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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Muschat, dès que la lune se lèvera.
    – Dites-lui que je n’y manquerai pas, s’écria vivement Jeanie.
    – Puis-je vous demander, dit Butler dont les soupçons croissaient à chaque instant, quel est ce jeune homme à qui vous paraissez si disposée à accorder un rendez-vous, à une heure et dans un endroit si extraordinaires ?
    – On est souvent obligé, répondit Jeanie, de faire des choses qu’on voudrait ne pas faire.
    – D’accord ; mais qui vous y oblige ?… Quel est ce jeune homme ?… Ce que j’ai vu de lui ne me prévient pas en sa faveur. Qui est-il ?
    – Je l’ignore, répondit tranquillement Jeanie.
    – Vous l’ignorez ! dit Butler en se promenant dans la chambre d’un air d’impatience : vous allez trouver un jeune homme pendant la nuit, dans un lieu solitaire ; vous dites que vous êtes obligée de le faire, et vous ignorez quel est celui qui exerce sur vous une influence si inconcevable ! Comment expliquer cela, Jeanie ? que dois-je en penser ?
    – Pensez seulement, Reuben, que je vous dis la vérité, comme je la dirai le jour du dernier jugement. Je ne connais pas cet homme ;… je ne sais pas si je l’ai jamais vu ; et cependant il faut que je me trouve au rendez-vous qu’il m’assigne. Il y va de la vie ou de la mort.
    – Mais vous en parlerez à votre père ? vous le prierez de vous accompagner ?
    – Je ne le puis, dit Jeanie, cela m’est défendu.
    – Eh bien, voulez-vous que je vous accompagne ? Je me trouverai ici près à la nuit tombante, et je vous joindrai quand vous sortirez.
    – Cela est impossible : personne ne doit entendre notre entretien.
    – Mais avez-vous bien réfléchi à ce que vous allez faire ? Le temps,… le lieu,… un inconnu,… un homme suspect… Quand il vous aurait demandé à vous voir chez vous à une pareille heure, vous auriez dû le refuser !
    – Il faut que j’accomplisse mon destin, M. Butler : mon sort et ma vie sont entre les mains de Dieu, mais je dois tout risquer pour l’objet dont il s’agit.
    – Alors, Jeanie, dit Butler d’un air de mécontentement, je crois que vous avez raison : il faut nous faire nos adieux, et renoncer l’un à l’autre. Quand dans un point si important une femme manque de confiance envers l’homme à qui elle a donné sa foi, c’est une preuve qu’elle n’a plus pour lui les sentimens qui rendent l’union des cœurs si douce et si désirable.
    Jeanie le regarda en soupirant. – Je croyais, lui dit-elle, m’être armée d’assez de courage pour supporter cette séparation, mais je ne croyais pas qu’elle aurait lieu de cette manière. Au surplus, si vous la supportez plus aisément en pensant mal de moi, je ne désire pas que vous pensiez différemment.
    – Vous êtes ce que vous avez toujours été, s’écria Butler, plus sage, plus modérée, moins égoïste que moi ! La nature a fait pour vous plus que n’ont pu faire pour moi tous les secours de la philosophie. Mais pourquoi, pourquoi persister dans un pareil projet ? Pourquoi ne pas me permettre de vous accompagner, de vous conseiller, de vous protéger ?
    – Parce que je ne le puis ni ne l’ose, répondit Jeanie ; mais écoutez, mon père fait bien du bruit dans la chambre voisine !
    Le vieux Deans parlait effectivement à très haute voix, et d’un ton de colère. Avant d’aller plus loin, il est bon d’expliquer la cause de ce bruit.
    Lorsque Jeanie et Butler furent sortis, M. Saddletree entama l’affaire qui concernait principalement la famille Deans. Au commencement de la conversation, le vieillard était tellement abattu par ses chagrins, par le déshonneur de sa fille, et le danger qu’elle courait, que contre son usage il écouta sans y répliquer, et peut-être sans l’entendre, une longue dissertation sur la nature du crime dont elle était accusée, et sur la marche qu’il convenait d’adopter pour sa défense. Il se contentait de répondre à chaque pause : – Je ne doute pas que vous ne nous vouliez du bien. Votre femme est notre cousine à un degré éloigné.
    Encouragé par ces symptômes favorables, Saddletree, dont l’unique plaisir était de discuter un point de jurisprudence, en revint à l’affaire du capitaine Porteous, et prononça anathème contre tous ceux qui s’en étaient mêlés.
    – C’est une chose délicate, M. Deans, bien délicate, que de voir le peuple retirer des mains des magistrats légitimes le droit de vie et de mort, et

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