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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pécuniaires dont elle avait besoin.
    Elle pensa alors qu’elle aurait dû consulter mistress Saddletree à ce sujet. Mais, outre le temps qu’il fallait encoreperdre maintenant pour cela, elle sentait une répugnance presque invincible à s’adresser à elle en cette occasion. Elle savait que mistress Saddletree avait un bon cœur, qu’elle prenait un intérêt véritable aux malheurs de sa famille ; mais elle n’ignorait pas que son esprit était d’une trempe ordinaire et mondaine ; que son caractère la rendait incapable de voir la résolution qu’elle avait formée avec l’enthousiasme qui l’avait inspirée. Il aurait fallu discuter longuement avec elle pour lui en démontrer l’utilité, la convenance, la nécessité, et peut-être encore n’aurait-elle pu parvenir à l’en convaincre.
    Elle aurait pu compter sur le secours de Butler, s’il n’eût été plus pauvre encore qu’elle-même. Enfin, pour surmonter cette difficulté, elle forma une résolution extraordinaire, dont nous rendrons compte dans le chapitre suivant.

CHAPITRE XXVI.
 
    « Je reconnais sa voix ; écoutez la paresse :
    » – Vous m’éveillez trop tôt, je veux me rendormir.
    » Comme on voit une porte et tourner et gémir,
    » La paresse en son lit se retourne sans cesse. »
    LE DOCTEUR WATTS.
    Le manoir du laird de Dumbiedikes, dans lequel nous allons maintenant introduire nos lecteurs, était à trois ou quatre milles (l’exactitude topographique n’est pas ici bien nécessaire) au sud de Saint-Léonard. Il avait eu autrefois une espèce de célébrité, car l’ancien laird, bien connu dans tous les cabarets à un mille à la ronde, portait l’épée, avait un beau cheval et deux lévriers, jurait, et faisait des gageures à toutes les courses de chevaux et à tous les combats de coqs, suivait les faucons de Somerville de Drum et les chiens de lord Ross, et s’appelait lui-même un homme comme il faut. Le propriétaire actuel avait fait perdre à son lignage une partie de sa splendeur, car il vivait retiré chez lui en avare sauvage, tandis que son père avait vécu en dissipateur égoïste et extravagant.
    Ce château était ce qu’on appelle en Écosse une maison seule, c’est-à-dire qui n’a qu’une chambre dans l’étendue de chaque étage. Chacune de ces pièces était éclairée par six ou huit fenêtres percées irrégulièrement, et qui toutes ensemble ne laissaient pas entrer autant de jour qu’en aurait donné une croisée moderne. Cet édifice sans art, ressemblant à ces châteaux de cartes que construisent les enfans, était surmonté d’un toit couvert de pierres grises plates, en place d’ardoises ; une tour demi-circulaire, adossée à la maison, contenait un escalier en limaçon qui conduisait à chaque étage ; au bas de la tour était la porte d’entrée, garnie de clous à large tête, et le haut du mur était percé de barbacanes. Une espèce de basse-cour, dont les murs tombaient en ruines, renfermait étables, écuries, etc. La cour avait été pavée ; mais le temps avait déplacé une partie des pierres, et une belle moisson d’orties et de chardons fleurissait à leur place. Un petit jardin, dans lequel on entrait par une haie sans porte pratiquée dans le mur de la cour, paraissait dans un état aussi prospère. Au-dessus de la porte était une pierre sur laquelle on voyait quelques restes des armoiries de la famille de Dumbiedikes qui y avaient été gravées autrefois.
    On arrivait à ce château de plaisance par une route formée de fragmens de pierres jetés presque au hasard, et entourée de terres labourées, mais non encloses. Sur une prairie maigre on voyait le fidèle palefroi du laird, qui, attaché à un poteau, tâchait d’y trouver son déjeuner. Tout accusait l’absence de l’ordre et de l’aisance. Ceci n’était pourtant pas l’effet de la pauvreté ; cet état n’avait pour cause que l’indolence et l’apathie.
    Ce fut par une belle matinée du printemps, et de très bonne heure, que Jeanie Deans, non sans un peu de honte et de timidité, arriva devant le palais que nous venons de décrire, et entra dans la cour. Jeanie n’était pas une héroïne de roman ; elle regarda donc avec intérêt et curiosité un château dont elle pouvait penser qu’elle aurait pu alors être la maîtresse, si elle avait voulu donner au propriétaire un peu de cet encouragement que les femmes de toutes les conditions savent par instinct distribuer avec tant

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