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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nombreuses. Il remarqua que des sentinelles étaient apostées. Il crut comprendre qu’il se préparait quelque chose de formidable. Il songeait à Myrtille. Il songeait à Valois. Il songeait à cette femme qui était sa mère, et que Bigorne lui avait assuré être vivante. Mille pensées se heurtaient dans sa tête. Il éprouvait l’indicible besoin d’aimer et d’être aimé.
    Une nuit, Lancelot Bigorne l’entendit qui murmurait :
    « Et pourtant, vous êtes mon père, comte de Valois !… »
    Il souffrait affreusement de l’incertitude où il se trouvait, et toute cette souffrance se traduisait par cette pensée qui ne lui laissait aucun répit :
    « Le comte de Valois est mon père ! Et le comte de Valois m’a dit qu’il aime Myrtille ! Et Myrtille est chez le comte de Valois !… »
    Le matin du quatrième jour, vers dix heures, il rassembla ses compagnons pour leur proposer quelque suprême et nouvelle tentative.
    Au moment où il allait parler, la porte s’ouvrit et une femme parut.
    « Gillonne ! » cria Buridan.
    Buridan tremblait et ne se sentait pas le courage d’interroger la vieille.
    « Seigneur Jésus ! j’en ai eu du mal pour vous retrouver ici ! Enfin, grâce à un de mes amis qui est manchot, goitreux et ulcéreux de son métier, j’ai pu pénétrer jusqu’ici… J’ai su que vous étiez venu au rendez-vous que je vous avais assigné à l’hôtel de Valois, j’ai su que malheureusement vous n’aviez pas réussi… oui, mais j’étais là, moi !
    – Que veux-tu dire ? balbutia Buridan.
    – Que j’ai fait ce que vous n’avez pu faire !
    – Myrtille !…
    – Je l’ai délivrée !…
    – Courons !… mes amis…, ma chère Gillonne… »
    À ce moment, Simon Malingre entrait à son tour.
    Et Simon Malingre donnait la main à Myrtille !
    Dans l’instant qui suivit, les deux amants étaient aux bras l’un de l’autre. Pendant quelques minutes, on n’entendit que les sanglots de bonheur de la jeune fille et les exclamations bruyantes de Guillaume, de Riquet et de Gautier.
    Il semblait à Buridan et à Myrtille qu’ils faisaient un rêve.
    Lorsque Buridan s’arracha de cette extase, il chercha des yeux Gillonne pour la remercier.
    Gillonne et Simon Malingre avaient disparu !…

VI
 
LA COUR DE FRANCE CONTRE LA COUR DES MIRACLES
    Au Louvre, dans l’oratoire de Marguerite de Bourgogne, pièce sévère ornée de quelques meubles seulement, aux sculptures noircies par le temps, aux tentures sombres, avec un christ se détachant sur l’un des panneaux, au-dessus d’un prie-Dieu.
    Trois personnages : Marguerite, Louis Hutin, Charles, comte de Valois.
    C’est une sorte de conseil d’État, et, en même temps, un conseil de famille.
    Mais d’autres personnages invisibles assistent à cette scène : Juana, derrière une porte, et Mabel, cachée au fond d’un cabinet d’où elle peut tout voir et tout entendre.
    Dans ce conseil de famille, c’est un coup d’État qui vient d’être résolu :
    L’arrestation d’Enguerrand de Marigny.
    Tous les trois ont peur.
    Maintenant qu’ils sont décidés, maintenant que l’exécution va avoir lieu, ils redoutent quelque suprême résistance de Marigny, et, pareils aux chiens d’arrêt devant le solitaire acculé, ils se demandent lequel des trois va être éventré par le dernier coup de boutoir de la bête.
    Dix heures tintent lentement à quelque horloge.
    Tous les trois tressaillent.
    C’est l’heure pour laquelle on a donné rendez-vous dans le Louvre à Enguerrand de Marigny.
    Le roi, précipitamment, va ouvrir la porte de l’oratoire qui donne sur la grande galerie.
    La galerie est remplie d’une foule de seigneurs, de capitaines et de chevaliers, étonnés d’avoir été mandés au Louvre à cette heure matinale. De chaque côté de la galerie sont alignés vingt-quatre archers immobiles, pareils à des cariatides, et, près de la porte, Hugues de Trencavel est là, l’épée nue au poing.
    Le roi jette un long regard sur cette mise en scène qui symbolise sa puissance et il se sent électrisé ; il sourit, il est rassuré, il ne peut s’empêcher de saluer d’un geste large cette assemblée guerrière.
    Une clameur éclate en coup de tonnerre :
    « Vive le roi !… »
    Louis prononce quelques mots à l’oreille du capitaine des gardes, qui pâlit.
    C’en est fait, l’ordre de l’arrestation de Marigny vient d’être donné.
    « Quand il sortira de l’oratoire, achève

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