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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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trouver un moment de solitude pour
déterrer le mousquet et le faire disparaître.
    Jusque dans son sommeil il en
avait des sueurs froides. Une fois, il rêva qu’il était au pays des
morts ; partout où il regardait, il y avait des caroubiers. Quelques nuits
après son emprisonnement au bûcher, en une vision aussi nette que l’état de
veille il rêva de sa mère. Au lieu d’avoir pitié de lui, Osugi poussait des
clameurs irritées et lui lançait un plein panier de cocons. Sous cette averse
de cocons, il essayait de fuir. Elle le poursuivait, les cheveux
mystérieusement transformés en cocons blancs. Il avait beau courir, courir,
elle était toujours derrière lui. Baigné de sueur, il sautait d’une falaise et
se mettait à tomber à travers les ténèbres de l’enfer, à tomber sans fin à
travers l’obscurité.
    « Mère !
pardonne-moi », criait-il ainsi qu’un enfant blessé, et le son de sa
propre voix le réveilla. La réalité qu’il retrouvait alors – la
perspective de la mort – était plus terrifiante que le rêve.
    Il essaya d’ouvrir la porte,
fermée à clé comme il le savait déjà. Désespérément il grimpa sur un tonneau de
saumure, brisa une petite fenêtre près du toit, et se glissa au travers. En se
cachant derrière des tas de bois, de pierres et de terre d’excavation, il se
faufila au voisinage de la porte arrière ouest. Le caroubier était toujours là.
Il soupira de soulagement.
    Il trouva une houe et se mit à
creuser comme s’il eût espéré découvrir sa propre vie. Effrayé du bruit qu’il
faisait, il s’arrêta pour regarder autour de lui. Ne voyant personne, il se
remit à l’ouvrage.
    La crainte que quelqu’un d’autre
eût déjà trouvé le mousquet lui faisait manier la houe avec frénésie. Son
souffle devint rapide, inégal. Sueur et crasse, mêlées, lui donnaient l’air de
sortir d’un bain de boue. La tête commençait à lui tourner mais il ne pouvait
s’arrêter.
    Le fer heurta quelque chose
d’allongé. Il rejeta la houe et tendit la main pour le tirer en se
disant : « Je le tiens. »
    Son soulagement fut de courte
durée. L’objet n’était pas enveloppé dans du papier imperméable, et n’avait pas
la froideur du métal. Matahachi le saisit, le souleva, le relâcha. C’était l’os
d’un bras ou d’une jambe, mince et blanc.
    Matahachi n’avait pas le courage
de reprendre la houe. On eût dit un autre cauchemar. Mais il se savait
éveillé ; il pouvait compter chaque feuille du caroubier.
    « Quel intérêt Daizō
aurait-il à mentir ? » se demanda-t-il en contournant l’arbre et en
lançant un coup de pied dans la terre. A cet instant, une silhouette le
rejoignit à pas de loup et lui frappa légèrement l’épaule. Avec un rire sonore,
tout près de l’oreille de Matahachi, le nouveau venu déclara :
    — Tu ne le trouveras pas.
    Le corps entier de Matahachi se
liquéfia. Il faillit tomber dans le trou. Il tourna la tête en direction de la
voix, ouvrit des yeux vides pendant un long moment avant de pousser un petit
grognement de stupeur.
    — Viens avec moi, dit Takuan
en le prenant par la main.
    Matahachi était incapable de
bouger. Ses doigts se paralysaient en essayant de saisir la main du prêtre. Un
frisson d’horreur lui monta des talons.
    — ... Tu ne m’entends donc
pas ? Viens avec moi, dit Takuan, le regard sévère.
    La langue de Matahachi était
presque aussi inutile que celle d’un muet :
    — Ce-ce... terre... je...
    D’une voix impitoyable, Takuan lui
dit :
    — Laisse. Tu perds ton temps.
Les choses que font les gens sur cette terre, bonnes ou mauvaises, sont comme
de l’encre sur du papier buvard. Mille ans ne suffiraient pas à les effacer. Tu
t’imagines que le fait de remuer un peu de terre avec le pied défera ce que tu
as fait. C’est à cause de pensées pareilles que ta vie est aussi confuse. Et
maintenant, viens avec moi. Tu es un criminel, et ton crime est abominable. Je
vais te couper la tête avec une scie à bambou, et te jeter dans la Mare de Sang
de l’enfer.
    Il saisit Matahachi par le lobe de
l’oreille, et l’entraîna. Il frappa à la porte du baraquement où dormaient les aide-cuisiniers.
    — ... Que l’un de vous vienne
ici, dit-il.
    Un garçon sortit, frottant des
yeux ensommeillés. Lorsqu’il reconnut le prêtre qu’il avait vu s’entretenir
avec le shōgun, il se réveilla et dit :
    — Bien, monsieur. Que puis-je
pour vous ?
    — Je veux

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