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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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seigneur Sakai Tadakatsu. Pardonnez-nous de
vous avoir fait attendre aussi longtemps.
    Bien que seigneur de Kawagoe et daimyō
bien connu, dans le château du shōgun il n’était qu’un personnage officiel
parmi d’autres, assisté d’un seul samouraï. Ses manières donnaient à penser
qu’il ne se souciait guère de pompe ou de protocole. Musashi se prosterna, et
déclara, avec une raideur cérémonieuse :
    — Je m’appelle Miyamoto
Musashi. Je suis un rōnin de Mimasaka, fils de Munisai, qui descendait de
la famille Shimmen. Je suis venu à la porte du château pour obéir à la volonté
du shōgun, exprimée dans la convocation qui m’a été envoyée.
    Tadakatsu approuva du chef à
plusieurs reprises, ce qui fit trembler son double menton.
    — Grand merci de vous être
donné cette peine, dit-il, mais il poursuivit d’un ton d’excuse : En ce
qui concerne votre nomination à un poste officiel, pour lequel vous étiez
recommandé par le prêtre Takuan et le seigneur Hōjō d’Awa, il est
survenu hier au soir un brusque changement dans les projets du shōgun. En
conséquence, vous ne serez pas engagé. Cette décision n’ayant pas satisfait
plusieurs d’entre nous, le Conseil des Anciens a réexaminé l’affaire ce matin.
De fait, nous en avons débattu jusqu’à l’instant même. Nous avons reposé la
question au shōgun. J’ai le regret de vous dire que nous n’avons pu
modifier sa plus récente décision.
    Il y avait de la sympathie dans
ses yeux, et il parut un moment chercher des mots de consolation.
    — ... Dans notre monde
instable, continua-t-il, ce genre de chose arrive tout le temps. Ne vous
laissez pas affecter par ce que les gens disent de vous. En matière de
nominations officielles, il est souvent malaisé de déterminer si l’on a eu de
la chance ou de la malchance.
    — Oui, monsieur, dit Musashi,
toujours incliné.
    Pour ses oreilles, les paroles de
Tadakatsu étaient de la musique. Une gratitude venue du fond du cœur lui
remplissait tout le corps.
    — ... Je comprends cette
décision, monsieur. Je vous suis reconnaissant.
    Les mots venaient tout
naturellement. Musashi ne se souciait pas de l’apparence ; il n’était pas
non plus ironique. Il avait le sentiment qu’un être beaucoup plus grand que le shōgun
venait de lui accorder une nomination bien plus haute que celle d’instructeur
officiel. « Il l’a bien pris », se dit Tadakatsu. Et tout haut :
    — Peut-être est-ce
présomptueux de ma part, mais on m’a dit que vous vous intéressiez à l’art
d’une manière inhabituelle chez un samouraï. J’aimerais montrer au shōgun
un exemple de vos travaux. Il est vain de répondre aux médisances des gens
ordinaires. Je crois qu’il siérait davantage à un noble samouraï de s’élever
au-dessus des commérages en laissant derrière soi un silencieux témoignage de
sa pureté de cœur. Une œuvre d’art ferait l’affaire, vous ne croyez pas ?
    Tandis que Musashi méditait encore
sur la signification de ces propos, Tadakatsu reprit : « J’espère
vous revoir », et quitta la pièce.
    Musashi leva la tête et s’assit
bien droit. Il lui fallut deux minutes pour saisir la signification des paroles
de Tadakatsu – à savoir qu’il était inutile de répondre aux
bavardages malveillants mais que Musashi devait faire preuve de caractère. S’il
y parvenait, son honneur ne serait pas flétri, et les hommes qui l’avaient
recommandé ne perdraient nullement la face.
    L’œil de Musashi tomba sur un
paravent à six panneaux dans un angle de la pièce. Il était d’un vide attirant.
Musashi fit venir un jeune samouraï de la salle des gardes ; il lui
expliqua que le seigneur Sakai lui avait demandé de faire un dessin, et demanda
de quoi le satisfaire : pinceaux, encre de bonne qualité, du vieux cinabre
et un peu de pigment bleu.
    Musashi songea qu’il était bien
curieux que la plupart des enfants après avoir su dessiner – et
chanter –, l’oublient en grandissant. Peut-être le peu de sagesse qu’ils
acquéraient les inhibait-il. Lui-même ne faisait pas exception à la règle.
Enfant, il avait souvent dessiné ; c’était l’un de ses moyens favoris de
lutter contre la solitude. Mais de sa treizième ou quatorzième année jusque
passé vingt ans, il avait presque entièrement renoncé au dessin.
    Au cours de ses voyages, il avait
souvent séjourné dans des temples ou chez des gens riches, où il avait
l’occasion de

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