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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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partie réservée à la Vice-Reine, Aldo eut l’impression d’entrer dans un bouquet d’orchidées. Tout ici était mauve : les rideaux, les tapis, le chintz des sièges – ce fameux chintz destiné à séduire Alwar et qui avait si mal réussi ! – et Lady Willingdon elle-même offrait une symphonie de mousselines déclinées dans la même couleur et ornées d’un piquet d’orchidées à l’épaule. D’un âge difficile à définir, elle arborait, au-dessus d’un visage à la fois aristocratique et altier, une chevelure rousse qui arracha un soupir à Aldo tandis qu’il s’inclinait sur une main chargée de bagues d’améthystes.
    — Ah ! s’exclama Lady Émily, voilà donc notre voyageur égaré chez ce vautour d’Alwar ! Mesdames ! ajouta-t-elle en élevant une voix normalement claironnante, je vous avais promis le prince Morosini ? Eh bien le voici ! Vous allez pouvoir lui poser toutes les questions que vous voudrez ! Tout à fait ravie de vous accueillir, prince ! Les visiteurs venus d’Occident sont trop rares ici ! J’espère que vous pardonnerez notre curiosité… mais après que vous aurez eu votre thé !
    C’était exactement ce qu’Aldo redoutait le plus ! Assis auprès de la Vice-Reine, une tasse à la main, il subit le feu roulant de questions qui avaient l’avantage d’être bienveillantes et qui, à son soulagement, abandonnèrent assez vite les méfaits de Jay Singh Kashwalla pour s’orienter vers les joyaux, célèbres ou non, qui lui faisaient une réputation quasi mondiale. En fait, Lady Émily l’accapara si bien que peu de dames osèrent se mêler à leur dialogue et quand, enfin, elle l’abandonna pour accueillir l’ambassadeur de Belgique et sa femme, Aldo se trouva aussitôt subtilisé par Mary Winfield qui guettait l’occasion depuis un moment :
    — Enfin nous allons pouvoir bavarder, Aldo ! soupira-t-elle. Dès que vous apparaissez quelque part toutes les femmes se collent à vous comme des abeilles sur un rayon de miel !
    — Pitié, Mary ! Vous n’allez pas, vous aussi, me demander de vous raconter ma vie depuis Bombay ? Adalbert s’en chargera. Moi je ne vous dirai qu’une chose : vous aviez entièrement raison de vouloir m’empêcher d’aller là-bas. Un point c’est tout !
    — D’accord ! On parlera d’autre chose… mais si vous voulez éviter certaines personnes qui vous guettent ici et là, venez donc voir l’ébauche du portrait de Lady Émily ! Moi, j’en suis assez contente, elle aussi d’ailleurs, mais j’aimerais l’avis d’un amateur éclairé…
    Elle l’entraîna hors du grand salon vers une petite pièce au nord, donnant sur d’énormes buissons d’hibiscus mauves où son chevalet était disposé à quelque distance d’une petite estrade sur laquelle on avait placé un fauteuil. Sur le dossier une écharpe mauve brodée d’or était abandonnée là par le modèle…
    Le portrait était plus qu’ébauché : sur un fond brumeux, le visage, dont l’artiste avait aimablement gommé les rides, s’enlevait avec une force extraordinaire alors que le reste du corps, la robe somptueuse – et mauve ! – n’étaient qu’esquissés, de même que le diadème posé sur les cheveux roux.
    — Magnifique ! dit Aldo. Cependant vous avez fait quelques concessions, ajouta-t-il en riant. C’est Lady Willingdon à trente ans !
    — Qu’importe si l’essentiel y est ? Mary a saisi à merveille ce mélange d’orgueil et d’innocence qui est le fond de son caractère. En ce qui me concerne, je pense, sincèrement, que ce portrait sera l’un des plus beaux réalisés par elle…
    Médusé, Aldo s’était retourné au son de cette voix et, à présent, il contemplait, sans oser y croire encore, la longue jeune femme vêtue de mousseline vert Nil dont les boucles brillantes s’auréolaient d’une légère et souple capeline de même teinte. Elle cependant ne le regardait pas, poursuivant tranquillement la critique magistrale de l’œuvre de son amie.
    — Lisa ! exhala-t-il. Dis-moi que je ne rêve pas !
    Elle lui fit face et il vit que tout son être souriait, qu’elle était plus belle que jamais aussi, et son cœur fondit d’amour sans que pourtant il ose l’approcher :
    — Si, dit-elle tu rêves. Nous rêvons tous les deux mais le cauchemar, lui, est terminé… Oh, mon amour, j’ai eu tellement peur ! Et je m’en suis tellement voulu…
    Enfin elle était dans ses bras ! Enfin il pouvait

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