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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Okō. Mais dites-moi : avez-vous des nouvelles
d’Akemi ? Avez-vous une idée quelconque de l’endroit où elle se
trouve ?
    — J’ai appris qu’elle avait
passé plusieurs jours à l’auberge du mont Hiei. Elle et Matahachi avaient
l’intention d’aller à Edo. Il semble qu’elle se soit enfuie avec tout son
argent à lui.
    — Ah ? dit Okō,
déçue. Elle aussi.
    Les yeux baissés, elle comparait
tristement la vie de sa fille avec la sienne propre.
    Quand Tōji fut remis
suffisamment, il se joignit à eux pour implorer le pardon de Musashi. Il
avouait avoir agi sur une impulsion soudaine, que maintenant il déplorait. Il
viendrait un jour, assurait-il à son hôte, où il reprendrait sa place au sein
de la société, et redeviendrait le Gion Tōji que le monde avait connu.
    Musashi se taisait ; il eût
aimé répondre qu’il ne lui semblait pas y avoir grande différence entre Tōji
le samouraï et Tōji le bandit, mais que s’il reprenait en effet sa vie de
guerrier, les routes seraient d’autant moins dangereuses pour les voyageurs. Un
peu attendri par le saké, il dit à Okō :
    — Je crois qu’il serait sage
que vous renonciez à ce dangereux mode de vie.
    — Vous avez parfaitement
raison, mais bien sûr, ce n’est pas comme si je menais cette vie par choix.
Quand nous avons quitté Kyoto, nous allions tenter notre chance à Edo. Mais à
Suwa, Tōji s’est mis à jouer et a perdu tout ce que nous possédions :
l’argent du voyage, tout. J’ai pensé à l’affaire de moxa ; aussi, nous
nous sommes mis à cueillir des herbes et à les vendre en ville. Oh ! j’en
ai par-dessus la tête de ces moyens de s’enrichir rapidement qui durent toute
une existence. Après cette nuit, je renonce.
    Comme toujours, quelques coupes
avaient introduit dans ses propos une note de coquetterie. Elle commençait à
faire du charme. Okō était l’une de ces femmes dont l’âge est indéterminé,
et elle était encore dangereuse. Un chat domestique jouera gentiment sur les
genoux de son maître aussi longtemps qu’il sera bien nourri, bien soigné ;
mais lâchez-le dans les montagnes, et en un rien de temps il rôdera la nuit,
les yeux flamboyants, prêt à festoyer d’un cadavre ou bien à déchirer la chair
vive de voyageurs tombés malades au bord de la route. Okō lui ressemblait
fort.
    — ... Tōji, dit-elle
amoureusement, d’après Takezō Akemi se rendait à Edo. Ne pourrions-nous
pas y aller, nous aussi, vivre à nouveau comme des êtres humains ? Si nous
retrouvions Akemi, je suis sûre qu’il nous viendrait l’idée d’une affaire
lucrative.
    — Peut-être bien, répondit Tōji
sans enthousiasme.
    Pensif, il enserrait ses genoux de
ses bras ; peut-être l’idée sous-entendue – faire le trafic du
corps d’Akemi – était-elle un peu difficile à avaler, même pour lui.
Après avoir vécu avec cette femme rapace, Tōji commençait à nourrir les
mêmes regrets que Matahachi.
    Musashi trouvait pathétique
l’expression de Tōji. Elle lui évoquait Matahachi. Avec un frisson, il se
rappela comment lui-même avait un jour été séduit par ses charmes.
    — ... Okō, dit Tōji
en levant la tête, le jour ne va pas tarder à se lever. Musashi doit être
fatigué. Pourquoi ne lui préparerais-tu pas un endroit où se reposer dans la
chambre du fond ?
    — Mais bien sûr.
    Avec un regard en coulisse
d’ivrognesse à Musashi, elle dit :
    — ... Attention, Takezō.
Il fait sombre, là-bas.
    — Merci. Je dormirais
volontiers.
    Il la suivit par un couloir
ténébreux jusqu’à l’arrière de la maison. La chambre avait l’air d’avoir été
ajoutée à la cabane. Soutenue par des poutres, elle faisait saillie au-dessus
de la vallée avec une dénivellation d’environ vingt mètres entre le mur
extérieur et la rivière. L’air était humide à cause de la brume et des
gouttelettes apportées d’une chute d’eau par le vent. Chaque fois que le vent
gémissait un peu plus fort, la petite chambre se balançait comme un bateau.
    Les pieds blancs d’Okō
regagnèrent, sur les lattes du corridor, la grand-salle.
    — Il dort ? demanda Tōji.
    — Je crois que oui,
répondit-elle en s’agenouillant à côté de lui.
    Elle lui chuchota à
l’oreille :
    — ... Qu’allons-nous
faire ?
    — Va chercher les autres.
    — Tu iras jusqu’au
bout ?
    — Pour sûr ! Ce n’est
pas une simple question d’argent. Si je tue ce gredin, je venge la Maison

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