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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le roi. Tu entends bien, Trencavel. Je crierai : « Notre-Dame ! » alors il sera temps.
    – Place au Premier ministre, crie la voix de l’huissier au fond de la galerie. Place à monseigneur Enguerrand de Marigny ! »
    La foule se fend, ondule ; Marigny s’avance vers l’oratoire, calme, grave, imposant et sévère.
    *
    * *
    Marigny se dirigea rapidement vers Louis Hutin. Une sorte de colère furieuse l’agitait et ce fut d’une voix grondante qu’il parla le premier :
    « Sire, dit-il, j’allais me rendre au Louvre au moment où on est venu me chercher. J’ai de graves nouvelles à vous annoncer. »
    Valois recula d’un pas.
    La reine frémit.
    « Quelles nouvelles ? demanda le roi d’un ton glacial.
    – Sire, il est dans Paris un lieu redoutable qui forme une ville dans la ville, un royaume dans votre royaume. C’est un foyer de rébellions, de troubles et de désordres. C’est le camp retranché du vice et du crime. C’est là que se recrute cette armée de mendiants, de jongleurs, de truands, lie de la société, ramassis de tous les vagabonds du monde…
    – La Cour des Miracles ! gronda le roi en tressaillant.
    – Je vous ai dit : « Tant que cette armée n’aura pas trouvé un chef qui comprenne la force redoutable dont il pourrait disposer, nous pouvons encore aviser et prendre des mesures pour éteindre ce foyer de rébellion. Mais, du jour où ce chef sera trouvé, tremblez. Sire, car ce jour-là, c’est le trône de France qui sera directement menacé ! »
    Et déjà, dans l’esprit du roi, sinon dans celui de Valois et de Marguerite, l’arrestation passait au second plan.
    Le cauchemar évoqué se dressait dans toute sa menace.
    « Ces mesures, dit Louis, nous les prendrons terribles, s’il le faut. Nous brûlerons Paris tout entier s’il est besoin, pour que la Cour des Miracles soit ensevelie sous les décombres de Paris. Avant que ce chef dont vous parlez soit trouvé, l’armée des rebelles sera…
    – Il est trop tard, Sire ! dit Marigny, le chef est trouvé.
    – Le chef ! balbutia le roi, chez qui l’épouvante et la colère se déchaînaient ensemble. Quel chef ?… »
    Marigny, d’une voix sourde, continua :
    « La Cour des Miracles choisit Buridan pour son chef et pour son roi. Buridan a autour de lui des lieutenants redoutables, car ces hommes dont vous avez mis la tête à prix, Sire, n’ont plus rien à ménager et sont capables de faire eux-mêmes ce qui chez vous n’est qu’une parole, c’est-à-dire de brûler Paris, de brûler le Louvre ! car ces hommes ce sont les d’Aulnay ! c’est Guillaume Bourrasque ! c’est Riquet Haudryot ! »
    Un frémissement d’angoisse agita Valois et Marguerite.
    Marigny poursuivit, et il semblait qu’une sorte de rage le soulevait de plus en plus :
    « J’ai fait cerner la Cour des Miracles, Sire ! J’ai pris les premières mesures de préservation. J’ai fait ce qu’il était en mon pouvoir de faire pour essayer de sauver votre trône, mais peut-être est-il trop tard ! car je sais que l’étendard infâme de révolte a été planté au milieu de la Cour des Miracles, ce qui est le signe que ces gens préparent quelque formidable expédition ! Et ce n’est pas tout ! Je sais que Buridan, cette fois, est décidé à l’entreprise la plus audacieuse ; je sais qu’il est résolu à vaincre ou à mourir ! Car ce n’est plus sa propre vie qu’il veut sauver, c’est son amour, cette fois, qu’il jette en défi à votre premier ministre, à vous-même, à Paris, à la face du monde ! »
    Marguerite fixa sur Marigny des yeux dilatés par l’horreur. Elle avait compris, elle !
    Valois et le roi, frémissants tous deux, se penchaient sur le premier ministre. Et Marigny, éclatant enfin comme si sa rage et sa fureur eussent fait explosion dans sa poitrine :
    « Et voyez, Sire, jusqu’où peut aller mon désespoir ! Voyez ce que je suis capable d’entreprendre à cette heure contre Buridan. Car celle qu’il aime… celle qu’il détient prisonnière dans la Cour des Miracles par la plus effroyable des audaces, eh bien, Sire, c’est ma fille ! »
    À ce moment, si quelqu’un était entré dans le cabinet, il eût vu Mabel se relever, sortir rapidement comme affolée et s’élancer hors du Louvre.
    « Vous entendez, Sire ! rugit Marigny, vous entendez, reine ! tu entends aussi, toi, Valois ! ma fille est aux mains de Buridan, et Buridan est roi de la Cour des

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