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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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soupir.
    « Pourquoi, madame, reprit Juana, ne pas appeler le sommeil à votre secours ?
    – Tu m’ennuies, dit la reine, va-t’en ! »
    La servante, vive et légère, fit une rapide révérence et se dirigea vers la porte.
    « Reste ! » cria Marguerite.
    La soubrette exécuta une nouvelle révérence et revint.
    « Et toujours aucune nouvelle de Mabel ?
    – Aucune, madame ! Mais pourquoi vous tourmenter ? Elle reviendra, soyez-en sûre…
    – À quoi donc es-tu bonne ? gronda Marguerite.
    – Oh ! madame, allez donc trouver quelqu’un qui se cache dans cet immense Paris, qu’on dit la plus grande ville du monde et qui, sûrement, est grand dix fois comme Florence. J’ai cherché, mais en vain ; Stragildo a cherché aussi, et vous savez pourtant que c’est un fin limier !
    – Pas de nouvelles de Mabel ! murmura la reine. Donc, pas de nouvelles de Myrtille ! Oh ! qu’elle revienne, ajouta-t-elle. Et elle verra de quoi est capable ma vengeance ! La misérable s’est jouée de moi ! Son philtre est un philtre imposteur. Il n’a donné à Buridan ni l’amour… ni la mort !… Oh ! jouée, bafouée, méprisée par ces hommes !… Si tu savais ce qui s’est passé dans l’enclos aux lions, Juana ! Si tu savais ce qui s’est passé dans les souterrains de la Tour de Nesle !
    – Leur tête est mise à prix, madame !… Pauvres jeunes gens. Il en est un surtout dont vraiment vous devriez avoir pitié, puisque sans lui vous seriez morte. Et de quelle mort ! Broyée, lacérée, dévorée par ce lion monstrueux !…
    – Ce Philippe d’Aulnay ! Je le hais plus que tous les autres ensemble. J’aime encore mieux la haine de Buridan que l’amour de Philippe !… Ce Philippe d’Aulnay, quand j’y songe, c’est la malédiction de ma vie ! Et Valois ! reprit Marguerite avec un grondement. Qui sait ce qu’il est devenu ! Qui sait ce qu’ils en ont fait après l’avoir enlevé de son hôtel ?
    – Vous vous intéressez donc bien à l’oncle du roi, madame ?
    – Je le méprise ! Mais il sait des choses terribles. Je le hais plus encore que Marigny. Ah ! j’ai été trop faible… Ces deux hommes devraient déjà être hors de mon chemin… »
    Elle passa sur son front pâle comme un beau marbre une main nerveuse et fiévreuse.
    « Que fait le roi ? reprit-elle tout à coup.
    – Le roi ? Sans doute il dort, madame ?
    – Va t’en assurer, Juana… »
    La jeune fille s’élança. Marguerite, demeurée seule, poursuivit sa lente promenade escortée de spectres dans les tressauts de son esprit qui allaient de l’épouvante au défi, de la haine à la passion d’amour.
    Un éclat de rire crispa soudain ses lèvres. Et il y avait dans ce rire un mépris intense, le plus intense et le plus parfait des mépris : le mépris de la femme qui n’aime pas, pour l’être auquel malgré soi-même est liée sa destinée.
    « Le roi dort ! dit-elle. Le roi !… Mon époux !… Mon maître !… Un homme, ce roi ? Allons donc ! même pas un roi !… Pauvre hère, qui ne comprend pas encore à quel sommet l’a porté le hasard de sa naissance !… Triste roi ! que les Flamands, un peuple de manants, insultent et provoquent ! Quand il a tué un sanglier, le roi croit avoir fait œuvre de roi. Quand il a étonné les plus rudes mangeurs par quelque énorme ripaille, il croit avoir fait œuvre d’homme ! Et puis il dort !… Ses frères songent à le déposer et il dort ! Heureusement, je les tiens tous deux par mes sœurs !… Marigny le réduit à la ruine, et il dort ! Valois guette l’occasion de prendre d’assaut ce trône, et il dort !…
    – Madame ! Madame ! haleta Juana, en entrant précipitamment, le roi est sorti du Louvre !…
    – Sorti du Louvre ? fit dédaigneusement Marguerite. Sans doute pour aller à la rue du Val-d’Amour ; c’est sa Tour de Nesle, à lui !
    – Non, madame ! pour aller…
    – Eh bien, achève, folle !…
    – À la Tour de Nesle !… »
    Marguerite étouffa une clameur d’épouvante.
    « Courage, madame ! courage ! fit Juana en la soutenant. Le roi ne peut trouver nul indice…
    – Malheureuse ! rugit Marguerite. Je suis perdue… La malédiction de Gautier est sur moi !… »
    Ses yeux, agrandis par l’horreur, exprimèrent un paroxysme d’effroi.
    « Madame !… revenez à vous… le roi ne peut rien savoir, rien trouver…
    – J’ai écrit ! bégaya la reine dans un hoquet

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