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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à nouveau la respirer, l’étreindre, caresser de ses lèvres sa peau si douce ! Et, pendant une très longue minute, ni elle ni lui ne parlèrent. Leur baiser durerait peut-être encore si un toussotement bien élevé ne l’avait interrompu. Mary Winfield venait les prévenir qu’une horde de curieuses, menée par la Vice-Reine, allait les envahir :
    — Vous devriez descendre au jardin, conseilla-t-elle. Il y fait délicieusement doux ce soir et en cherchant un peu vous trouverez des buissons de jasmins et de roses que personne n’a encore pu convaincre de se teindre en mauve…
    En même temps elle leur ouvrait la porte-fenêtre donnant sur quelques marches. Lisa se mit à rire et prit la main de son époux :
    — Tu sais toujours ce qu’il faut dire, Mary, et à quel moment il convient de le dire… J’espère que ta filleule te ressemblera.
    — Sûrement pas ! Je suis un modèle unique… et c’est aussi bien comme ça… Allons, filez ! J’entends la volière qui arrive.
    Se tenant par la main comme deux enfants, ils s’enfuirent dans la fraîcheur du jardin où un banc de pierre abrité sous une guérite de jasmin les accueillit… et pendant de longues minutes aucun bruit ne vint troubler la sérénité de l’endroit. Seule une fragile capeline verte, fleurissant le gazon encore plus vert et taillé à miracle, indiquait qu’il pouvait y avoir quelqu’un dans ce berceau fleuri…
    Lisa la première se reprit :
    — Tu sais qu’il est défendu de faire l’amour dans les jardins britanniques ? Ainsi en a décidé la reine Victoria !
    — Qu’elle aille au diable ! Lisa, Lisa… j’ai trop envie de toi !
    — Moi aussi, admit la jeune femme, mais la mousseline est un tissu trop fragile et je ne veux pas regagner en loques la Résidence !
    — Alors rentrons ! Je te ramène à l’hôtel !
    — Il faut tout de même attendre un peu, mon amour ! Nous avons déjà tant attendu…
    — Justement ! Je trouve cette pénitence très suffisante et je t’annonce dès maintenant que je ne me sépare plus de toi ! Même si je dois un jour aller chercher le trésor des Incas au fond du Pérou ! Jamais plus, Lisa, jamais plus je ne te quitterai pour plus d’une journée !
    Il la reprenait contre lui, cherchant ses lèvres, mais elle le repoussa en riant :
    — Non, Aldo ! Pas maintenant !… D’ailleurs tu es un père indigne : tu ne m’as même pas demandé des nouvelles des jumeaux.
    — Je suppose qu’ils vont bien, sinon tu me l’aurais déjà dit. Qu’en as-tu fait ? Tu les as emmenés avec toi ?
    — Tu n’es pas un peu fou ? Dans ce pays où l’on peut attraper n’importe quoi au coin de chaque rue ? Ils sont à Zurich, chez mon père. Il ne va pas très bien, tu sais, ajouta-t-elle avec tristesse. C’est un homme solide pourtant, mais il se remet mal de la mort de sa femme. La présence de ces deux petits démons lui fait du bien : il les adore.
    — N’empêche qu’on ira les rechercher dès notre retour. Si cela continue, tout le monde saura à quoi ils ressemblent sauf moi.
    Du petit sac de mousseline pendu à son poignet, Lisa sortit deux photos :
    — Ah ça ! dit-elle. Quand je suis partie, Père avait déjà engagé une solide fille des Grisons pour aider Trudi. Sans moi elle ne suffirait pas à la tâche et je n’ai pas envie qu’elle me fasse une dépression nerveuse.
    — Ils sont si durs que ça ? fit Aldo, les yeux fixés sur les deux frimousses éveillées parées du même sourire coquin. Moi je les trouve adorables, soupira-t-il, prêt à fondre.
    — Ils sont adorables ! affirma Lisa. L’ennui, c’est qu’ils commencent à le savoir et qu’ils ont un peu tendance à en abuser…
    — Au fait, reprit Aldo en fourrant discrètement la photo dans sa poche, depuis quand es-tu arrivée ici ?
    — En même temps que Mary. Nous étions sur le même bateau et…
    — … et donc tu étais au « Taj Mahal » quand j’y étais ? découvrit Aldo en fronçant le sourcil.
    Ce qui ne parut pas émouvoir autrement sa femme :
    — Exactement ! Je t’ai même vu par la fenêtre de ma chambre. Où je me suis d’ailleurs copieusement ennuyée !
    — Mais enfin, pourquoi ? Tu trouvais que ma pénitence n’était pas encore suffisante ? Oh Lisa ! Quand as-tu compris que je ne t’ai jamais trahie ? Que je n’ai jamais aimé cette femme ?
    — Je crois qu’au fond de moi j’en étais persuadée et, quand je t’ai

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