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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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assez fatigué de ses chagrins, sans avoir encore à s’occuper de ses affaires.
    Elle-même aida May Hettly dans les travaux de la journée, et la soirée était déjà bien avancée quand tout fut terminé. La bonne femme lui demanda alors si elle ne désirait pas qu’elle restât près d’elle cette nuit. – Vous avez eu une terrible journée, lui dit-elle, et le chagrin est un mauvais compagnon quand on se trouve seul avec lui.
    – Vous avez raison, lui dit Jeanie, mais c’est un compagnon à la présence duquel il faut que je m’habitue, et autant vaut commencer ici que pendant mon voyage.
    Elle renvoya donc la vieille femme, qui lui promit de revenir le lendemain de bonne heure, et de ne plus quitter la maison jusqu’à son retour ; Jeanie fit ses préparatifs de départ.
    La simplicité de son éducation et des mœurs de son pays rendit ces apprêts aussi courts que faciles. Son plaid pouvait lui servir en même temps d’habit de voyage et de parapluie, et un petit paquet à porter sous le bras contenait le peu de linge qui lui était indispensable. Elle était arrivée nu-pieds dans ce monde, comme dit Sancho, et elle se proposait de faire nu-pieds son pèlerinage, réservant ses souliers et ses bas blancs pour les occasions d’apparat. Elle ne savait pas qu’en Angleterre on attache à l’usage de marcher pieds nus une idée de la plus extrême misère, car si l’on lui avait fait contre cette coutume une objection tirée de la propreté, elle y aurait répondu en citant l’habitude où sont les Écossaise d’une certaine aisance de faire des ablutions aussi fréquentes que les sectateurs de Mahomet.
    Jusque là tout allait bien.
    Dans une espèce d’armoire en bois de chêne, où le vieux Deans serrait quelques livres et tous ses papiers, elle chercha, et parvint à trouver, dans deux ou trois liasses qui contenaient des extraits de sermon, des comptes avec les ouvriers, des copies des dernières paroles prononcées par des martyrs lors des persécutions, etc., deux ou trois pièces qui lui parurent devoir être utiles pour ses projets, et qu’elle plaça soigneusement dans un petit porte-feuille. Mais il restait une difficulté, la plus importante de toutes, à laquelle elle n’avait pas encore songé, le manque d’argent ; et il était impossible sans cela qu’elle entreprît un voyage tel que celui qu’elle avait dessein de faire.
    David Deans était dans l’aisance, comme nous l’avons déjà dit ; on pourrait même dire qu’il jouissait, dans son état, d’une certaine opulence ; mais sa richesse, comme celle des anciens patriarches, consistait en ses troupeaux, sauf de petites sommes qu’il avait prêtées à quelques voisins, qui, loin d’être en état de rendre le capital, n’en pouvaient payer les intérêts qu’avec peine. Il était donc inutile que Jeanie pensât à s’adresser à ces débiteurs, même avec le consentement de son père ; elle ne pouvait d’ailleurs espérer d’obtenir ce consentement qu’après des explications, des observations, des réflexions qui lui feraient perdre un temps qui était si précieux pour l’exécution de son projet ; et, quelque hardi et quelque hasardeux qu’il fût, elle était déterminée à faire cette dernière tentative pour sauver la vie de sa sœur.
    Sans manquer au respect filial, Jeanie avait une conviction intime que les sentimens de son père, tout honorables, tout religieux qu’ils étaient, avaient trop peu de rapport avec l’esprit du siècle, pour qu’il fût un bon juge des mesures à adopter en cette crise. Plus flexible dans ses opinions, quoique non moins sévère dans ses principes, elle sentait qu’en lui demandant la permission d’entreprendre ce voyage, elle courait le risque d’être refusée, et elle aurait craint, en le faisant malgré sa défense, d’être privée des bénédictions du ciel. Elle avait donc résolu de ne lui faire connaître son projet, et les motifs qui le lui avaient fait concevoir, qu’après son départ. Mais il était impossible de lui demander de l’argent sans lui exposer le motif de cette demande ; et venait alors la discussion qu’elle voulait éviter sur l’utilité de ce voyage. Enfin elle savait qu’il n’avait pas d’argent comptant ; il aurait fallu qu’il en cherchât lui-même, et de là eussent résulté des délais qui pouvaient faire manquer sa courageuse entreprise. C’était donc ailleurs qu’elle devait chercher les secours

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