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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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envers elle. Était-il naturel, était-il raisonnable de vouloir qu’elle devînt felo de se, c’est-à-dire qu’elle rendit sa honte publique, lorsqu’elle pouvait espérer qu’en la cachant pour un temps elle la voilait à jamais ? N’était-il pas au contraire pardonnable que, dans une telle extrémité, une jeune femme fut éloignée de faire sa confidente de chaque commère curieuse qui venait lui demander l’explication d’un changement suspect survenu en elle, et que les femmes de la basse classe, les femmes de tous les rangs, dit même l’avocat, sont si promptes à remarquer, et qu’elles découvrent même là où la chose n’existe pas ? Était-il étrange qu’Effie eût repoussé leurs importunes questions par de brusques dénégations ? Le sens commun devait faire dire non. – Mais quoique ma cliente eût gardé le silence envers celles qui n’avaient aucun droit d’exiger qu’elle leur fît part de sa grossesse, à qui même, dit le savant avocat, il eût été imprudent de se confier, cependant j’espère écarter cette difficulté, j’espère obtenir le renvoi honorable de la pauvre fille, en prouvant qu’en effet, en temps et lieu, elle révéla sa malheureuse situation à une personne plus digne de cette confiance. C’est ce qui arriva après la condamnation de Robertson, et lorsqu’il était en prison dans l’attente du sort auquel il échappa d’une manière si étrange. Ce fut alors que, n’espérant plus la réparation de sa faute, et qu’une union avec son séducteur, si elle eût été probable, aurait pu être regardée comme un surcroît de honte ; – ce fut alors, j’espère le prouver, que l’accusée s’ouvrit sur ses dangers et son malheur à sa sœur, jeune femme plus âgée qu’elle, et fille d’un premier lit, si je ne me trompe.
    – Si en effet vous pouvez nous prouver ce point, M. Fairbrother, dit le président. –
    – Si je puis le prouver, milord ! reprit Fairbrother ; j’espère non seulement servir ma cliente, mais dispenser Vos Seigneuries de ce qui serait pour vous un pénible devoir, et donner à tous ceux qui m’entendent la douce satisfaction de voir une personne si jeune, si ingénue, et si belle, renvoyée d’une accusation qui compromet à la fois son honneur et sa vie.
    Cette apostrophe parut affecter la plupart des auditeurs, et fut accueillie par un léger murmure d’approbation.
    Deans, en entendant citer la beauté et l’innocence présumable de sa fille, allait involontairement tourner les yeux sur elle ; mais, se contraignant, il les reporta vers la terre.
    – « Mon savant confrère, l’avocat du roi, continua Fairbrother, ne partagerait-il pas la joie générale, lui qui concilie si bien l’humanité avec l’accomplissement de ses devoirs ? Je le vois secouer la tête d’un air de doute, et montrer du doigt la déclaration de l’accusée. Je le comprends parfaitement : – il voudrait insinuer que le fait que j’avance ne s’accorde pas avec les aveux d’Euphémie Deans elle-même. Je n’ai pas besoin de rappeler à Vos Seigneuries que sa défense actuelle ne doit nullement être restreinte dans les bornes de ses premières déclarations. Son jugement doit dépendre de ce qui sera prouvé ultérieurement pour elle ou contre elle. Je ne suis point obligé de dire pourquoi elle n’a point parlé, dans sa déclaration, de la confidence qu’elle avait faite à sa sœur. Elle peut n’avoir pas connu l’importance de ce fait ; elle peut avoir craint d’impliquer sa sœur ; elle peut avoir oublié cette circonstance dans la terreur et le trouble qui l’agitaient. Il n’est aucune de ces raisons qui ne suffise pour motiver cette réticence. Je m’en tiens surtout à sa crainte erronée de compromettre sa sœur, parce que j’observe que, par la même tendresse pour son amant (tout indigne qu’il en est), Euphémie Deans n’a pas une seule fois prononcé le nom de Robertson dans son interrogatoire.
    » Mais, milords, continua Fairbrother, je sais que l’avocat du roi exigera que je fasse concorder la preuve que j’offre avec d’autres circonstances que je ne puis ni ne veux nier. Il me demandera comment concilier l’aveu d’Effie Deans à sa sœur avec le mystère dont elle a couvert la naissance de son enfant, – avec sa disparition, et peut-être sa mort (car j’admets tout ce qui est possible et ce que je ne puis réfuter). Milords, l’explication de ces contradictions apparentes se

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