La Régente noire

N OTICE
    Par sa stature et son tempérament, François I er offre une image flatteuse du monarque de la Renaissance. N’a-t-il pas protégé Léonard, construit Chambord, imposé le français dans les actes officiels ? Lorsque commence notre histoire, à l’automne 1521, il achève sa vingt-septième année, et règne depuis bientôt sept ans. Mais en vérité, c’est sa mère, l’énergique Louise de Savoie, qui tient les rênes de l’État. Sous la férule de cette femme, l’administration se renforce, les finances se redressent, la justice royale étend partout son emprise.
    Sur un plan spirituel, la France, au prix d’un récent concordat avec le pape, tient son rang de « fille aînée de l’Église ». Cependant elle s’ouvre peu à peu aux idées luthériennes, celles-ci trouvant un écho favorable jusque dans l’entourage du roi, et notamment chez sa sœur adorée, Marguerite d’Alençon. Quant à la pensée humaniste, elle n’affecte encore qu’un cercle de lettrés.
    Avec près de vingt millions de sujets, le royaume des lys est alors le plus peuplé d’Europe. Encore ses frontières orientales sont-elles cantonnées en deçà de celles qui nous sont devenues familières. Au début du règne, la victoire de Marignan a offert le Milanais à la France et la gloire à son souverain.
    En 1519, François I er s’est cru assez puissant pour poser sa candidature au trône vacant du Saint Empire romain germanique. Mais les princes-électeurs lui ont préféré le jeune roi d’Espagne ; c’est donc Charles Quint qui régnera sur la moitié du Vieux Continent, en plus des immenses colonies espagnoles d’Amérique... S’instaure alors une rivalité qui durera des siècles entre rois de France et empereurs Habsbourg.
    Pour contrer Charles Quint, la France essaie d’amadouer l’Angleterre et son roi, le fameux Henry VIII, modèle de Barbe-Bleue. Les deux cours se rencontrent dans la plaine de Calais, alors possession anglaise, où elles font assaut de splendeurs et tentent de s’éblouir. On appellera « Camp du Drap d’or » ce vain déploiement de fastes diplomatiques, où les belles promesses ne peuvent rien contre l’alliance objective d’Henry VIII avec Charles Quint.
    Autour de François I er , nombreux sont ceux, dès lors, qui poussent à la guerre contre l’empereur. Un champ d’affrontement tout désigné s’étend derrière les Alpes ; et le vieux rêve italien, où s’étaient épuisés naguère Charles VIII et Louis XII, reprend consistance... La Cour applaudit à la reprise des combats – à commencer par la favorite en titre, Françoise de Châteaubriant, soucieuse de pousser la carrière militaire de ses frères et de leurs protégés.

    Voilà donc un prince à la croisée des chemins. Or, entre une mère qui préside aux affaires, une sœur qui entend diriger les consciences, une maîtresse qui voudrait peser sur les nominations, sa marge de manœuvre est étroite. Le fait est que la brillante Cour de France, alors juvénile et bouillonnante, est bel et bien aux mains des femmes. « Une cour sans dame est un jardin sans belle fleur », disait le roi... Il n’empêche : des passions mortelles couvent sous les galanteries d’usage, empoisonnant le climat de ce que l’écrivain Brantôme, un peu plus tard, devait appeler « la grande Cour des Dames ».

L ES PERSONNAGES
    – François I er , cousin et successeur de Louis XII, roi de France depuis 1515 (né en 1494).
    – Claude de France, fille de Louis XII, épouse de François I er , reine de France (née en 1499).
    – Charlotte, François, Henri, Madeleine, enfants des précédents (nés en 1516, 1518, 1519 et 1520).
    – Louise de Savoie, dite « Madame » , mère de François I er (née en 1476).
    – Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, sœur de François I er (née en 1492).
    – Charles, duc d’Alençon, époux de Marguerite (né en 1489).

    – Charles de Bourbon, connétable de France (né en 1492).
    – Anne de Beaujeu, duchesse de Bourbon, fille aînée de Louis XI, régente de France pendant la minorité de son frère Charles VIII, belle-mère du connétable (née en 1460).

    – Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie (né en 1459).
    – Diane de Brézé, épouse du grand sénéchal, dame d’honneur de la reine Claude puis de Madame (née en 1500).
    – Jean de Saint-Vallier, seigneur de Poitiers, père de Diane (né en 1474).
    – Françoise de Longwy,