Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
cependant il fit quelques questions sur les sentimens religieux du ministre chargé du soin des âmes dans la paroisse qu’il s’agissait d’aller habiter.
    – La place est vacante en ce moment ? répondit l’agent du duc ; mais Sa Grâce la destine à un jeune homme dont on lui a rendu un compte avantageux, nommé Reuben Butler.
    – Reuben Butler !… quoi ! Reuben Butler, sous-maître d’école à Libberton !
    – Lui-même ; la famille de Sa Grâce a quelques obligations à un de ses ancêtres, et, d’après les arrangemens que je suis chargé de faire, peu de ministres auront une place aussi agréable que M. Butler.
    – Des obligations… Le duc !… Reuben Butler !… Reuben Butler ministre d’une église en Écosse ! s’écria Deans dans le plus grand étonnement ; car le peu de succès de toutes les démarches que Butler avait faites jusqu’alors pour obtenir de l’avancement faisait qu’il le regardait comme un de ces enfans que la fortune traite en marâtre, et qu’elle finit par déshériter tout-à-fait.
    L’instant où nous sommes disposés à penser le plus favorablement d’un ami est presque toujours celui où nous le voyons s’élever dans la bonne opinion des autres. Deans, bien assuré du changement total qui allait s’opérer dans la situation de Reuben, en témoigna sa satisfaction, et fit observer que c’était à lui qu’il en était redevable. – C’est moi, dit-il, qui conseillai autrefois à sa grand’mère, bonne femme qui avait une pauvre tête, de le faire entrer dans l’église, et qui lui prédis que, si Dieu bénissait ses efforts, il deviendrait un pilier poli de son temple. Il fait un peu trop de cas des connaissances humaines, mais c’est un brave garçon, qui a de bons principes ; et sur dix ministres, tels qu’ils sont aujourd’hui, vous en trouverez neuf qui ne valent pas Reuben Butler.
    Il prit congé de l’homme d’affaires du duc, après avoir terminé tous les arrangemens relatifs à la ferme, et retourna chez lui tellement absorbé par ses calculs sur la nouvelle étonnante qu’il venait d’apprendre, qu’il ne songea pas à la fatigue. L’honnête David avait alors à s’occuper d’un travail important, celui de mettre d’accord son intérêt et ses principes, et, de même que tant d’autres quand ils y songent sérieusement, il y réussit assez bien.
    Reuben Butler pouvait-il accepter, en toute sûreté de conscience, un grade dans l’église d’Écosse, soumise comme elle l’était, selon David, aux empiètemens érastiens du pouvoir civil ? C’était là une grande question qu’il médita avec attention. « L’église d’Écosse était dépouillée de ses rayons, de son artillerie et des bannières de sa puissance ; mais il lui restait des pasteurs zélés, et doués d’une grâce féconde, ainsi que des congrégations prudentes, et, avec toutes ses taches et ses souillures, on ne pouvait trouver encore sur la terre une église égale à celle d’Écosse. »
    Les doutes de David avaient été trop multipliés et trop scrupuleux pour lui permettre de s’unir jamais complètement à aucune des sectes dissidentes qui, par divers motifs, s’étaient séparées de l’église nationale. Il s’était même souvent associé à la communion des membres du clergé reconnu, qui se rapprochaient le plus de l’ancien modèle presbytérien et des principes de 1640, et quoiqu’il y eût bien des amendemens à faire à ce système, cependant il se rappelait que lui David Deans, il avait toujours été un humble avocat de la bonne cause, d’une manière légale, et sans jamais se jeter dans les excès, les divisions et les séparations ce qu’on appelait l’extrême droite. Comme ennemi de ces séparations, il pouvait donc mettre sa main dans celle d’un ministre de l’église d’Écosse actuelle ; ergo , Reuben Butler pouvait prendre possession de la paroisse de Knocktarlity sans perdre son amitié ou sa bienveillance : Q. E. D {124} . Mais secondement, venait l’article épineux du patronage laïque, que David Deans avait toujours dénoncé comme « une intrusion par la fenêtre et par dessus les murailles, une tromperie, une manière d’affamer les âmes de toute une paroisse, pour vêtir les épaules et remplir le ventre du bénéficier. »
    Quel que fût le mérite, quel que fût le noble caractère du duc d’Argyle, la présentation faite par ce seigneur était donc « un membre de l’image

Weitere Kostenlose Bücher