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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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furieusement dans le vent. Sous l’averse
d’étincelles et de cendres ardentes, Okō était solidement ligotée à un
tronc d’arbre.
    Ils n’en revenaient pas. Musashi
parti ? Comment ça ? Comment pouvait-on imaginer qu’il les eût tous
dépassés en ruse ?
    Tōji perdit courage ; il
n’envoya même pas ses hommes à la poursuite de Musashi. Il en avait assez
appris sur lui pour savoir qu’ils ne le rattraperaient jamais. De leur propre
chef, pourtant, les bandits organisèrent rapidement des groupes de recherche, et
s’élancèrent de tous côtés.
    Ils ne trouvèrent pas trace de
Musashi.
     
     
     
Jouer avec le feu
     
    A la différence des autres routes
principales, aucun arbre ne bordait la grand-route de Kōshū qui
joignait Shiojiri à Edo par la province de Kai. Utilisée au XVI e siècle pour les transports militaires,
il lui manquait le réseau de routes secondaires de Nakasendō, et elle
n’avait été que récemment élevée au rang d’artère principale.
    Pour les voyageurs venant de Kyoto
ou d’Osaka, sa caractéristique la moins agréable était la rareté des bonnes
auberges et des endroits où l’on pouvait manger. La demande d’un déjeuner à
emporter risquait de ne rien susciter de plus appétissant que des gâteaux de
riz plats, enveloppés dans des feuilles de bambou, ou, moins séduisantes encore,
des boulettes de riz nature, présentées dans des feuilles de chêne séchées.
Malgré cette chère primitive – probablement peu différente de celle
de la période Fujiwara, des siècles plus tôt –, les rustiques hôtelleries
fourmillaient de clients dont la plupart se rendaient à Edo.
    Un groupe de voyageurs se reposait
au-dessus du col de Kobotoke. L’un d’eux s’exclama :
    — En voilà une autre
fournée !
    Il faisait allusion à un spectacle
dont lui et ses compagnons avaient joui presque chaque jour : un groupe de
prostituées qui se rendaient de Kyoto à Edo. Ces filles étaient au nombre d’une
trentaine, les unes vieilles, d’autres entre vingt et trente-cinq ans, cinq au
moins d’environ seize ans. Accompagnées d’une dizaine d’hommes, leurs maîtres
ou leurs serviteurs, on eût dit une grande famille patriarcale. En outre, il y
avait plusieurs chevaux de somme, chargés de toutes sortes d’objets, de petits
paniers d’osier à des coffres en bois de taille humaine. Le chef de
« famille », un homme d’une quarantaine d’années, s’adressait à ses
filles :
    — Si vos sandales de paille
vous donnent des ampoules, mettez des zōri à la place, mais
attachez-les bien serré. Et cessez de gémir que vous ne pouvez faire un pas de
plus. Regardez seulement les enfants sur la route !
    Son ton aigu indiquait clairement
qu’il avait du mal à faire avancer ses protégées, d’habitude sédentaires. Cet
homme, qui s’appelait Shōji Jinnai, originaire de Fushimi, samouraï de naissance,
avait pour des raisons personnelles renoncé à la vie militaire pour devenir
tenancier de bordel. Homme de ressource, d’esprit vif, il avait réussi à
obtenir l’appui de Tokugawa Ieyasu qui résidait souvent au château de
Fushimi ; non seulement il avait obtenu l’autorisation de transférer sa
propre entreprise à Edo, mais encore il avait persuadé beaucoup de ses
confrères d’en user de même. Près de la crête de Kobotoke, Jinnai arrêta son
cortège en déclarant :
    — ... Il est encore un peu
tôt, mais nous pouvons déjeuner maintenant.
    Se tournant vers Onao, vieille qui
jouait le rôle d’une espèce de mère poule, il lui ordonna de distribuer les
vivres. Le panier contenant les déjeuners portatifs fut dûment déchargé de l’un
des chevaux, et une boulette de riz enveloppée de feuilles distribuées à
chacune des femmes, qui se dispersèrent et se détendirent. La poussière qui
leur jaunissait la peau blanchissait presque leurs cheveux noirs, bien qu’elles
portassent des chapeaux de voyage à larges bords, ou qu’elles se fussent noué
des mouchoirs autour de la tête. Comme il n’y avait pas de thé, manger donnait
lieu à maints claquements de lèvres. Pas trace de coquetteries amoureuses.
« Quels bras enlaceront ce soir cette rouge, rouge fleur ? »
Voilà qui paraissait tout à fait hors de propos.
    — Oh ! c’est
délicieux ! s’exclama l’une des plus jeunes protégées de Jinnai d’un ton
d’extase qui eût mis les larmes aux yeux de sa mère.
    L’attention de deux ou trois
autres alla de leur

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