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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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actuelle ajoutait encore à son chagrin. C’était le sentiment qui anime un Chef écossais dans la vieille ballade, Earl Percy sees my fall {44} . Deans prit la Bible de la main gauche, la leva à la hauteur de son visage, comme pour le cacher, et tendit la main droite à Butler. Celui-ci saisit cette main, qui avait tant de fois soutenu son enfance, l’arrosa de ses larmes, et ne put que s’écrier : – Que Dieu vous console ! que Dieu vous console !
    – Il le fera ; il l’a déjà fait, mon ami, dit le vieillard reprenant de la fermeté en voyant l’agitation de Butler ; il le fait et il le fera encore davantage dans son temps. J’ai été trop fier de mes souffrances pour une bonne cause, Reuben, et je suis éprouvé aujourd’hui contre ces autres souffrances qui changeront mon orgueil et ma gloire en reproche et en huées. Combien je m’estimais au-dessus de ceux qui étaient sains et saufs, nourris de bons mets et désaltérés de bons vins, pendant que j’étais dans les fondrières, les marécages et les bruyères, avec le précieux Donald-Cameron et le digne M. Blackadder, appelé Guess-Again {45}  ; et combien j’étais fier d’être donné en spectacle aux hommes et aux anges, lorsque je fus mis au pilori dans Canongate, avant l’âge de quinze ans, pour la cause d’un Covenant national !
    Quand je pense, Reuben, que j’étais si exalté et si honoré dans ma jeunesse (que dis-je ? je n’étais encore qu’un enfant), et que j’ai porté témoignage contre ces défections du temps, chaque année, chaque mois, chaque jour, chaque heure, chaque minute, résistant et témoignant en levant la main et la voix ; criant bien haut et sans ménagement contre tous les grands piéges de la nation, tels que l’abomination anti-nationale et funeste à l’Église, de l’union, de la tolérance, et du patronage imposé par la dernière femme de cette malheureuse race des Stuarts, comme aussi contre les infractions et les empiètemens sur le juste pouvoir des anciens, lorsque je fis paraître mon écrit intitulé, Cri d’un Hibou dans le Désert, imprimé à Bow-Head et vendu par tous les libraires de la ville et de la campagne ; – et maintenant… –
    Ici Deans s’arrêta ; on peut bien supposer que Butler, quoiqu’il ne fut pas absolument d’accord avec le vieillard sur toutes ses idées relatives au gouvernement de l’église, avait trop de sens et d’humanité pour l’interrompre pendant qu’il rapportait avec une sorte d’orgueil ses souffrances et la constance de ses témoignages. Au contraire, lorsqu’il s’arrêta, déchiré par le cruel souvenir du moment, Butler se hâta de lui offrir quelques paroles d’encouragement.
    – Vous êtes connu, mon ancien et respectable ami, comme un digne et vrai serviteur de la croix, comme un homme qui doit, ainsi que le dit saint Jérôme, per infamiam et bonam famam grassari ad immorlalitatem, c’est-à-dire marcher à la vie éternelle à travers la bonne et la mauvaise renommée. Vous avez été un de ceux à qui les âmes tendres et timides crient pendant la solitude des ténèbres : – Sentinelle, où en est la nuit ? Sentinelle, où en est la nuit ? – et assurément, cette épreuve cruelle, qui n’est pas venue sans la permission divine, n’est pas venue non plus sans une spéciale destination.
    – Je la reçois ainsi, dit David en serrant la main de Butler, et si je ne sais lire les saintes Écritures que dans ma langue naturelle (car au milieu de sa douleur la citation latine de Butler ne lui avait pas échappé), j’y ai du moins appris à porter ma croix sans murmure. Mais, ô Reuben Butler ! moi qui ai toujours été regardé, quoique indigne, comme un pilier poli de l’Église, où depuis mon enfance j’ai toujours tenu place dans le conseil des Anciens, – que penseront les hommes légers et profanes du guide qui n’a pu empêcher sa propre famille de faire un faux pas ? Ah ! comme ils entonneront leur chant de reproche lorsqu’ils verront que les enfans des saints sont sujets aux mêmes souillures que les enfans de Bélial ! mais je porterai ma croix avec cette consolation, que tout ce qui ressemblait au bien dans moi ou les miens, était comme la lumière qui jaillit des insectes rampant sur la bruyère dans une sombre nuit. Le ver brille à l’œil parce que tout est sombre à l’entour ; mais quand le matin paraît sur les montagnes, ce n’est plus qu’un pauvre insecte. Il en sera de

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