Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
l’union, la tolérance, le droit de patronage, et les sermens prélatiques et érastiens. Quant à votre Cour de Justice criminelle, qui tue en même temps les âmes et les corps…
    L’habitude qu’avait Deans de considérer la vie comme devant être consacrée à rendre témoignage à ce qu’il appelait la cause souffrante et abandonnée de la vraie religion, l’avait entraîné jusque là. Mais en prononçant le nom de la cour devant laquelle sa malheureuse fille devait bientôt comparaître, le souvenir d’Effie se présenta tout-à-coup à son esprit ; il s’arrêta au milieu de sa déclamation, poussa un profond soupir, et appuya sa tête sur ses deux mains.
    Saddletree vit l’agitation du vieillard et ne put en méconnaître la cause ; mais, quoiqu’il ne fût pas lui-même sans quelque émotion, il profita de cet instant de silence pour prendre la parole à son tour. – Sans doute, voisin, dit-il, sans doute il est fâcheux d’avoir affaire aux cours de justice, à moins que ce ne soit pour acquérir des connaissances dans la pratique, en assistant à leurs séances. Mais, pour en revenir à cette malheureuse affaire d’Effie… Vous avez sûrement vu l’acte d’accusation ?
    Il tira de sa poche un paquet de papiers, et commença à les examiner.
    – Ce n’est pas cela… c’est l’information de Mungo Mars-port {47} contre le capitaine Lackland {48} , pour avoir passé sur ses terres de Marsport avec des faucons, des chiens et des filets, des fusils, des arbalètes, des haquebuses de fonte {49} ou autres engins pour la destruction du gibier, tels que le chevreuil, le daim, le coq de bruyère, la grouse, la perdrix, le héron et autres ; ledit défendeur n’ayant pas le droit de chasser, aux termes du statut 62, puisqu’il ne possédait pas une charrue de terre {50} . La défense du capitaine est que la loi ne définit pas (non constat) ce que c’est qu’une charrue de terre, incertitude qui est suffisante pour éluder les conclusions de la défense ; or la réponse à cette défense, qui est signée par M. Crossmyloof (mais écrite par M. Younglad), objecte que peu importe in hoc statu en quoi consiste une charrue de terre, puisque le défendeur ne possède pas de terre du tout. Or admettez qu’une charrue de terre (ici Saddletree lut le papier qu’il avait en main) équivale à la dix-neuvième partie du terrain qu’occupe une tige de genêt (je crois que c’est bien le mot qu’a mis M. Crossmyloof, – je connais son style), – une tige de genêt, qu’y gagnera le défendeur puisqu’il n’a pas un sillon de terre dans toute l’Écosse. L’ advocatus pour Lackland réplique que nil interest de possessione , et que le demandeur doit mettre son affaire en rapport avec le statut, – écoutez bien ceci, voisin, – et qu’il doit montrer formaliter et specialiter aussi bien que generaliter, quelle est la qualification que ne possède pas le défendeur Lackland : qu’il dise d’abord ce que c’est qu’une charrue de terre, et je lui dirai si j’en ai une ou non ; certes le demandeur est obligé de comprendre son propre mémoire et le statut sur lequel il se fonde. Titius poursuit Mævius pour un cheval noir prêté à Mævius, – certes il obtiendra jugement ; mais s’il lui redemande un cheval vert ou cramoisi, il faudra qu’il prouve d’abord qu’un tel cheval existe in rerum natura… Personne n’est tenu de plaider contre un non-sens, – c’est-à-dire contre une imputation qui ne peut être ni expliquée ni comprise, – (et il a tort en cela, – car meilleure est la plaidoirie, moins on doit la comprendre) : ainsi donc il résulte de cette mesure de terre indéfinie et inintelligible, qu’il y aurait un statut qui punirait tout homme chassant avec chien ou faucon, sans avoir une… – Mais je vous fatigue, M. Deans, passons à votre affaire, quoique celle de Marsport contre Lackland ait fait du bruit dans la première chambre. – Voici l’acte d’accusation contre la pauvre Effie. « Attendu qu’il nous a été humblement remontré… et démontré… (c’est le style de forme), que, par les lois de ce royaume et de tout pays civilisé, le meurtre, et surtout l’infanticide, est un crime qui mérite la plus sévère punition ; ensuite que, sans préjudice de la susdite généralité, par un acte passé dans la seconde session du premier parlement assemblé sous le règne de nos gracieux souverains Guillaume et Marie, il a été

Weitere Kostenlose Bücher