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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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que tu m’ouvres ce
bûcher.
    — Il y a un puisatier enfermé
dedans.
    — Il n’y est pas. Il est ici
même. Inutile de le réintroduire par la fenêtre ; ouvre donc la porte.
    Le garçon se hâta d’aller chercher
l’inspecteur, lequel accourut, se confondant en excuses et suppliant Takuan de
ne pas le dénoncer.
    Takuan poussa Matahachi dans le
bûcher, y entra et ferma la porte. Quelques minutes plus tard, il passa la tête
au-dehors pour dire :
    — Vous avez bien un rasoir
quelque part. Aiguisez-le et apportez-le.
    L’inspecteur et l’aide-cuisinier
se regardèrent ; aucun des deux n’osait demander au prêtre ce qu’il
voulait faire du rasoir. Ils le repassèrent et le lui tendirent.
    — ... Merci, dit Takuan. Et
maintenant, vous pouvez retourner vous coucher.
    A l’intérieur du bûcher, il
faisait nuit noire ; seule, la clarté des étoiles était visible à travers
la fenêtre brisée. Takuan s’assit sur une pile de bois d’allumage. Matahachi se
laissa tomber sur une natte de roseaux, tête basse. Il y eut un long silence.
Incapable de distinguer le rasoir, Matahachi se demandait avec inquiétude si
Takuan l’avait en main. Takuan finit par prendre la parole :
    — ... Matahachi, qu’as-tu
déterré sous le caroubier ?
    Silence.
    — ... Je pourrais te montrer
comment déterrer quelque chose. Cela voudrait dire extraire quelque chose de
rien, recouvrer le vrai monde à partir d’un pays de rêve.
    — Oui, monsieur.
    — Tu n’as pas la moindre notion
de ce qu’est la réalité dont je parle. Nul doute que tu ne sois toujours dans
ton monde de fantasmes. Eh bien, puisque tu as la naïveté d’un bébé, je suppose
qu’il va me falloir te mâcher ta nourriture intellectuelle... Quel âge
as-tu ?
    — Vingt-huit ans.
    — Le même âge que Musashi.
    Matahachi porta les mains à son
visage et pleura. Takuan se tut jusqu’à ce qu’il eût fini de pleurer. Puis il
reprit :
    — ... N’est-il pas effrayant
de penser que le caroubier a failli devenir le monument funéraire d’un
fou ? Tu creusais ta propre tombe ; en vérité, tu allais t’y jeter
toi-même.
    Matahachi agrippa les jambes de
Takuan et l’implora :
    — Sauvez-moi. Je vous en
prie, sauvez-moi. Mes yeux... mes yeux sont ouverts, maintenant. J’ai été dupé
par Daizō de Narai.
    — Non, tes yeux ne sont pas
ouverts. Et Daizō ne t’a pas dupé. Il a simplement essayé de se servir du
plus grand imbécile de la terre... d’un benêt cupide, sans finesse, à l’esprit
mesquin, qui n’en a pas moins eu la témérité de se charger d’une tâche devant
laquelle eût reculé n’importe quel homme sensé.
    — Oui... oui... j’étais fou.
    — Qui donc au juste
croyais-tu qu’était ce Daizō ? Il s’appelle en réalité Mizoguchi
Shinano. Il était vassal d’Otani Yoshitsugu, ami intime d’Ishida Mitsunari.
Mitsunari, tu dois t’en souvenir, était l’un des vaincus de Sekigahara.
    — N... non ! haleta
Matahachi. L’un des hommes de guerre que le shōgunat essaie de
traquer ?
    — Qui d’autre pourrait bien
être un homme qui se propose d’assassiner le shōgun ? Tu es d’une
stupidité consternante.
    — Il ne m’a pas dit ça. Il a
dit seulement qu’il haïssait les Tokugawa. Il estimait que cela vaudrait mieux
pour le pays si les Toyotomi étaient au pouvoir. Il parlait d’œuvrer dans
l’intérêt général.
    — Tu n’as pas pris la peine
de te demander qui il était en réalité, n’est-ce pas ? Sans te servir une
seule fois de ta tête, tu as entrepris audacieusement de creuser ta propre
tombe. Ton genre de courage est effrayant, Matahachi.
    — Que dois-je faire ?
    — Faire ?
    — Je vous en prie, Takuan, je
vous en prie, aidez-moi !
    — Lâche-moi.
    — Mais... mais en réalité je
ne me suis pas servi du mousquet. Je ne l’ai pas même trouvé !
    — Bien sûr que non. Il n’est
pas arrivé à temps. Si Jōtarō, que Daizō a entraîné dans cet
affreux complot, était arrivé à Edo comme prévu, le mousquet aurait fort bien
pu être enterré sous l’arbre.
    — Jōtarō ?
Vous voulez dire le garçon...
    — Peu importe. Ça n’est pas
ton affaire. Ton affaire, en revanche, c’est le crime de trahison que tu as
commis et qui ne saurait se pardonner. Non plus qu’il ne saurait être pardonné
par les dieux et le Bouddha. Autant cesser de songer au salut.
    — Il n’y a donc pas moyen...
?
    — Certainement pas !
    — Pitié !

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