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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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phénomène ?
    — C’est sa voix ! Je crois que je ne serai jamais capable d’y résister…

CHAPITRE II
OÙ LES ENNUIS COMMENCENT…
    L’ex-colonel n’était sans doute plus de toute première jeunesse, mais il n’en conduisait pas moins son taxi avec décision, vitesse et un superbe dédain du danger. Lancé à la poursuite de la voiture, il fit des prouesses, fonçant dans les virages qu’il prenait sur l’aile à une allure telle que les roues se soulevaient de l’autre côté. Conduite efficace, au point que, dix minutes plus tard, on longeait la Seine à proximité de Saint-Ouen à distance suffisante de l’« ennemi » pour ne pas le perdre de vue sans toutefois se faire remarquer.
    Le colonel stoppa soudain si brusquement que Morosini, peu rassuré par cette magistrale démonstration, se retrouva à genoux le nez à un pouce de la vitre de séparation.
    — Pourquoi vous arrêtez-vous ? protesta-t-il.
    — Y a là-bas un atelier d’emboutissage de chez Citroën qui a été désaffecté à cause d’une inondation. C’est là qu’ils sont entrés, affirma Karloff.
    — Vous avez des yeux de lynx, dites donc ?admira Morosini cependant bien partagé sous le rapport de l’acuité visuelle.
    — Non, mais j’habite dans le coin et je le connais comme ma poche. Ils ont dû rentrer la bagnole dans la cour. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
    — Je vais y aller bien sûr… Vous ne pourriez pas me rapprocher un peu ?
    Par-dessus ses lunettes, le colonel-chauffeur lui jeta un coup d’œil goguenard :
    — J’ai déjà porté, moi aussi, des souliers vernis pour le soir et je sais que ce n’est pas l’idéal pour la marche, mais vous avez peut-être remarqué que mon moteur est un rien trop bruyant ? Alors il faut vous résigner et, par saint Wladimir, vous devriez survivre ! Pendant ce temps je pousserai mon taxi pour diminuer la distance en cas de retour brusqué. Ça descend un peu et je devrais y arriver, ajouta-t-il en extirpant de son siège une carcasse qui, dépliée, s’avéra imposante.
    — D’accord ! fit Aldo qui descendit en vérifiant le revolver de Masha pour être certain qu’il pourrait lui demander son aide à tout instant.
    — Ne vous en faites pas, je ne serai plus bien loin quand vous en sortirez ! assura Karloff en se mettant en devoir de pousser son taxi comme il l’avait annoncé.
    — Oh ! Je ne m’en fais pas…
    Un jour grincheux et enchifrené se levait, découpant les contours d’une banlieue jadis aimable que l’industrialisation était en train de défigurer. Le joli château, si amoureusement construit et décoré par Louis XVIII pour sa favorite – la dernière de sa corporation, du moins en France ! – la belle Zoé du Cayla, voyait son parc sévèrement amputé par la Société Thomson-Houston qui se consacrait depuis la guerre à la fabrication de transformateurs et d’appareils à haute tension. Quant au château, transformé en hôpital, toujours pendant la guerre, c’était à présent un centre d’apprentissage pour garçons. Triste décor en vérité mais auquel Morosini ne jeta qu’un coup d’œil destiné à évaluer le danger qui pouvait venir de cet enchevêtrement de bâtisses et d’ateliers.
    L’arme au poing et avec les précautions d’usage, il pénétra dans une cour encombrée de débris puis dans un vaste atelier délabré dont les vitres, si elles n’étaient pas cassées, étaient noires de poussière. Et là il ne vit rien sinon, dans un coin obscur, bien protégé de murs épais, un assemblage sinistre composé d’un brasero aux braises encore rouges sur lequel étaient appuyées une paire de tenailles et de longues tiges de fer. Il y avait aussi des traces de sang. Une plongée brutale dans le pire Moyen Âge sous une affichette-réclame à demi déchirée vantant les vertus du Viandox !… Mais de la victime pas trace. Tout semblait s’être volatilisé comme par enchantement.
    Durant de longues minutes, Aldo examina les lieux, la cour surtout où des marques de pneus apparaissaient pour s’effacer presque aussitôt, faisant place à des empreintes de chaussures variées. Il y avait aussi les fins talons d’un soulier de femme. C’était comme si ces gens avaient uni leurs forces pour soulever la voiture et l’emporter vers une cachette sûre. Ce qui relevait de la pure aberration…
    Au fond de la cour, tout de même, Morosini trouva un rideau de fer passablement rouillé en surface

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