vous de venir me voir. Merci.
    Après le départ de Kojirō, Gorōji
confia à un ami :
    — ... Maintenant, il existe
un samouraï que je puis admirer. Je le croyais un arrogant scélérat, mais il se
révèle à la fois amical et courtois.
    C’était précisément la réaction
qu’avait espérée Kojirō. Elle faisait partie de son plan ; d’autres
visiteurs entendraient le vaincu lui-même chanter ses louanges. De deux en deux
ou trois jours, il fit encore trois visites à Gorōji. Une fois, il fit
livrer du marché, à titre de présent de rétablissement, un poisson vivant.
     
     
     
Kakis verts
     
    Lors de la canicule qui suivit la
saison des pluies d’été, les crabes rampaient paresseusement dans la rue
desséchée, et les pancartes défiant Musashi de « sortir de sa cachette
pour se battre » avaient disparu. Les rares qui n’étaient pas tombées dans
la boue ou n’avaient pas été volées pour servir de bois à brûler étaient
cachées par les hautes herbes.
    « Il doit bien y avoir
quelque chose quelque part », se dit Kojirō en cherchant des yeux,
autour de lui, un endroit où manger. Mais il se trouvait à Edo, non pas à
Kyoto, et les boutiques bon marché qui servaient le riz et le thé, si courantes
dans la plus ancienne des deux villes, n’avaient pas encore fait ici leur apparition.
Le seul établissement possible se dressait dans un terrain vague, à l’abri de
stores de roseaux. De derrière les stores s’élevait une fumée paresseuse, et
sur une enseigne verticale figurait le mot « Donjiki ». Ce mot lui
évoqua aussitôt tonjiki , ce qui jadis avait désigné les boulettes de riz
qui tenaient lieu de rations militaires.
    En s’approchant, il entendit une
voix masculine demander une tasse de thé. A l’intérieur, deux samouraïs
engloutissaient du riz, l’un d’un bol à riz ordinaire, l’autre d’un bol à saké.
Kojirō s’assit à l’extrémité d’un banc, en face d’eux, et demanda au
patron :
    — Qu’est-ce que vous
avez ?
    — Des plats de riz. J’ai
aussi du saké.
    — Sur l’enseigne, il y a
marqué « Donjiki ». Qu’est-ce que ça veut dire ?
    — A la vérité, je n’en sais
rien.
    — Ce n’est pas vous qui
l’avez inscrit ?
    — Non. Ça a été inscrit par
un marchand retraité qui s’est arrêté ici pour se reposer.
    — Je vois. Bonne
calligraphie, je dois le reconnaître.
    — Il disait qu’il effectuait
un pèlerinage religieux, qu’il avait visité le sanctuaire Hirakawa Tenjin, le
sanctuaire de Hikawa, Kanda Myōjin, toutes sortes d’endroits, en faisant à
chacun de grosses donations. Très pieux et très généreux, à ce qu’il semblait.
    — Vous savez comment il
s’appelle ?
    — Daizō de Narai, à ce
qu’il m’a dit.
    — Je connais ce nom.
    — Donjiki... eh bien, je ne
comprends pas. Mais je me suis dit que si un homme aussi distingué que lui
l’avait écrit, il avait des chances de tenir à distance le dieu de la pauvreté.
    Et de rire. Après avoir

Weitere Kostenlose Bücher