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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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je te conduis tout bonnement au Temple, où monseigneur de Valois, qui t’interrogera tout d’abord, décidera de toi.
    – Je maintiens ce que j’ai dit. C’est au Louvre qu’il faut me conduire si vous voulez toucher la gratification.
    – Et, fit le sergent goguenard, une fois au Louvre, faudra-t-il pas te conduire devant le roi ?
    – Vous l’avez dit, répondit froidement Lancelot, c’est au roi lui-même que j’ai affaire. »
    Cette fois-ci, le sergent fut secoué d’un fou rire.
    Quelle apparence, en effet, que ce malfaiteur, ce truand, eût affaire au roi ? C’était fou, c’était à se tordre de rire, et c’était ce que faisait le brave sergent.
    « Conduisez-moi au Louvre, faites savoir au roi que je désire faire des révélations importantes au roi seul sur ce qui s’est passé à la Tour de Nesle, et je vous réponds que le roi me fera immédiatement appeler devant lui ; je réponds à un tel point que ce n’est pas cent, mais peut-être deux cents écus que Sa Majesté allouera à celui qui m’aura amené devant elle.
    – Soit ! fit l’homme, prenant son parti, je vais te conduire au Louvre ; mais, si tu m’as menti, malheur à toi !
    – Hélas ! je n’aurai jamais de supplice plus complet que celui que vous m’avez annoncé tout à l’heure.
    – Au fait, dit le sergent, il a raison. Holà ! vous autres, reprit-il en s’adressant à ses hommes, nous changeons de direction et nous allons au Louvre d’abord. »
    Lancelot Bigorne ne souffla mot, mais il respira largement, comme quelqu’un qui vient d’être soulagé d’un grand poids qui l’oppressait.
    La troupe changea de direction, comme venait de le commander son chef, et, quelques instants plus tard, arrivait au Louvre.
    Au Louvre, ce fut une autre histoire : il fallut trouver un gentilhomme de la maison qui se chargeât d’aller informer le roi.
    Enfin, après une longue attente, on vint chercher le prisonnier, toujours étroitement surveillé, et on le conduisit devant Louis.
    « Hi han ! fit Bigorne en manière de salamalec.
    Louis bondit. Et il s’apprêtait à donner un ordre rigoureux, lorsque, ayant regardé à deux fois le prisonnier qu’on lui amenait, il reconnut l’homme qui l’avait consolé et fait rire. Louis se radoucit et cria :
    « Est-ce bien toi que je revois, fou ?…
    – Je vois avec plaisir que monseigneur le roi a bonne mémoire, répondit Bigorne, il m’a tout de suite appelé par mon nom. »
    Aussi, après avoir répondu audacieusement au roi, crut-il devoir appuyer sa réponse d’un nouveau braiment sonore, à la stupéfaction profonde des assistants, mais pour la plus grande joie du roi qui, cette fois, éclata franchement de rire, riant autant des hi han ! frénétiques de Lancelot que des mines effarouchées de ceux qui l’entouraient.
    « Assez, assez ! maître fou, fit le roi, voyant que Lancelot ne s’arrêtait plus de braire. Voyons, tu as des révélations importantes à nous faire, paraît-il ? Eh bien, cesse de faire l’âne et parle en bon français. »
    À ce moment, l’un des gentilhommes présents fit deux pas en avant et se rapprocha du roi comme pour lui dire quelques mots confidentiels.
    « Qu’est-ce ? fit le roi ; parlez, monsieur. »
    Le gentilhomme prononça à voix basse quelques mots dont le résultat fut que, soudain, le sourire bienveillant du roi disparut par enchantement et, que ce fut d’un ton rude, mauvais, qu’il s’adressa à Bigorne, cependant que l’auteur de ce changement à vue rentrait dans le rang.
    « Çà, que me dit-on, mon maître, que vous avez combattu aux côtés de ce truand qui a nom Buridan ? que vous avez été pris au sortir de ce lieu infâme, réceptacle de crimes et de rébellion qu’on appelle la Cour des Miracles ?
    – Sire, fit Bigorne qui comprit cette fois qu’il jouait sa tête, ne saviez-vous pas que j’étais à la Cour des Miracles ?
    – Certes. Mais tu as combattu ! On t’a vu ! Est-ce vrai ?
    – C’est vrai, Sire !
    – Tu avoues donc ? gronda le roi.
    – Je fais plus que d’avouer… je m’en vante. Hi han ! tiens !… je voudrais vous y voir, vous, tout roi que vous êtes ! Et si votre vie dépendait uniquement de la vie d’un autre, – comme la mienne dépendait de celle de ce Buridan, – ne tireriez-vous pas l’épée pour la défense de cet autre, tout comme je l’ai fait pour le sire de Buridan ? Vous oubliez, Sire, maintenant que je suis

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