Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
de
Yoshioka.
    Ayant retroussé le bas de son
kimono, elle sortit. Sous le ciel sans étoiles, au cœur des montagnes, elle se
hâta à travers le vent nocturne, pareille à quelque démon félin, ses longs
cheveux flottant derrière elle.
    Les creux et les crevasses du
flanc de la montagne n’étaient pas habités seulement par des oiseaux et des
bêtes sauvages. Dans sa course, Okō prit contact avec plus de vingt
hommes, tous membres de la bande de Tōji. Entraînés aux razzias de nuit,
ils gagnèrent, plus silencieux que des feuilles mortes, un point situé juste en
face de la cabane.
    — Un seul homme ?
    — Un samouraï ?
    — Il a de l’argent ?
    Les échanges de chuchotements
s’accompagnaient de gestes et de coups d’œil explicatifs. Armés de mousquets,
de poignards et du type de lance utilisé par les chasseurs d’ours, quelques-uns
d’entre eux entourèrent la chambre du fond. Environ la moitié descendirent dans
la vallée, tandis que deux s’arrêtaient à mi-pente, juste au-dessous de la
chambre.
    Des nattes de roseau recouvraient
le sol de la chambre. Le long d’un mur s’entassaient de petites piles bien
rangées d’herbes séchées, ainsi qu’une collection de mortiers et d’autres
ustensiles servant à fabriquer la médecine. Musashi trouvait apaisant l’arôme
agréable des herbes ; il l’incitait à fermer les yeux pour dormir. Il se
sentait le corps lourd, enflé aux extrémités. Mais il avait mieux à faire que
de céder à la douce tentation.
    Il était conscient qu’il se
tramait quelque chose. Les cueilleurs d’herbes du Mimasaka n’avaient jamais de
magasins pareils à celui-ci ; les leurs n’étaient jamais situés là où
l’humidité s’accumulait, et se trouvaient toujours à quelque distance d’un
feuillage épais. A la faible clarté d’une petite lampe qui reposait sur un
support de mortier, à côté de son oreiller, il apercevait autre chose qui
l’inquiétait. Les crochets de métal qui maintenaient les angles de la chambre
étaient entourés de nombreux trous de clous. Il distinguait aussi des surfaces
de bois neuves qui devaient avoir été précédemment couvertes de menuiserie. Il
n’y avait pas à s’y méprendre : la chambre avait été reconstruite, sans
doute un grand nombre de fois.
    Il lui vint aux lèvres un sourire
imperceptible, mais il ne bougea pas.
    — Takezō, appela
doucement Okō, êtes-vous endormi ?
    Elle fit glisser sans bruit le
shoji, s’approcha sur la pointe des pieds de la couche du jeune homme, et
disposa près de sa tête un plateau.
    — ... Je vous mets de l’eau
ici, dit-elle.
    Il ne manifesta par aucun signe
qu’il fût éveillé. Quand elle fut de retour à la cabane proprement dite, Tōji
murmura :
    — Tout va bien ?
    — Il dort profondément,
répondit-elle en fermant les yeux pour souligner son propos.
    Avec une expression satisfaite, Tōji
s’élança au-dehors, gagna l’arrière de la cabane et agita une mèche de mousquet
allumée ; sur quoi, les hommes, en dessous, arrachèrent les supports de la
chambre, l’envoyant s’écraser dans la vallée – parois, charpente,
poutre de faîtage et tout.
    Avec un rugissement de triomphe,
les autres jaillirent de leurs cachettes, pareils à des chasseurs hors de leurs
écrans portatifs, et descendirent en trombe sur la berge. L’étape suivante
consistait à extraire des débris le cadavre et les possessions de la victime.
Après quoi, ce serait un jeu d’enfant que de ramasser les morceaux pour
reconstruire la chambre.
    Les bandits sautèrent sur le tas
de planches et de poteaux comme des chiens sur des os. D’autres, venus d’en
haut, demandaient :
    — Vous avez trouvé le
corps ?
    — Non, pas encore.
    — Il ne peut être qu’ici.
    Tōji cria d’une voix
rauque :
    — Peut-être qu’il a heurté un
rocher ou quelque chose d’autre en tombant, et rebondi à côté. Regardez tout
autour.
    Les rochers, l’eau, les arbres et
les plantes de la vallée prenaient une vive teinte rougeâtre. Avec des
exclamations de saisissement, Tōji et ses acolytes regardèrent le ciel.
Vingt mètres plus haut, des flammes ardentes jaillissaient des portes, des fenêtres,
des murs et du toit de la cabane, devenue une énorme boule de feu.
    — Vite !
Dépêchez-vou-ou-ous ! Remontez ici !
    Ces perçants appels, poussés par Okō,
ressemblaient à des hurlements de folle. Le temps pour les hommes de remonter
la falaise, les flammes dansaient

Weitere Kostenlose Bücher