Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
roi ?…
    – Hi han !… fit Bigorne, jouant la terreur, plaise à Votre Majesté de remarquer que je n’accuse personne… Je dis, ce qui est la vérité, que Mgr de Valois et Mgr de Marigny en savent aussi long ou peu s’en faut que le sire d’Aulnay, et qu’ayant intérêt à ce que celui-ci ne parle pas, ils s’arrangent en conséquence. Mais je ne les accuse de rien, moi, je ne sais rien…
    – Je vais faire appeler Valois et Marigny à l’instant même, nous verrons bien…
    – Nous ne verrons rien… Ils diront respectueusement au roi qu’ils ne savent de quoi le roi veut leur parler, ils diront cela et ils le maintiendront !… Et le roi, comment, par quelle preuve pourra-t-il les convaincre de mensonge ?… Le roi n’a aucune preuve… Le roi sera placé d’une part entre deux seigneurs qui donneront leur parole de chevaliers qu’ils ne comprennent rien à ce qu’on leur dit, et d’autre part un pauvre, un misérable bouffon comme moi, qui ne sait rien, mais peut tout faire savoir au roi !… Et le roi n’hésitera pas ! Il ajoutera foi à la parole des deux seigneurs qui ne feront qu’une bouchée du pauvre Lancelot ! Devrais-je voir si tôt finir mes jours pour avoir voulu servir fidèlement mon maître, mon roi ! Hi han !… pauvre moi, pauvre !…
    – C’est vrai, fit le roi, tu as raison… mais, pour Dieu ! cesse tes braiments qui n’ont que faire ici.
    – C’est juste, fit Lancelot qui redevint très sérieux et ajouta, avec un air de dignité qui frappa étrangement le roi :
    « Sire, je ne suis que le plus humble de vos sujets, je suis ici par votre grâce, n’ayant d’autre fonction que celle d’amuser et de divertir mon roi, mais, Sire, sous une écorce rugueuse peut se cacher un bon fruit… Que mon roi laisse tomber un regard sur moi, qu’il m’honore d’un peu de sa royale confiance, et ce qui lui tient tant à cœur, ce que je ne puis dire, dussé-je être roué vif, attendu que je l’ignore, ce que d’autres savent et peuvent dire, j’en jure le Christ, je le ferai dire à mon roi !… Et pour cela, Sire, que faut-il ? Ruser ?… Ah ! je le sais, ce mot sonne mal à vos royales oreilles… mais ceux qui apportent au service de leur maître, trahison et félonie, méritent d’être combattus par leurs propres armes… C’est le seul moyen de les vaincre… À la ruse, il faut opposer la ruse… »
    Le roi parut d’autant plus frappé que ces paroles et ce maintien calme et digne contrastaient étrangement avec les allures qu’il avait vues jusque-là à celui qu’il avait pris pour bouffon.
    Que se passa-t-il ensuite ? Quel entretien eut lieu entre le roi et son fou ? Quelles décisions furent prises ?
    C’est ce que la suite de ce récit nous apprendra sans doute.

XVIII
 
ÉVASION DE SIMON ET DE GILLONNE
    Il nous faut revenir momentanément à deux de nos personnages que nous avons laissés dans une situation précaire et dont les faits et gestes sollicitent notre attention : nous voulons parler de l’homme de confiance du comte de Valois, Simon Malingre, et de sa digne compagne Gillonne.
    Quarante-huit heures environ après le départ de Lancelot Bigorne, ces deux personnages n’avaient pas aperçu visage humain, et, chose plus terrible, n’avaient pas encore reçu la moindre miette de pain, la plus petite goutte d’eau pour se sustenter ou s’humecter la gorge.
    « Gillonne ! gémit Malingre.
    – Simon ? interrogea Gillonne.
    – Allons-nous périr de faim et de soif dans cette tanière d’enfer, comme deux renards pris au gîte ?
    – Nous ne sommes pas perdus encore !…
    – Faut-il entendre par là que tu as une idée ?
    – Peut-être !
    – Quelle est-elle ?… Gillonne, ma bonne Gillonne, dis-la, ton idée… Je sais de quelles ressources dispose ton esprit subtil. Vois-tu, j’ai toujours pensé que tu étais la forte tête de nous deux… Que la foudre m’écrase si je ne te dis la vérité !
    – La forte tête !… murmura Gillonne en laissant tomber sur son compagnon un regard méprisant, la forte tête, oui, malheureusement pas le bras.
    – Chienne de sorcière ! hurla Simon, exaspéré par ce silence méprisant, parleras-tu ?… Je ne sais ce qui me retient d’écraser ta carogne carcasse !… car, enfin, c’est ta faute, ce qui nous arrive là… »
    Gillonne, après avoir regardé un instant fixement son compagnon, laissa tomber ce seul mot :
    « Imbécile ! »
    L’effet

Weitere Kostenlose Bücher