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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pas ne pas venir. Hé ! mais, n’est-ce pas elle que j’aperçois là-bas ?… Oui, ma foi… Enfin !… Nous allons régler nos comptes !… »
    En effet, c’était Gillonne qui arrivait, exacte au rendez-vous.
    Elle était enveloppée dans une vaste mante noire et marchait lentement, avec précaution.
    Malingre courut à sa rencontre et, derrière elle, poussa soigneusement les verrous intérieurs de la porte d’entrée.
    « Tu vois, Simon, dit Gillonne, je suis exacte.
    – Je savais que tu serais exacte, répondit Malingre en riant. Attends que je te décharge… ça doit être lourd à porter, une cassette pareille… surtout pour une femme faible comme toi, ma douce Gillonne.
    – Non, non, je la porterai bien toute seule. »
    Il n’insista pas et dit :
    « Comme tu voudras, ma mignonne, c’était pour te rendre service. Mais ne restons pas dans ce jardin, entrons dans la maison, veux-tu ? »
    Il s’était assis assez loin d’elle, en face, et soit hasard, soit préméditation, il était placé devant la porte, les deux mains sur le pommeau de son épée – car il s’était muni d’une arme – le menton appuyé sur les mains, la regardant en riant.
    « Voyons donc cette jolie cassette…
    – Voici !… Tu vas l’ouvrir… nous compterons ce qu’elle contient… bien que je sache à un denier près… nous ferons deux parts égales (Seigneur ! que je suis donc malade !) tu prendras… (j’étouffe) et tu prendras… la moitié qui te revient (Vierge sainte !… je suis morte).
    – Bah ! fit Malingre, vraiment ébahi de cette concession à laquelle il était loin de s’attendre. Tout de suite.
    – Nous étions de bons amis, Simon… nous devions nous marier… ne t’en souviens-tu pas ?
    – Oui, oui, en effet, tu m’aimais beaucoup ! C’est sans doute pour cela que… tiens, pas plus lard qu’hier soir, je t’ai entendue, quand tu me dénonçais à monseigneur… en sorte que, ce matin, si je n’avais su diriger ma barque, je serais à l’heure actuelle dans quelque cachot… et toi, occupée, sans doute, à retourner dans ce jardin pour découvrir mon trésor et t’en emparer.
    – Saints anges du paradis ! il sait tout !… Je suis perdue ! »
    Malingre, sa dague toujours au poing, s’était approché en chantonnant d’un rideau tendu devant l’embrasure d’une fenêtre et il avait tiré ce rideau.
    « Regarde, Gillonne, si je suis homme de précaution. Vois-tu la belle corde neuve que je te destine… Eh ! eh ! eh ! elle m’a bien coûté trois sols, cette corde-là… et ce nœud coulant ? Le bourreau juré n’en fait pas de meilleur… Et cette poulie là-haut, au plafond, que j’ai plantée moi-même… crois-tu que c’est solide ?… et ce piton ici, là, près de la fenêtre, pour accrocher la corde, quand tu te balanceras au bout !… Oh ! je n’ai rien ménagé, va, et je n’ai pas regardé à la dépense.
    – Grâce ! Simon, grâce !
    – Marche ! » dit Simon.
    Sous la piqûre, Gillonne poussa un hurlement, mais néanmoins ne bougea pas.
    « Marche ! » répéta Malingre, en enfonçant plus profondément la pointe dans la gorge.
    Alors, l’infortunée Gillonne se redressa d’un bond et, échevelée, hagarde, à moitié folle, se dirigea à reculons vers la corde, poussée par la pointe de la dague qui la piquait au visage, chaque fois qu’elle faisait mine de s’arrêter.
    Et Malingre, maintenant, chantait à pleine voix une chanson macabre, dans laquelle il était question précisément de gibet, de bourreau et de corde bien graissée. Gillonne se trouva enfin acculée à un escabeau.
    « Monte », commanda la voix impérieuse de Malingre, qui avait tiré le rideau derrière lui comme s’il eût craint qu’un œil indiscret pût jouir du terrible spectacle auquel il se délectait.
    Idée bien malencontreuse qu’il avait eue là, Malingre, car, s’il n’avait pas tiré ce rideau, il aurait pu voir un des énormes bahuts qui garnissaient la pièce s’ouvrir sans bruit, une ombre sortir prestement de ce bahut, le refermer vivement, bondir sur la cassette restée sur la table, s’en saisir, gagner en deux bonds la deuxième fenêtre, l’ouvrir sans bruit, l’enjamber et la tirer à lui du dehors.
    Mais Malingre était trop joyeusement occupé derrière son rideau pour voir ce que nous venons de montrer au lecteur.
    Malingre, devant l’hésitation compréhensible de Gillonne, répéta, en l’appuyant de

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