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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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il a sans
doute pris part à la bataille de Sekigahara, et ses heurts avec l’école d’escrime
Yoshioka de Kyoto, les moines guerriers du Hōzōin à Nara, et le
fameux escrimeur Sasaki Kojirō, qui tous figurent au premier plan du
présent livre, ont véritablement eu lieu. Yoshikawa nous conte l’histoire de
Musashi jusqu’en 1612, année où il était encore un jeune homme d’environ
vingt-huit ans ; mais par la suite il se peut qu’il ait combattu dans le
camp des vaincus au siège du château d’Osaka, en 1614, et pris part en 1637-38
à l’anéantissement des paysans chrétiens de Shimabara dans l’île occidentale de
Kyushu, événement qui extirpa du Japon cette religion pour les deux siècles à
venir, et contribua à le couper du reste du monde.
    Ironie du sort, en 1640 Musashi
entra au service des seigneurs Hosokawa qui, lorsqu’ils avaient été les
seigneurs de Kumamoto, avaient employé son principal rival, Sasaki Kojirō.
Les Hosokawas nous ramènent à Shōgun  : l’aîné des Hosokawas,
Tadaoki, devient très injustement l’un des principaux traîtres de ce roman, et
Gracia, l’exemplaire épouse chrétienne de Tadaoki, figure sans une ombre de
vraisemblance comme le grand amour de Blackthorne, Mariko.
    Musashi vivait à une époque de
mutation profonde au Japon. Après un siècle de guerre incessante entre petits daimyōs,
ou seigneurs féodaux, trois chefs successifs avaient fini par réunifier le pays
grâce à la conquête. Oda Nobunaga avait commencé mais, avant de terminer, avait
été tué par un vassal traître en 1582. Le plus capable de ses généraux,
Hideyoshi, au départ simple soldat, acheva l’unification nationale, mais mourut
en 1598 avant de pouvoir consolider sa domination au profit de son héritier en
bas âge. C’est alors que le plus puissant vassal de Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu,
grand daimyō qui régnait sur une bonne partie de l’est du Japon de son
château d’Edo, aujourd’hui Tokyo, s’acquit la suprématie en vainquant une coalition
de daimyōs de l’Ouest à Sekigahara, en 1600. Trois ans plus tard, il prit
le titre traditionnel de Shōgun, marquant sa dictature militaire sur tout
le pays, théoriquement pour le compte de l’ancienne mais impuissante lignée
impériale de Kyoto. En 1605, Ieyasu transmit le titre de Shōgun à son
fils, Hidetada, mais conserva en réalité le pouvoir jusqu’à ce qu’il eût défait
les partisans de l’héritier de Hideyoshi aux sièges du château d’Osaka, en 1614
et 1615.
    Les trois premiers dirigeants
Tokugawas établirent sur le Japon un pouvoir si ferme qu’il devait durer plus
de deux siècles et demi jusqu’à son effondrement final en 1868, lors des tumultes
qui suivirent la réouverture du Japon au contact avec l’Occident, quinze ans
plus tôt. Les Tokugawas gouvernaient par l’entremise de daimyōs
héréditaires, semi-autonomes, au nombre d’environ deux cent soixante-cinq à la
fin de la période ; à leur tour, les daimyōs dirigeaient leurs fiefs
par l’entremise de leurs samouraïs héréditaires. Le passage d’une guerre incessante
à une paix étroitement réglementée traça de nettes frontières de classe entre
les samouraïs, qui jouissaient du privilège de porter deux sabres et un nom de
famille, et les gens ordinaires qui, tout en comprenant des marchands et des
propriétaires terriens aisés, se voyaient en théorie refuser toute arme ainsi
que l’honneur d’avoir un nom de famille.
    Mais durant les années dont traite
Yoshikawa, ces distinctions de classes n’étaient pas encore définies de façon
tranchée. Toutes les localités possédaient leurs résidus de combattants
paysans, et le pays était infesté de rōnins, ou samouraïs sans maître, en
grande partie vestiges des armées des daimyōs qui avaient perdu leurs
domaines à la suite de la bataille de Sekigahara ou dans des guerres
antérieures. Il fallut une ou deux générations pour que la société accédât tout
à fait aux strictes divisions de classes du système Tokugawa ;
entre-temps, l’effervescence et la mobilité sociales furent considérables.
    Une autre grande mutation, dans le
Japon du début du XVII e siècle, affecta la nature du commandement. Avec le rétablissement de la paix et
la fin des grandes guerres, la classe dominante des guerriers s’aperçut que la
prouesse militaire était moins importante, pour gouverner avec succès, que les
talents d’administrateur. La classe des samouraïs

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