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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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marques d’attention qu’il lui avait prodiguées, avaient contribué d’autant plus à diminuer les préventions du vieillard, que, Jeanie étant absente, il ne pouvait attribuer ses assiduités qu’à son respect et à son attachement pour lui-même. Mais tandis qu’il concevait ces bonnes dispositions pour Butler, un autre incident eut encore beaucoup d’influence sur son esprit.
    Dès que Deans eut un peu oublié la douleur que lui avait causée la disparition d’Effie, son premier soin fut de se procurer la somme nécessaire pour rendre au laird de Dumbiedikes l’argent qu’il avait déboursé pour le procès, et ce qu’il avait prêté à Jeanie pour son voyage. Mais depuis le départ de celle-ci, le laird, son cheval, sa pipe et son chapeau galonné n’avaient point reparu à Saint-Léonard : il fallut donc que Deans prît le parti de se rendre lui-même au château de Dumbiedikes.
    Il y régnait un mouvement extraordinaire. Des ouvriers travaillaient à détacher les anciennes tapisseries pour en substituer de nouvelles ; on peignait les boiseries, on grattait les murs, on réparait les brèches ; enfin la vieille maison n’était plus reconnaissable. Le laird lui-même semblait fort affairé ; il accueillit Deans avec politesse, mais non pas tout-à-fait avec son air de cordialité ordinaire. L’extérieur du maître n’offrait pas moins de changemens que sa maison. Il portait un habit retourné dont la coupe était presque à la mode ; le vieux chapeau avait été repassé, et garni d’un galon neuf ; au lieu d’être rejeté en arrière sur la tête du laird, il était incliné avec intention sur un de ses sourcils.
    David Deans lui apprit le motif de son arrivée et lui remit la somme dont il lui était redevable. Le laird la compta avec grande attention, et tandis que Deans lui parlait de la captivité de Judas, il lui demandait s’il ne croyait pas qu’une ou deux guinées étaient un peu rognées. Après les avoir pesées, et s’être tranquillisé l’esprit à ce sujet, il mit l’argent dans sa poche, en donna un reçu à David, et s’informa, avec une sorte d’embarras, s’il avait reçu des nouvelles de Jeanie.
    – Sans doute, répondit David, et elle vous remercie de l’argent que vous lui avez prêté.
    – Et… et elle ne vous dit pas autre chose pour moi ?
    – Non, répondit le vieillard, qui crut que le laird, après avoir fait pendant long-temps une cour silencieuse à sa fille, allait enfin s’expliquer. C’était véritablement son intention, mais l’explication ne devait pas être telle que David se l’imaginait.
    – Elle doit savoir ce qui lui convient, dit le laird : quant à moi, je me suis défait d’un mauvais attelage ; j’ai chassé Jenny Balchristie et sa nièce, et je me marie dimanche prochain.
    David fut étourdi de cette nouvelle ; mais il était trop fier pour laisser apercevoir qu’elle lui causât une surprise peu agréable.
    – Je souhaite que vous soyez heureux, monsieur, grâce à celui qui peut seul donner le bonheur. Le mariage est un état honorable.
    – Et je prends une femme dans une famille honorable, David : la fille du laird de Lickpelf, qui occupe à l’église le banc à côté du mien… c’est ce qui m’a fait songer à elle.
    Il ne restait plus à Deans qu’à lui souhaiter de nouveau toutes sortes de félicités, et à reprendre le chemin de Saint-Léonard, en réfléchissant sur l’instabilité des projets et des résolutions des hommes. L’espoir que Jeanie serait, un jour ou l’autre, lady Dumbiedikes s’était enraciné, presque à son insu, dans son esprit ; il pensait au moins que ce mariage ne dépendait que de sa fille, et que le laird se déclarerait dès qu’elle voudrait lui donner un peu d’encouragement. Maintenant cette espérance était évanouie, et il rentra chez lui dans une disposition d’esprit qui ne lui était pas ordinaire, mécontent de Jeanie, parce qu’elle n’avait pas donné d’encouragement au laird, mécontent du laird, parce qu’il avait eu besoin d’encouragement, et mécontent de lui-même, parce qu’il était mécontent de tout.
    À son retour, il trouva une lettre de l’agent du duc d’Argyle, qui l’engageait à passer chez lui le plus tôt possible, et il se rendit sur-le-champ à Édimbourg.
    C’était pour avoir sa réponse définitive sur les propositions qui lui avaient été faites. Deans était déjà presque déterminé à les accepter ;

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