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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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entrer tous ceux que la curiosité fait accourir à l’audience. La multitude de ces derniers se précipita, le visage enflammé, les habits en désordre, se coudoyant avec rudesse, ou tombant les uns sur les autres, tandis que quelques soldats, formant comme le centre de ce flux et reflux, pouvaient à peine procurer un passage libre à l’accusée jusqu’à la place qui lui était assignée. Enfin le désordre fut apaisé par l’autorité de la cour et les efforts des huissiers, et la malheureuse fille fut placée à la barre du tribunal entre deux soldats qui avaient la baïonnette au bout du fusil pour y entendre la sentence qui devait décider de sa vie ou de sa mort.

CHAPITRE XXII.
 
    « Nous avons des statuts et des lois rigides – (frein nécessaire à des passions fougueuses) que nous avons laissés dormir depuis dix-neuf ans, comme un vieux lion qui ne sort plus de sa caverne pour aller chercher sa proie. »
    SHAKSPEARE.
    – Euphémie Deans, dit le juge président d’un ton de dignité où l’on remarquait un mélange de compassion, levez-vous, et écoutez l’accusation criminelle intentée contre vous.
    L’infortunée, qui avait été comme étourdie par le tumulte du peuple, à travers les flots duquel les gardes avaient eu peine à lui frayer un passage, jeta des regards égarés sur la multitude de têtes dont elle était environnée, et qui semblait former, pour ainsi dire, sur les murs, depuis le plafond jusqu’en bas, une tapisserie vivante. Elle obéit comme par instinct à l’ordre que lui donnait une voix qui lui parut aussi formidable que le son de la trompette du jugement dernier.
    – Relevez vos cheveux, Effie, lui dit un des huissiers ; car ses longs cheveux noirs, que, suivant la coutume d’Écosse, les femmes non mariées ne couvrent jamais d’un chapeau ni d’un bonnet, et qu’elle n’osait plus retenir avec le snood ouruban blanc, symbole de la virginité, tombaient sur son visage et cachaient presque entièrement ses traits. En recevant cette espèce d’avertissement, la pauvre fille, avec un geste empressé, mais presque mécanique, sépara les belles tresses qui ombrageaient son front, et montra un visage qui, quoique pâle et maigre, était si beau encore, malgré sa profonde affliction, qu’il excita un murmure universel de compassion et de sympathie. Cette expression d’attendrissement la fit sortir de cette stupeur de la crainte qui, dans le premier moment, avait fait taire en elle toute autre sensation, et réveilla dans son cœur le sentiment non moins pénible de la honte attachée à la situation où elle se trouvait. Ses yeux, qu’elle avait d’abord portés de toutes parts d’un air égaré, se baissèrent vers la terre ; et ses joues, naguère pâles comme la mort, se couvrirent d’une telle rougeur, que lorsque, dans l’angoisse de la honte, elle voulut se cacher le visage, son cou, son front, tout ce que ses mains délicates ne pouvaient voiler était écarlate.
    Chacun remarqua ce changement, chacun en fut ému, excepté un seul homme ; c’était le vieux Deans, qui, immobile à sa place, où il ne pouvait ni voir ni être vu sans se lever, n’en restait pas moins les yeux fixés à terre, comme s’il eût craint d’être témoin oculaire de la honte de sa maison.
    – Ichabod ! se dit-il à lui-même ; Ichabod, ma gloire est éclipsée !
    Pendant qu’il se livrait à ces réflexions, on fit la lecture de l’acte d’accusation, et le président, suivant l’usage, demanda à l’accusée si elle se déclarait coupable ou non coupable.
    – Non coupable de la mort de mon pauvre enfant, répondit-elle d’une voix dont les accens doux et plaintifs, ajoutant à l’intérêt que ses traits avaient déjà inspiré, firent naître une nouvelle émotion dans le cœur de tous les auditeurs.
    La cour invita ensuite l’avocat de la couronne à plaider la relevance , c’est-à-dire à exposer les argumens en point de droit et l’ évidence en point de fait contre la prévenue et en sa faveur. Après quoi, c’est une coutume de la cour de prononcer un jugement préliminaire, en renvoyant la cause à la connaissance du jury, ou des assises.
    L’avocat de la couronne parla, en peu de mots, de la fréquence du crime d’infanticide, qui avait fait porter le statut spécial sous la menace duquel l’accusée se trouvait. Il cita les divers exemples, dont quelques uns étaient accompagnés de circonstances atroces, qui avaient forcé,

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