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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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un chef !… Et j’obéirai, dit le duc d’Égypte.
    – Un capitaine qui nous guide ! dit le duc de Thunes.
    – Ducs, comtes, massiers, suppôts, argotiers ! reprit Hans, ce chef est tout désigné. C’est Jean Buridan.
    – Hourra ! Hourra ! Hourra !
    – Vive le capitaine Buridan !… »
    Alors, mendiants, Égyptiens, truands se formèrent en une longue colonne qui défila devant l’estrade, étrange défilé d’êtres déguenillés et sordides, de visages hideux et flamboyants ; effrayante procession d’où jaillissaient des menaces, des cris de mort et des acclamations, où se confondaient pêle-mêle des jeunes femmes à la beauté flétrie, des vieilles qui marmottaient des imprécations et traçaient dans l’air des signes cabalistiques, des géants aux épaules d’hercule, des gnomes aux jambes torses, et tout cela passait comme un torrent qui, sur son passage, charrie des fleurs, des arbres, des cadavres, et tout cela hurlait :
    « Hourra ! Hourra ! Hourra !
    – Vive le capitaine Buridan ! »
    *
    * *
    Buridan poussa la porte de la chambre qu’il occupait avec Gautier, et, à la pâle lueur d’un flambeau, il vit Myrtille qui l’attendait…
    Il la serra dans ses bras… Elle était toute tremblante…
    « Buridan, fit-elle, ces cris de mort… ces clameurs… ces hommes dans la lumière des torches… J’ai tout vu, tout entendu de là-haut… Je suis descendue… Buridan, mon cher fiancé, que se passe-t-il ?
    – Rien qui doive t’effrayer… mais tu as eu tort de descendre de ta chambre…
    – Puisque tu dois te battre, Buridan, je serai près de toi. Je veux ma part de tes dangers, et tu n’as pas le droit de m’écarter, puisque c’est ensemble que nous devons mourir.
    – Myrtille, si tu viens à la bataille, si, dans la mêlée, tu frappes l’un de ceux qui vont nous assaillir, si cet homme expire sous tes yeux, tu risques ceci : qu’en baissant ton regard sur le cadavre, tu ne reconnaisses ton père. »
    La jeune fille devint très pâle.
    Elle se recula de quelques pas, cacha son visage dans ses deux mains et Buridan l’entendit qui sanglotait tout bas.
    Alors, il prit la main de la fille d’Enguerrand de Marigny et la reconduisit dans sa chambre. Puis, tandis que Myrtille, tombant à genoux, priait la Vierge et les saintes qu’elle tenait en vénération, Buridan redescendit jusque dans la salle du rez-de-chaussée où il retrouva ses compagnons assemblés.
    « Et maintenant, dit Buridan, puisque je suis capitaine et que vous êtes les lieutenants, tenons conseil de guerre !… »
    *
    * *
    La journée qui suivit se passa en étranges préparatifs qui furent faits du côté de la rue des Francs-Archers. La rue Saint-Sauveur et la rue aux Piètres furent barricadées. Et, certes, ces barricades étaient telles qu’elles pouvaient permettre aux assiégés de résister des mois.
    Or, à la suite du conseil de guerre qui fut tenu et où Buridan développa son plan, la rue des Francs-Archers, qui, cependant, était la principale, ne fut pas barricadée.
    Or, c’était de ce côté-là que devait se porter le gros effort des assaillants…
    Le soir vint. La nuit enveloppa de son ombre la Cour des Miracles, qui semblait écrasée de silence.
    Les troupes royales semblaient dormir.

XIII
 
LAISSEZ PASSER (suite)
    Vers cinq heures du matin, Buridan fut prévenu qu’un mouvement de troupes royales se dessinait vers les barricades, c’est-à-dire vers la rue Saint-Sauveur et la rue aux Piètres, tandis que la rue des Francs-Archers demeurait parfaitement paisible.
    « Auraient-ils éventé le piège ? » se demanda Buridan.
    Il monta dans la chambre de Myrtille et trouva la jeune fille devant la porte ouverte, écoutant et guettant.
    « C’est l’heure, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.
    – Oui », fit Buridan.
    Une indicible émotion l’étreignit alors à cette minute où il allait se séparer de celle qu’il aimait – séparation éternelle peut-être, cette fois.
    Quant à elle, pâle comme une morte, elle gardait ce sourire qui électrisait Buridan. Et ce fut elle qui parla :
    « Si tu revenais vainqueur, et si le malheur avait voulu qu’Enguerrand de Marigny soit tombé sous tes coups, c’est alors, mon bien-aimé, que nous serions à tout jamais séparés par le sang. Jure-moi, Buridan, jure-moi que, si tu te trouves face à face avec lui, dans la mêlée, ton épée se détournera de lui… »
    Buridan se mit à genoux et

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