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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dites-vous, compère ?
    – Je dis… Ah ! tripes du diable !… Il faut que je vous embrasse ! »
    Capeluche serra dans ses bras Bigorne, qui sentit ses cheveux se hérisser, mais demeura stoïque.
    « Compère, ajouta Capeluche, si vous devez être pendu, comptez sur moi pour avoir une corde neuve et un prêtre, quand je devrais payer corde et prêtre de mes deniers !
    – Bon ! fit Bigorne, tout frissonnant. Vous connaissez le cabaret de La Bonne-Futaille, au pied du mont Faucon ?
    – J’y ai régalé mes aides, tout à l’heure.
    – Eh bien, je vous attendrai là. Venez à la nuit tombante et n’oubliez pas d’apporter une corde.
    – Soyez tranquille ! » fit Capeluche, en éclatant de rire.
    Lorsque Bigorne se trouva dehors, lorsqu’il fut sorti du lacis de ruelles qui environnaient le Châtelet, il faillit se trouver mal. Mais, surmontant cette faiblesse, il entra dans une taverne où il se mit à boire et à manger pour se remettre, et, d’ailleurs, il avait grand-faim.
    Au moment où approcha l’heure de la fermeture des portes, il gagna la porte aux Peintres, sortit de Paris et se dirigea vers le cabaret, où il trouva Guillaume Bourrasque et Buridan qui l’attendaient.
    À voix basse, il leur expliqua minutieusement son plan.
    Il paraît que ce plan amusa fort Guillaume, car il se mit à rire, d’un rire terrible.
    « Allons ! » fit Buridan.
    Il sortit, accompagné de Bourrasque, et tous deux regagnèrent les hauteurs. Quant à Bigorne, il était resté dans le misérable cabaret, et attendait.
    La nuit vint…
    Capeluche parut. Bigorne se leva aussitôt, alla à lui, le prit par le bras et l’entraîna en lui disant :
    « Hâtons-nous. Vous avez la corde ? »
    Capeluche écarta son manteau et montra une corde qu’il portait enroulée à son bras.
    Les deux hommes se mirent en route. Capeluche regarda le ciel et dit :
    « Une belle nuit, pour mourir !…
    – Oui », répondit Bigorne.
    Ils ne dirent plus rien et hâtèrent le pas vers le gibet, qui se dessinait en noir sur noir à mesure qu’ils approchaient ; Bigorne paraissait résolu. Capeluche frissonnait.
    « Pourvu qu’il soit là ! murmura-t-il.
    – Soyez tranquille, il y est ; le voici !… »
    En effet, une ombre venait de surgir à quelques pas et s’avançait vers les deux hommes. C’était Tristan. Il dit :
    « Soyez remerciés, chrétiens qui venez m’aider à une œuvre chrétienne.
    – Le bon chrétien que j’ai amené avec moi s’y connaît, maître Tristan ; soyez tranquille ; à lui seul, il va dépendre le pauvre Marigny sans lui faire de mal.
    – Je m’en charge ! » dit Capeluche.
    Tous les trois marchèrent à l’escalier que Marigny avait gravi dans la matinée et atteignirent la plate-forme ; l’instant d’après, ils étaient sous le corps de Marigny qui se balançait dans le vide, au-dessus de leurs têtes.
    « Passez-moi votre corde, elle vous gênerait », souffla Bigorne à Capeluche.
    Il s’élança le long du pilier, s’accrochant aux chaînes, et disparut, en haut, dans les ténèbres. Un instant plus tard, on entendit sa voix. De la poutre où il était assis, il criait :
    « Attention, soutenez le corps, je coupe la corde…
    –  Hi han ! » fit Bigorne.
    Aussitôt deux hommes surgirent d’entre les piliers et vinrent se placer près de Bigorne et de Tristan. C’étaient Buridan et Guillaume Bourrasque…
    Dans le même instant, le corps de Marigny tomba et fut soutenu, puis déposé sur les dalles de la plate-forme. En haut, ils entendaient un bruit de chaînes. C’était Capeluche qui descendait. Bientôt il sauta en disant :
    « Là ! portons-le maintenant à… holà ! holà !… »
    Il eut un rugissement terrible et essaya de bondir : Bigorne venait de lui jeter autour du cou la corde que Capeluche avait apportée lui-même.
    Une minute plus tard, Capeluche était hissé ; il eut quelques secousses nerveuses ; puis, doucement et mollement, son cadavre se balança à la place de celui de Marigny.
    « Il nous a trahi, dit Buridan d’une voix sourde. Il nous avait juré sur la croix que Marigny ne serait pas pendu ; c’est pourquoi nous l’avons puni. »
    *
    * *
    Alors Bigorne enleva au cadavre de Marigny sa chemise et la cagoule qui couvrait sa tête ; puis, de nouveau, tandis que ses compagnons demeuraient absorbés dans une rêverie affreuse, il grimpa en chantant… Au bout d’une demi-heure, il

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