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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de terreur.
    – Écrit !… Oh ! et vous avez laissé les papiers là-bas ?
    – Oui !… Une bravade ! une folie ! une inspiration des démons acharnés à ma perte !… J’ai écrit !… écrit à Buridan !… Des lettres insensées !
    – Peut-être le roi ne les verra-t-il pas, madame !
    – Malheureusement ! S’il ne voit pas les lettres, il verra mon manteau d’hermine, et les deux émeraudes qu’il m’a données !…
    – Quelle imprudence, madame !
    – Dis folie ! Dis plutôt l’inspiration de la vengeance divine ! Dis plutôt que le Ciel est las de mes crimes ! Dis plutôt que la Tour de Nesle est habitée par des spectres qui m’ont soufflé des pensées de bravade imbécile ! Dis plutôt que la malédiction de Gautier d’Aulnay commence à produire son effet… »
    Marguerite de Bourgogne se renversa sur le plancher, en proie à une crise de nerfs.
    *
    * *
    Lorsqu’elle revint au sentiment des choses, elle se vit sur son lit, où la frêle Juana avait eu la force de la transporter. Juana était penchée sur elle, guettant anxieusement son réveil.
    « Madame, rassurez-vous, le danger est passé !…
    – Le roi n’a donc pas été à la tour ?
    – Si fait, madame ! mais il est de retour. Il rit. Il mange d’excellent appétit. Toutes choses que le roi ne ferait pas s’il avait trouvé le moindre indice à la tour.
    – C’est vrai, c’est vrai ! murmura la reine dans un long soupir de soulagement. Mais alors, qu’a-t-il été faire à la Tour de Nesle ? Et qui a pu lui donner l’idée d’y aller, lui qui a toujours refusé d’y mettre les pieds depuis qu’un nécromant l’a prévenu qu’un grand malheur l’y attendait ?
    – Oui, madame, jamais le roi ne va à la Tour de Nesle, et vous savez que nous avons tout fait pour augmenter cette horreur et cette crainte qu’elle lui inspire. Il a donc fallu un puissant motif pour le décider…
    – Et ce motif ? interrogea la reine avec angoisse.
    – Un homme le lui a apporté : Lancelot Bigorne !
    – Lancelot Bigorne !… gronda la reine, reprise de toute son épouvante. Tu vois bien, Juana, que je suis dans la main de la fatalité ! Tu vois bien que Buridan a juré ma perte !… Mais comment Lancelot Bigorne, dont la tête est mise à prix, a-t-il pu parler au roi ?…
    – C’est cela qui doit vous rassurer, madame ! Lancelot Bigorne, pour une raison que nous ne pouvons soupçonner, est venu dénoncer son maître, Jean Buridan. J’ai tout entendu, madame !… Il a prévenu le roi que le comte de Valois avait été enfermé à la Tour de Nesle !… Le roi a été y chercher son oncle, et maintenant tous les deux sont ensemble, à table…
    – Ainsi, fit Marguerite, qui, les yeux élargis par l’étonnement, avait écouté ce récit, ces hommes ont eu l’audace de venir à la tour ?…
    – Et sans aucun doute, madame, ne sachant pas que le roi a délivré le comte, ils y reviendront !… »
    Marguerite, quelques minutes, réfléchit, muette, frémissante, calculant, combinant…
    « Juana, reprit-elle enfin, il est sûr que le roi, en sortant de table, voudra se rendre dans sa chambre à coucher, comme il fait toujours quand il a bien dîné. Va à ton poste et reviens me prévenir… Si le roi s’endort comme d’habitude, je suis sauvée ! »
    Juana s’élança.
    Mais, presque aussitôt, Marguerite la rappela…
    « Reste ! dit la reine d’une voix agitée. Je veux voir et entendre par moi-même ! Donne la clef… »
    Juana obéit, et la reine, sortant de sa chambre, suivit un long couloir. C’était celui-là même que Louis, escorté de Bigorne, de Guillaume et de Riquet, avait suivi en sens inverse pour sortir du Louvre. Nous avons dit que ce couloir était secret, c’est-à-dire qu’il n’était connu que du roi, de la reine, des serviteurs intimes, et qu’il faisait communiquer l’appartement de Louis avec celui de Marguerite. Nous avons vu que le roi, parvenu vers le milieu de ce couloir, avait pris un escalier qui lui avait permis de descendre dans les cours du Louvre. Marguerite passa devant cet escalier sans s’y arrêter. Vingt pas plus loin, il y avait un renfoncement, ou plutôt une sorte de niche dans laquelle avait été placée une statuette représentant sainte Geneviève, sainte à qui la reine Marguerite faisait de préférence ses dévotions. La statuette était en bronze et solidement fixée au socle qui la supportait. Mais Marguerite,

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