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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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accepter votre aimable proposition. La route était longue et j’ai les
jambes lasses.
    Elle s’assit au bord de la marche
et se frotta les genoux.
    — ... Quand vous me parlez
avec douceur, jeune homme, j’ai honte d’élever la voix. Maintenant, je veux que
vous répétiez mes paroles à votre père, quand il rentrera.
    — Volontiers.
    — Je suis venue lui parler de
Miyamoto Musashi.
    Surpris, Shinzō
demanda :
    — Il est arrivé quelque chose
à Musashi ?
    — Non ; je veux que
votre père sache de quel genre d’homme il s’agit. A dix-sept ans, il est allé à
Sekigahara se battre contre les Tokugawa. Contre les Tokugawa, vous
m’entendez bien ? Plus : au Mimasaka, il a commis tant de méfaits
que, là-bas, nul n’en pense rien de bon. Il a commis d’innombrables meurtres,
et voilà des années qu’il me fuit parce que j’essaie à bon droit de me venger
de lui. Musashi est un vagabond inutile et dangereux !
    — Un instant...
    — Non, écoutez-moi !
Musashi s’est mis à tourner autour de la fiancée de mon fils. En fait, il la
lui a volée et il est parti avec elle.
    — En voilà assez, dit Shinzō,
levant la main pour protester. Pourquoi raconter sur Musashi de pareilles
histoires ?
    — Je le fais dans l’intérêt
du pays, répondit Osugi d’un air suffisant.
    — Quel bien cela fera-t-il au
pays de calomnier Musashi ?
    Osugi changea de position pour dire :
    — J’apprends que ce coquin à
la langue rusée doit être bientôt nommé instructeur dans la maison du shōgun.
    — D’où tenez-vous ça ?
    — D’un homme qui était au dōjō
d’Ono. Je l’ai entendu de mes propres oreilles.
    — Vraiment ?
    — Un porc tel que Musashi ne
devrait même pas être autorisé à paraître devant le shōgun, à plus forte
raison être nommé instructeur. Un maître de la Maison de Tokugawa, c’est un
maître de la nation. Cette seule idée me rend malade. Je suis venue avertir le
seigneur Hōjō, car on me dit qu’il a recommandé Musashi. Vous
comprenez, maintenant ?
    Elle ravala la salive qui coulait
aux coins de sa bouche, et reprit :
    — ... Je suis sûre qu’il est
profitable au pays de mettre en garde votre père. Et permettez-moi de vous
mettre en garde, vous aussi. Attention de ne pas vous laisser duper par les
propos mielleux de Musashi.
    Craignant qu’elle ne continuât des
heures dans cette veine, Shinzō fit appel à ses ultimes réserves de
patience pour dire :
    — Merci. Je comprends. Je
transmettrai vos paroles à mon père.
    — Je vous en prie !
    Avec l’air d’une personne qui a
fini par atteindre un but désiré, Osugi se leva et s’avança vers le
portail ; ses sandales claquaient dans l’allée.
    — Sale vieille
sorcière ! cria une voix juvénile.
    Saisie, Osugi aboya :
« Quoi ?... Quoi ?... » et regarda autour d’elle jusqu’à ce
qu’elle repérât Iori parmi les arbres, qui montrait les dents comme un cheval.
    — Mange ça ! cria-t-il
en lui lançant une grenade.
    Elle frappa si fort qu’elle
éclata.
    — Aï-ï-ïe ! cria Osugi,
la main à la poitrine.
    Elle se baissa pour ramasser
quelque chose à lui lancer, mais il disparut. Elle courut à l’écurie et
regardait à l’intérieur lorsqu’un gros morceau bien tendre de crottin de cheval
l’atteignit en pleine figure.
    Toussant et crachant, Osugi essuya
l’ordure avec ses doigts, et ses larmes se mirent à couler. Tous ses voyages à
travers le pays à cause de son fils pour en arriver là !
    De derrière un arbre, Iori
l’observait à distance respectueuse. La voyant pleurer comme un bébé, il eut
soudain grand-honte de lui-même. Il avait à moitié l’envie d’aller lui
présenter des excuses avant qu’elle ne franchît le portail ; mais sa
fureur de l’entendre diffamer Musashi ne s’était pas calmée. Pris entre la
haine et la pitié, il se tint là un moment, à se ronger les ongles.
    — Monte donc ici, Iori. Tu
verras le Fuji rouge.
    La voix de Shinzō venait
d’une chambre située haut sur la colline. Avec un vif soulagement, Iori
s’élança. « Le mont Fuji ? » La vision du pic cramoisi sous le
soleil couchant balaya de son esprit toute autre pensée.
    Shinzō, lui aussi, paraissait
avoir oublié sa conversation avec Osugi.
     
     
     
     
     
Pays de rêve
     
    En 1605, Ieyasu transmit les
fonctions de shōgun à Hidetada mais continua de gouverner de son château
de Suruga. Maintenant que les bases du nouveau régime

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