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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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les
volets. Elle frappa la fente entre les deux panneaux, ce qui envoya l’homme et
la femme voler vers l’intérieur de la maison. Un sabre jaillit d’au-dessous
d’eux, suivi de l’homme qui rampait sur les genoux. Vite remis debout, il
battit en retraite vers l’intérieur. Musashi bondit en avant, et l’empoigna par
le dos de son kimono.
    — Ne me tuez pas ! Je
vous demande pardon ! supplia Gion Tōji du même ton pleurnichard que
n’importe quel filou minable.
    Il fut bientôt de nouveau sur
pied, tâchant de trouver le point faible de Musashi. Ce dernier parait chacun
de ses coups ; mais lorsqu’il poussa en avant, Tōji rassembla toutes
ses forces, tira son sabre court et lança une puissante contre-attaque. Musashi
l’évita avec adresse, souleva Tōji dans ses bras et, avec un cri
méprisant, l’envoya s’écrouler dans la pièce voisine. Un de ses bras ou une de
ses jambes heurta le crochet de la marmite, car la perche en bambou d’où elle
pendait se rompit avec un craquement sonore. Des cendres blanches jaillirent du
foyer comme un nuage volcanique.
    Un tir nourri de projectiles, à
travers la fumée et les cendres, mit Musashi en difficulté. Tandis que
retombaient les cendres, il constata que son adversaire n’était plus le chef
des bandits, lequel gisait à plat sur le dos près du mur. La femme, entre deux
jurons, lançait tout ce qui lui tombait sous la main : couvercles de
marmites, bois d’allumage, baguettes de métal, bols à thé. Musashi bondit en
avant et la cloua promptement au sol ; mais elle réussit à tirer de sa
chevelure une longue épingle et à lui en porter un coup. Lorsqu’il lui
immobilisa le poignet de son pied, elle grinça des dents puis cria de colère et
de dégoût à Tōji inconscient :
    — Tu n’as donc pas le moindre
amour-propre ? Comment peux-tu te laisser vaincre par un inconnu comme
celui-là ?
    En entendant cette voix, Musashi,
le souffle coupé, la lâcha. Elle se releva d’un bond, ramassa le petit sabre et
l’en menaça.
    — Arrêtez, madame, dit
Musashi.
    Saisie par la bizarre politesse du
ton, elle s’immobilisa, bouche bée.
    — Comment, mais c’est...
c’est Takezō !
    Musashi avait deviné juste. En
dehors d’Osugi, la seule femme qui pût lui donner encore son nom d’enfance
était Okō.
    — ... Mais oui, c’est
Takezō ! s’exclama-t-elle, d’une voix devenue mielleuse. Maintenant,
vous vous appelez Musashi, n’est-ce pas ? Vous êtes devenu un véritable
homme d’épée, hein ?
    — Que faites-vous dans un
endroit pareil ?
    — J’ai honte à l’avouer.
    — Cet homme étendu là-bas,
c’est votre mari ?
    — Vous devez le connaître.
C’est ce qui reste de Gion Tōji.
    — C’est Tōji !
murmura Musashi.
    A Kyoto, il avait appris quel
vaurien était Tōji, comment il avait empoché l’argent recueilli pour
agrandir l’école, et décampé avec Okō. Néanmoins, tandis qu’il regardait
cette épave humaine à côté du mur, il ne pouvait s’empêcher d’en avoir pitié.
    — ... Vous devriez vous
occuper de lui, dit-il. Si j’avais su qu’il était votre mari, j’aurais été
moins dur envers lui.
    — Oh ! je voudrais me
cacher dans un trou de souris, pleurnichait Okō.
    Elle s’approcha de Tōji, lui
donna de l’eau, pansa ses blessures, et, lorsqu’il eut commencé de revenir à
lui, lui révéla qui était Musashi.
    — Quoi ? croassa-t-il.
Miyamoto Musashi ? Celui qui... Oh ! c’est affreux !
    Le visage caché dans les mains, il
se recroquevilla misérablement.
    Oubliant sa colère, Musashi se
laissa traiter en hôte d’honneur. Okō balaya, remit le foyer en ordre,
ralluma le feu et fit chauffer du saké. Lui en tendant une coupe, elle dit,
conformément aux règles admises de l’étiquette :
    — Nous n’avons rien à vous
offrir, mais...
    — J’ai eu tout ce qu’il faut
à la maison de thé, répondit poliment Musashi. Je vous en prie, ne vous donnez
aucun mal pour moi.
    — Oh ! j’espère que vous
pourrez manger la nourriture que j’ai préparée. Il y a si longtemps...
    Ayant pendu à la crémaillère une
marmite de ragoût, elle s’assit à côté de lui pour lui verser son saké.
    — Ça me rappelle le bon vieux
temps au mont Ibuki, dit aimablement Musashi.
    Un vent violent s’était levé, et,
bien que les volets fussent remis en place, il entrait par diverses fentes,
enfumant la pièce.
    — Je vous en prie, ne me parlez
pas de ça, fit

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