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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pouvais faire un mouvement !… Alors, madame, se passa la chose la plus affreuse. Ma rivale ordonna que mon fils fût tué comme moi !… Et c’est cela, voyez-vous, que je ne lui ai jamais pardonné. Mon amant obéit ! Il remit mon fils… son fils ! oui, son enfant ! il le remit à un serviteur qui s’éloigna pour aller jeter le pauvre petit dans le fleuve… »
    Cette fois, ce fut un gémissement qui jaillit des lèvres de Marguerite.
    « Maintenant, écoutez ceci ! continua Mabel, se redressant toute droite, la voix dure, le visage flamboyant, pareille au génie de la vengeance. Écoutez ! le serviteur ne noya pas l’enfant ! Il fut pris de pitié ! Il le déposa dans une cabane où des gens qui passaient le recueillirent et l’emmenèrent à Béthune, en Artois, et l’y élevèrent !… L’enfant ne mourut pas ! Et moi je ne mourus pas !… Moi, je vins à Paris ; je laissai au temps le soin de changer mes traits… quelques années, d’ailleurs, suffirent à faire de moi une vieille femme, car les heures comptaient double pour moi, et chaque minute était une douleur.
    – Tais-toi, tais-toi !
    – Alors, je m’insinuai auprès de celle qui m’avait poignardée et avait donné l’ordre d’assassiner mon fils. Je devins sa suivante préférée, son amie ; je l’étudiai, je reconnus en elle la femme aux passions violentes, et je préparai la plus terrible des vengeances !…
    – Tais-toi, spectre !…
    – Il faut bien que je vous dise tout !… Le nom du pays où ces choses se passèrent : la Bourgogne !… Le nom de la ville capitale : Dijon ! Le nom de mon amant : Charles, comte de Valois, oncle du roi de France !… Le nom de la jeune fille qui se donna à lui et me poignarda : Marguerite de Bourgogne !
    – Et ton nom, à toi, spectre maudit, je n’ai pas besoin que tu le dises ! car bien souvent il a sonné comme un glas à mes oreilles : tu es Anne de Dramans !…
    – Oui ! répondit Mabel avec une terrible simplicité.
    – Eh bien, rugit Marguerite, c’est la dernière fois que ce nom sera prononcé ! Cette fois, du moins, mon poignard achèvera ce qu’il a commencé à Dijon… »
    Et, d’un coup violent, elle frappa Mabel au sein.
    Mabel ne tomba pas…
    D’un deuxième coup, elle frappa au même endroit.
    Cette fois, la lame se brisa.
    Marguerite recula, effarée, en grondant :
    « Oh ! est-il donc vrai que tu es sorcière ? »
    Pour toute réponse, Mabel écarta son vêtement à l’endroit où elle avait été frappée et montra une de ces cottes de mailles fines, serrées, telles qu’on les fabriquait dans les ateliers de Milan ou de Tolède, les deux grands centres de travail de l’acier, l’un en Italie, l’autre en Espagne.
    Et Mabel ajouta alors :
    « Maintenant, Marguerite, voici ce qui me reste à vous dire :
    « Depuis que je sais mon fils vivant, ma vengeance, si longtemps et si précieusement préparée, n’est plus dans mon esprit qu’un rêve qui s’efface. Je vous sauve si vous sauvez mon fils et celle qu’il aime. »
    Marguerite demeura longtemps sans répondre, la tête baissée, les yeux fixés sur cette lame de poignard dont les morceaux étaient tombés à ses pieds.
    Enfin, elle gronda :
    « Ainsi, tu me donnes à choisir entre ta vengeance et ton pardon, entre ma perte et le salut de Buridan ?
    – Oui, je vous donne à choisir entre la paix et la guerre. Et je vous jure, ajouta Mabel, je vous jure que, si vous choisissez la guerre, c’est vous, reine, qui serez écrasée.
    – Eh bien, je choisis la guerre. Dussé-je être écrasée comme tu me l’annonces, dussé-je, déchue de mon rang, traîner une existence lamentable, tout vaut mieux que la certitude de leur bonheur ! la guerre, soit. La guerre, dont ton fils et ma fille vont être les premières victimes. »
    Mabel, sans un mot, sans un geste, se dirigea vers l’escalier tournant, qu’elle descendit, et elle sortit de la tour.
    De l’ombre de ce saule, sous lequel Philippe d’Aulnay avait si souvent guetté, un homme s’avança et demanda :
    « Est-il temps ? Faut-il agir ? »
    Mabel répondit :
    « Oui. L’heure de la vengeance est venue, Wilhelm Roller. Va m’attendre au logis du cimetière des Innocents. Et si tu ne m’as pas revue avant midi, tu porteras au roi de France les papiers dont je t’ai parlé. »
    Sur ces mots, Mabel s’éloigna en toute hâte, et l’homme qu’elle avait appelé Roller demeura

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