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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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crainte, cette hantise, il répétait toujours les mêmes phrases.
    Cependant il avait creusé déjà un trou assez profond. Il lui semblait qu’il aurait dû déjà rencontrer le bois du coffret.
    Il s’arrêta, s’assit les jambes pendantes en dedans du trou qu’il avait creusé et larmoya :
    « Elle m’a volé !… la gueuse m’a tout pris. »
    Or, comme il répétait pour la centième fois peut-être : « Trop tard !… La gueuse m’a volé ! » une main se posa sur son épaule et une voix railleuse lui cria :
    « Eh ! mais c’est mon camarade Simon Malingre !… Çà ! que fais-tu donc là à pareille heure ? »
    Il ne fut même pas étonné de voir là Lancelot Bigorne. Tout à son désespoir et à son idée fixe, il désigna le trou et dit de son ton larmoyant :
    « La gueuse m’a volé.
    – On t’a volé, compère ?… Mais, cornes du diable ! ce n’est pas une raison pour brailler comme un veau à l’abattoir… On ne réveille pas ainsi les gens, que diable !… Allons, lève-toi et suis-moi. »
    Ces mots, dits d’une voix rude, commencèrent à tirer quelque peu Malingre de son engourdissement cérébral.
    Il reconnut enfin Bigorne, la mémoire lui revint et, avec la mémoire, la conscience de la passe critique en laquelle il se trouvait.
    « Maintenant, marche de bonne grâce, si tu ne veux pas que je te pousse avec la pointe de ma rapière. »
    Malingre dut donc se résigner à marcher.
    Mais, lorsqu’il vit que Lancelot Bigorne se disposait à le faire entrer dans la salle même où il avait pendu Gillonne, la crainte du fantôme vint assaillir son esprit déjà fortement ébranlé par des secousses successives et il se raidit nerveusement en disant d’une voix suppliante :
    « Non, pas là… pas là… »
    Malingre ne pensait qu’au fantôme qui lui avait parlé là, derrière ce rideau, au fantôme qui l’avait dépouillé.’
    « Puisque tu as juré de nous perdre, ce que tu ferais indubitablement si je te laissais aller, ne voulant pas être tué par toi, je vais, puisque je te tiens, te tordre le cou comme à un poulet… ou plutôt non, je vais te pendre ici même.
    – Me pendre ici ? dit Malingre qui avait entendu vaguement.
    – Oui, scélérat, ici même… derrière ce rideau !… »
    Malingre se mit à rire.
    « Ouais ! tu ris de cela, toi ?… Serais-tu brave, par hasard ?
    – Me pendre ici, reprit Malingre qui riait toujours, que non… la place est prise… elle y est déjà, elle !…
    – Bien ! bien ! Je vois où le bât te blesse », dit Lancelot, qui crut comprendre.
    Et, se levant, il alla tirer le rideau.
    Mais Malingre se boucha les yeux de ses poings fermés et s’aplatit à terre en gémissant.
    « Regarde s’il n’y a pas de quoi te pendre proprement. »
    Malingre regarda, en effet, et resta béant de stupeur.
    La corde était toujours là, se balançant lentement au-dessus de l’escabeau qui avait été remis en place par une main mystérieuse ; seulement Gillonne, qu’il avait laissée pendue au bout de cette corde, Gillonne n’y était plus !
    Malingre se demandait de plus en plus s’il n’y avait pas là de la magie.
    « Allons, fit rudement Bigorne, marche… »
    Et la scène qui s’était passée entre Malingre et Gillonne recommença.
    Seulement cette fois, c’était Malingre qui se trouvait dans la situation de Gillonne, et c’était Lancelot Bigorne qui le piquait, lui, Malingre, de la pointe de sa rapière et, lui désignant la corde, lui disait :
    « Marche ! »
    Arrivé là, le misérable perdit la notion des choses.
    Il vit, il sentit vaguement que Lancelot, riant et grimaçant, poussant de formidables hi han ! lui passait le nœud fatal au cou ; il sentit, une seconde, une douleur atroce à la nuque et il se sentit balancé dans le vide et ce fut la fin…
    *
    * *
    Or, Malingre n’était pas mort et Gillonne n’était pas morte.
    Lancelot Bigorne avait assisté, caché dans un des bahuts qui ornaient la salle, à l’entretien de Malingre et de Gillonne.
    C’est lui qui, profitant de ce que Malingre se trouvait occupé à pendre Gillonne derrière le rideau, avait adroitement subtilisé la cassette.
    C’est lui qui, sorti par une fenêtre, était allé à l’autre où il avait assisté à toute la scène de la pendaison.
    Lui encore qui avait dépendu l’infortunée Gillonne à temps, lui avait donné des soins, l’avait rappelée à elle et lui avait soufflé les paroles

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