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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dans cette affaire qui agît avec sincérité. Il voulait la mort de Buridan. Il se disait que du père de Myrtille et du chef des rebelles aimé par elle, l’un des deux devait rester sur le carreau.
    Une fois certain que nul ne pouvait plus sortir de la Cour des Miracles, Marigny, malgré l’impatience du roi, voulut prendre des mesures telles que pas un truand ne pût échapper au massacre.
    Cela posé, nous reviendrons maintenant à deux personnages qui, à ce point de notre récit, nous intéressent particulièrement : Mabel d’une part, Marguerite de Bourgogne d’autre part.
    Lorsqu’elle fut convaincue que Myrtille n’était plus au pouvoir de Valois, Mabel, revenue au Louvre, eut des heures d’angoisse et de doute déchirant. Puis, tout à coup, les rumeurs guerrières lui apprirent que des événements nouveaux se préparaient. Elle écouta, épia, interrogea et apprit seulement que le roi préparait la destruction de la Cour des Miracles.
    Après la conférence qui eut lieu, entre Marguerite, le roi et Valois, après l’arrivée de Marigny, qu’on disait arrêté et qui ne le fut pas, Marguerite était rentrée chez elle, la rage au cœur. Mabel la voyait aller et venir, puis se jeter dans son grand fauteuil ; elle l’étudiait, mais elle connaissait le caractère de Marguerite, se gardait bien de l’interroger…
    Comme sa suivante faisait mine de se retirer :
    « Reste, dit-elle. Reste près de moi. J’ai l’âme inquiète, Mabel, je me ronge…
    – Que craignez-vous ? Le roi n’a et ne peut avoir aucun soupçon…
    – Il ne s’agit plus du roi ! fit Marguerite. C’est Buridan, Mabel, c’est cet homme qui m’a bafouée… c’est lui qui occupe tous les instants de ma misérable pensée… plus misérable que jamais depuis que je sais…
    – Que savez-vous, madame ?
    – Rien… Ou plutôt, tiens ! peut-être me donneras-tu un conseil… Buridan est à la Cour des Miracles…
    – Auriez-vous maintenant l’intention de le sauver ?
    – Moi ! moi ! si je pouvais… si j’étais un de ces archers qui vont assiéger la Cour des Miracles !… je voudrais entrer la première et le poignarder de mes mains, quitte à mourir de douleur sur son corps !… Non, vois-tu, ce qui me tue, c’est de savoir qu’elle est avec lui ! c’est que, s’il meurt, il mourra dans ses bras, à elle ! c’est que, jusqu’à la fin, il l’aura aimée, adorée… tandis que moi…
    – Myrtille est à la Cour des Miracles ?… haleta Mabel.
    – Elle y est !
    – Avec Buridan ?
    – Oui ! Et c’est le père même de Myrtille, c’est Enguerrand de Marigny qui m’a appris le malheur qui me trappe. »
    Marguerite de Bourgogne se leva et, toute droite, pâle, les yeux flamboyants, murmura :
    « J’aurai du moins une consolation. C’est de savoir que tous deux ont péri ! »
    Il y eut un long silence pendant lequel ces deux femmes demeurèrent plongées chacune de son côté dans une sombre rêverie.
    « Oui, dit enfin Mabel, ce sera une terrible consolation pour vous. Car rien ne peut les sauver ?
    – Rien ! Rien au monde ! Je les ai condamnés tous deux.
    – Tous deux ! Buridan et Myrtille ? Et rien, pas même un retour d’amour, un éclair de pitié, rien ne peut faire que Buridan et Myrtille ne meurent ensemble ?
    – Sois tranquille : ils mourront tous deux !… »
    *
    * *
    Mabel sortit de l’appartement de la reine, ne s’arrêta pas, descendit par l’escalier familier qui lui était pour ainsi dire réservé, franchit diverses cours et se trouva enfin hors du Louvre.
    « Ils mourront tous deux ! Pas un retour d’amour ! Pas un éclair de pitié ! Rien ! Rien au monde ne peut les sauver… Eh bien, qu’elle meure, elle aussi ! »
    Elle courut au Logis hanté.
    Roller attendait avec la patience que donne la haine.
    « Le moment est venu ? demanda l’archer.
    – Pas encore, mais bientôt, dit Mabel. Écoute, il y a ici, dans cette pièce, un rouleau de parchemins. Si le roi lit ces papiers, Marguerite sera déchue, condamnée, exécutée ; ta vengeance sera aussi terrible que tu as pu l’imaginer. Je vais m’absenter quelques heures ou quelques jours… Lorsque je reviendrai, je te dirai ce qu’il y a à faire. Si je ne reviens pas d’ici trois jours, tu agiras seul…
    – C’est bien, dit Roller. Où sont les parchemins ?
    – Je te le dirai. Et si je ne suis pas là pour te le dire, tu chercheras : tu trouveras sûrement.

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