La Prison d'Édimbourg
référa à la précédente déclaration, en ajoutant sur la présentation d’un papier trouvé dans la malle qu’elle avait, que c’était la lettre d’après laquelle elle s’était confiée à la femme dont elle avait parlé. Cette lettre contenait ce qui suit :
« Ma chère Effie,
» J’ai trouvé les moyens de vous assurer les secours d’une femme qui est en état de vous donner les soins qui vous seront nécessaires dans la situation où vous allez vous trouver. Elle n’est pas tout ce que je désirerais qu’elle fût, mais je ne puis faire mieux dans ma position actuelle, et je suis forcé d’avoir recours à elle en ce moment pour vous et pour moi. Je suis dans une cruelle situation, mais ma pensée est libre, et je ne suis pas sans espérances. Je crois que Handie Andie et moi pourrons narguer encore le gibet. Vous me gronderez de vous écrire ainsi, mon petit Lis cameronien, mais si je vis assez pour vous servir de soutien ainsi qu’à notre enfant, vous aurez le temps de gronder. De la discrétion surtout. Ma vie dépend de cette sorcière. Elle est dangereuse et rusée, mais elle a des motifs pour ne pas me trahir. Adieu, cher Lis : dans une semaine vous me reverrez, ou vous ne me reverrez jamais.
» P. S. S’il faut que je périsse, mon plus grand sujet de repentir à mon dernier moment sera le tort que j’ai fait à mon Lis. »
Effie refusa de déclarer qui lui avait écrit cette lettre, mais on en savait assez pour ne pas douter qu’elle n’eût été écrite par Robertson, et la date se rapportait à l’époque où Wilson et lui avaient fait pour s’évader de prison une tentative qui avait été découverte comme on l’a vu au commencement de cette histoire.
La couronne ayant produit ses preuves, ce fut le tour de l’avocat d’Effie, qui demanda à faire examiner les témoins qui devaient déposer sur le caractère de l’accusée. Tous en firent l’éloge, mais surtout mistress Saddletree, qui, les larmes aux yeux, déclara qu’Effie lui avait inspiré la même amitié que si elle eût été sa fille. Tout le monde fut touché du bon cœur de cette digne femme, excepté son mari, qui dit tout bas à Dumbiedikes :
– Votre Nicol Novit n’y entend rien. À quoi bon amener ici une femme pour pleurnicher ? C’était moi qu’il fallait citer. J’aurais fait une telle déclaration, qu’on n’aurait pu toucher à un cheveu de sa tête.
– Eh mais, est-il donc trop tard ? dit le laird : je vais dire un mot à Novit.
– Non, non ! reprit Saddletree : ce serait une déclaration spontanée, et je sais ce qui en résulterait. Il aurait dû me faire citer debito tempore. Et, s’essuyant la bouche avec un mouchoir de soie, d’un air d’importance, il reprit l’attitude d’un auditeur attentif et intelligent.
M. Fairbrother avertit alors brièvement qu’il allait faire paraître son témoin le plus important, et de la déclaration duquel dépendait en grande partie le succès de sa cause. On venait de voir ce qu’était sa cliente d’après les témoins précédens ; et, si les termes les plus vifs de recommandation et même les larmes pouvaient intéresser à son sort, elle avait déjà obtenu cet avantage ; il devenait nécessaire cependant de produire des preuves plus positives de son innocence que celles qui résultaient de ces rapports en sa faveur, et c’étaient ces preuves qu’il allait obtenir de la bouche de la personne à qui elle avait communiqué sa situation, – de la bouche de sa confidente naturelle, – de sa sœur. – Huissier, faites comparaître Jeane ou Jeanie Deans, fille de David Deans, nourrisseur de vaches laitières à Saint-Léonard’s-Craigs.
À ces mots, Effie se tourna vivement du côté par où sa sœur devait entrer, et, quand elle la vit s’avancer lentement précédée par un huissier vers la table, ses bras tendus vers elle, ses cheveux épars, ses yeux en larmes, semblaient dire à sa sœur : – Ô Jeanie, sauvez-moi ! sauvez-moi !
Par un sentiment différent, mais d’accord avec son caractère fier et stoïque, le vieux Deans, quand il entendit appeler sa fille, prit un nouveau soin de se cacher à tous les yeux ; et quand Jeanie en entrant jeta un coup d’œil timide du côté où elle savait qu’il était placé, il lui fut impossible de l’apercevoir.
Il s’assit auprès de Dumbiedikes, en changeant de côté, se tordit les mains, et dit tout bas : – Ah ! laird, c’est là le plus
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