Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
catégoriquement aux questions que je suis obligé de lui faire. Valeat quantùm !
    En conséquence, il commença son interrogatoire par quelques questions insignifiantes qui ne pouvaient causer ni embarras ni émotion.
    – Êtes-vous sœur de la prisonnière ?
    – Oui, monsieur.
    – Sœur germaine ?
    – Non, monsieur : nous sommes de différentes mères.
    – Vous êtes plus âgée que votre sœur ?
    – Oui, monsieur. – Etc., etc.
    Après ces questions préliminaires et quelques autres qui n’étaient pas plus importantes, l’avocat, jugeant qu’elle devait alors être suffisamment familiarisée avec sa situation, lui demanda si, dans les derniers temps du séjour d’Effie chez mistress Saddletree, elle ne s’était pas aperçue d’une altération dans la santé de sa sœur ?
    – Oui, monsieur, répondit Jeanie.
    – Et elle vous en a sans doute dit la cause ? continua l’avocat d’un ton d’aisance qui semblait la conduire à la réponse qu’elle devait faire.
    – Je suis fâché d’interrompre mon confrère, dit l’avocat de la couronne en se levant, mais je demande à la cour si cette question peut être faite de cette manière.
    – S’il faut discuter ce point, dit le président, je vais faire retirer le témoin.
    Le barreau d’Écosse se fait généralement un scrupule d’adresser à un témoin une question de manière à lui donner à entendre quelle est la réponse qu’on attend de lui. Cette délicatesse, quoique partant d’un excellent principe, est pourtant quelquefois poussée trop loin, car un avocat qui a de la présence d’esprit peut toujours éluder la difficulté qu’on lui fait, et c’est ce qui arriva en cette occasion.
    – Il n’est pas nécessaire, milord, répondit Fairbrother, de faire perdre le temps de la cour ; puisque l’avocat du roi croit devoir critiquer la forme de ma dernière question, je vais la mettre en d’autres termes. Dites-moi, miss Deans, avez-vous fait quelques questions à votre sœur quand vous vous êtes aperçue de son état de souffrance ? Prenez courage !… Eh bien ?
    – Je lui ai demandé ce qu’elle avait.
    – Fort bien ! Calmez-vous. Prenez le temps de répondre. Et que vous a-t-elle répondu ?
    Jeanie garda le silence, et son visage se couvrit d’une pâleur mortelle. Ce n’est pas qu’elle balançât sur la réponse qu’elle avait à faire. L’idée d’un parjure ne pouvait entrer dans son esprit ; mais il était bien naturel qu’elle hésitât à anéantir la dernière espérance de sa sœur.
    – Prenez courage, reprit Fairbrother ; je vous demande ce qu’elle vous a répondu.
    – Rien ! répondit Jeanie d’une voix presque éteinte, mais qui fut entendue dans toutes les parties de la salle d’audience, tant il régnait un profond silence pendant l’intervalle qui s’était écoulé entre la question que l’avocat avait faite et la réponse qu’il avait reçue.
    Fairbrother changea de visage, mais il ne perdit pas cette présence d’esprit qui est souvent aussi utile dans une affaire litigieuse que dans une bataille. – Rien ? reprit-il. Sans doute, lorsque vous l’interrogeâtes pour la première fois ; mais ensuite elle vous confia sa situation ?
    Il fit encore cette question d’un ton propre à lui faire comprendre toute l’importance de sa réponse, si elle ne l’avait déjà bien comprise. Mais la glace était rompue ; Jeanie hésita moins que la première fois, et répondit assez promptement : « – Hélas ! monsieur, jamais elle ne m’en a dit un seul mot.
    Un profond gémissement rompit le silence qui régnait encore dans l’assemblée : c’était le malheureux père qui, en dépit de sa fermeté, ne put résister au coup qui faisait évanouir le peu d’espérance qu’il conservait encore malgré lui, et il tomba sans connaissance sur le plancher aux pieds de sa fille épouvantée.
    L’infortunée prisonnière l’aperçut. – Mon père ! s’écria-t-elle en luttant avec les gardes qui la retenaient ; – laissez-moi, laissez-moi, leur dit-elle : je veux le voir, je le verrai. Il est mort ! c’est moi, c’est moi qui l’ai tué  !
    Son air de désespoir, ses accens déchirans émurent tout l’auditoire, et retentirent long-temps dans tous les cœurs.
    Dans ce moment d’angoisse et de confusion générales, Jeanie ne perdit pas cette supériorité d’âme qui la distinguait. Elle courut au vieillard. – C’est mon père ! dit-elle à

Weitere Kostenlose Bücher