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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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tu
laisses bon nombre de gens dans le malheur ?
    — On ne pense pas à soi
lorsque l’on travaille pour la société.
    — Imbécile !
s’écria-t-il en envoyant à Jōtarō un bon coup de poing dans la
mâchoire. Le soi est la base de toute chose. Toute action est une manifestation
du soi. Un être qui ne se connaît pas lui-même ne peut rien faire pour autrui.
    — Ce que je voulais dire...
c’est que je n’agissais pas pour satisfaire mes propres désirs.
    — Silence ! Tu ne vois
donc pas que tu n’es guère adulte ? Il n’y a rien de plus affreux qu’un
bienfaiteur à moitié cuit qui ne sait rien du monde, mais prend sur soi de dire
au monde ce qui est bon pour lui. Inutile de m’en dire davantage sur ce que
vous faites, toi et Daizō ; j’en ai déjà une idée fort claire...
Pourquoi pleures-tu ? Mouche-toi.
    Ayant reçu l’ordre d’aller se
coucher, Jōtarō s’étendit avec obéissance, mais ne put fermer l’œil
car il pensait à Musashi. Les mains jointes sur la poitrine, il demandait pardon
en silence. Les larmes lui dégoulinaient dans les oreilles. Il se tourna sur le
flanc, et se mit à penser à Otsū. Sa joue lui faisait mal ; les
larmes d’Otsū feraient plus mal encore. Néanmoins, révéler sa promesse
secrète à Daizō n’était pas concevable, même si Takuan essayait de la lui
arracher le lendemain matin, ainsi qu’il ne pouvait manquer de le faire.
    Il se leva sans bruit, sortit et
regarda les étoiles. Il faudrait se dépêcher ; la nuit était presque
achevée.
    — ... Halte !
    Cette voix pétrifia Jōtarō.
Derrière lui, Takuan était une ombre énorme. Le prêtre vint à son côté et
l’entoura de son bras.
    — ... Es-tu décidé à aller
avouer ?
    De la tête, Jōtarō fit
signe que oui.
    — ... Ça n’est pas très intelligent,
dit Takuan avec sympathie. Tu mourras comme un chien. Tu parais croire que si
tu te rends, Musashi sera remis en liberté ; mais ce n’est pas aussi
simple. Les autorités garderont Musashi en prison jusqu’à ce que tu leur dises
tout ce que tu as refusé de me dire. Et toi... l’on te torturera jusqu’à ce que
tu parles, que cela prenne un an, deux ans ou davantage.
    Jōtarō baissait la tête.
    — ... Est-ce là ce que tu
veux : mourir comme un chien ? Mais tu n’as pas le choix,
maintenant : ou bien tu avoues tout sous les tortures, ou bien tu me dis
tout. En tant que disciple du Bouddha, je ne jugerai point. Je m’en remettrai à
Amida.
    Jōtarō se taisait.
    — ... Il existe une autre
solution. Par le plus grand des hasards, j’ai rencontré ton père, hier au soir.
Il porte aujourd’hui l’habit du prêtre mendiant. Bien entendu, je n’imaginais
pas une seconde que tu étais là, toi aussi. Je l’ai envoyé à un temple d’Edo.
Si tu as pris la décision de mourir, il sera bon que tu le voies d’abord. Et
quand tu le verras, tu pourras lui demander si je n’ai pas raison...
Jōtarō, trois voies te sont ouvertes. Tu dois décider seul laquelle
suivre.
    Il se détourna et regagna la
maison. Jōtarō se rendait compte que le shakuhachi qu’il avait
entendu la veille au soir devait appartenir à son père. Il imaginait sans peine
à quoi celui-ci pouvait ressembler et ce qu’il devait ressentir, errant ainsi
seul à travers le pays.
    — Takuan, attendez ! Je
parlerai. Je dirai tout au Bouddha, y compris ma promesse à Daizō.
    Il saisit le prêtre par la manche,
et tous deux se rendirent dans le petit bois. Jōtarō se confessa en
un long monologue, sans rien omettre. Pas un muscle de Takuan ne bougea, et il
se tut.
    — C’est tout, dit
Jōtarō.
    — Tout ?
    — Absolument tout.
    — Bien.
    Durant une bonne heure, Takuan
garda le silence. L’aube se leva. Les corbeaux commencèrent à croasser ;
la rosée étincelait partout. Takuan était assis sur une racine de cryptomeria.
Jōtarō, appuyé contre un autre arbre, tête basse, attendait les
propos au vitriol qu’il prévoyait. Quand Takuan prit enfin la parole, il
semblait ne conserver aucun doute :
    — ... Je dois dire que tu es
tombé là dans une drôle de bande. Le ciel leur vienne en aide. Ils ne
comprennent pas dans quel sens tourne la terre. C’est une bonne chose que tu
m’aies parlé avant que l’affaire ne s’envenime.
    Il fouilla dans son kimono dont il
tira – ô surprise ! — deux pièces d’or qu’il tendit à
Jōtarō.
    — ... Tu ferais mieux de
prendre le large aussi vite que possible. Le

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