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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’adresse. D’ailleurs elle n’avait pas des idées plus relevées que ne le comportait son état et son éducation, et elle trouva que la maison, quoique inférieure au château de Dalkeith, et à quelques autres qu’elle avait vus, était certainement un superbe édifice dans son genre, et que les terres en seraient fertiles si elles étaient mieux cultivées. Mais le cœur de Jeanie était incapable de se laisser séduire par des idées de grandeur et d’opulence ; et tout en admirant la splendeur de l’habitation de son ancien adorateur, et en rendant justice à la bonté de ses terres, il ne lui vint pas un moment à l’esprit de faire au laird, à Butler et à elle-même, l’outrage que tant de dames d’un plus haut rang n’auraient pas hésité de faire à tous trois avec de moindres motifs de tentation.
    Étant venue dans l’intention de parler au laird, Jeanie chercha de tous côtés un domestique pour lui faire annoncer son arrivée et lui demander un moment d’entretien. N’en apercevant point, elle se hasarda à ouvrir une porte. C’était le chenil de l’ancien laird, et il servait maintenant de blanchisserie, ainsi que le prouvaient quelques baquets et autres ustensiles qu’elle y vit. Elle en ouvrit une seconde, c’était l’ancienne fauconnerie, comme l’attestaient quelques bâtons pourris sur lesquels se perchaient autrefois les faucons qui servaient aux plaisirs de leur maître. Une troisième la conduisit au trou à charbon, qui était assez bien garni, un bon feu étant presque le seul point sur lequel le laird actuel ne voulût pas entendre parler d’économie. Quant au surplus des détails domestiques, il les laissait entièrement à la disposition de sa femme de charge, la même qui avait servi son père, et qui, d’après la chronique secrète, avait trouvé le moyen de se faire un bon nid à ses dépens.
    Jeanie continua à ouvrir des portes, comme le second Calender borgne dans le château des cent demoiselles obligeantes {77} jusqu’à ce que, de même que ce prince errant, elle arriva à l’écurie. Le pégase montagnard Rory Bean, qui en était l’unique habitant de son espèce, et qu’elle avait vu paître dans la prairie en arrivant, était son ancienne connaissance ; elle reconnut sa selle et son harnais qui tapissaient la muraille. Il partageait son appartement avec une vache, qui tourna la tête du côté de Jeanie dès qu’elle l’aperçut, comme pour lui demander sa pitance du matin. Ce langage était intelligible pour Jeanie, et voyant quelques bottes de luzerne dans un coin, elle en délia une et la mit dans le râtelier. Cette besogne aurait dû être faite depuis long-temps ; mais les animaux n’étaient pas traités avec plus de soin que les terres et les bâtimens dans ce château du paresseux.
    Tandis qu’elle s’acquittait de cet acte de charité pour le pauvre animal qui lui en témoignait sa reconnaissance à sa manière, en mangeant de bon appétit, arriva la fille de basse-cour, qui venait de s’arracher non sans peine aux douceurs du sommeil ; voyant une étrangère s’occuper des fonctions qu’elle aurait du remplir plus tôt, elle s’écria : – Oh ! oh ! le Brownie ! le Brownie ! et elle s’enfuit comme si elle avait vu le diable.
    Pour expliquer la cause de cette terreur, il est bon de faire observer ici qu’une ancienne tradition assurait que le manoir du laird était depuis long-temps hanté par un Brownie {78} . C’est ainsi qu’on appelle ces esprits familiers qu’on croyait autrefois venir dans les maisons pour y faire l’ouvrage que les domestiques laissaient en retard par paresse :
    Agitant le fléau, promenant le balai.
    Certes cette assistance d’un être surnaturel n’aurait été nulle part plus utile et plus nécessaire que dans une habitation où tous les domestiques étaient si peu enclins à l’activité, et cependant cette fille était si peu tentée de se réjouir de voir un substitut aérien s’acquitter de sa tâche, qu’elle jeta l’alarme dans toute la maison par ses cris, comme si le Brownie l’eût écorchée. Jeanie, qui avait quitté son occupation, tâchait de la rejoindre pour calmer sa frayeur, et lui apprendre pourquoi elle s’était trouvée là. Avant d’y avoir réussi, elle rencontra mistress Jeanneton Balchristie, qui était accourue au bruit ; elle était la sultane favorite de l’ancien laird, suivant la chronique scandaleuse, et la femme de charge du maître actuel.

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