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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui jetèrent la terreur dans le cerveau de Malingre.
    Lui toujours qui avait confié Gillonne à Bourrasque, lequel l’avait descendue dans le caveau voisin de celui où se trouvait déjà Stragildo, pendant que Riquet transportait au grenier la cassette tant convoitée par Malingre.
    Lui qui s’était élancé derrière Malingre et, après l’avoir laissé longtemps creuser le sol, l’avait enfin conduit là où il s’était livré à un simulacre de pendaison pour achever de le terrifier, ensuite de quoi il l’avait dépendu, descendu dans le caveau et jeté auprès de Gillonne qui, certes, se serait passée de ce voisinage.
    *
    * *
    Cependant, les secousses violentes qui avaient agité successivement et si rapidement son cerveau avaient fortement ébranlé la raison de l’infortuné Malingre.
    Lorsque, sortant de l’évanouissement dans lequel il était tombé, il revint à lui, il se trouva dans l’obscurité d’une cave, sorte de cachot.
    Lorsque, ses yeux s’habituant à l’obscurité du cachot, il vit Gillonne qui, terrifiée elle-même, s’était blottie en un coin et le regardait avec une crainte mêlée d’une satisfaction farouche, sa raison vacilla complètement et le malheureux devint fou tout à fait.
    Il commença par montrer du doigt Gillonne en disant :
    « Là !… Là !… Abomination !… le fantôme !… Que me veux-tu encore ? Tu m’as pris tout mon or… tout mon or chéri, tu me l’as pris… Tu as pris ma vie… Maintenant, c’est mon âme que tu veux ?… Hein ?… oui, pour la porter à messire Satan ?… Arrière !… Arrière !… Tu ne l’auras pas, mon âme… non, tu ne l’auras pas… »
    À ces mots, Gillonne comprit et elle frémit :
    « Fou ! murmura-t-elle, il est fou !… Doux Jésus !… Mais il va m’étrangler… Je ne veux pas rester ici… Non, c’est trop horrible ! Je deviendrais folle moi-même. »
    Et comme, à ce moment précis, Gillonne, au paroxysme de la terreur, frappait à la porte à tour de bras en hurlant, le fou crut que le fantôme se ruait sur lui ; il se dressa tout d’une pièce et saisit l’infortunée au cou par-derrière, en criant :
    « Ah ! je te tiens… je te tiens bien !… Voyons qui sera le plus fort de nous deux… Ah ! ah ! Mon or ?… où est mon or ?… Tu dis qu’il est là… Où çà ?… Ici ?… Oui ?… Bon, bon, attends que je finisse de t’étrangler, car je te connais, moi… tu serais capable de me prendre par-derrière quand je creuserai là pour retrouver mon or !… Ah ! ah ! ah ! je savais bien que je te ferais rendre gorge… Je savais bien que je serais le plus fort. »
    Et le fou lâcha Gillonne.
    Mais Gillonne était bien morte, cette fois-ci, morte étranglée par Malingre, le fou, qui lui avait incrusté ses doigts, véritables griffes, dans le cou.
    Sans plus s’occuper du cadavre, le fou se rua à plat ventre dans un coin de la cave et se mit à gratter le sol avec ses ongles, et tout en grattant, il grognait :
    « Il est ici, mon or… c’est ici qu’elle me l’a caché… Ah ! ah ! ah ! comme je l’ai bien forcée à parler… mais il faut creuser… creuser encore… C’est dur !… très dur !… mais n’importe, c’est pour mon or que je vais retrouver. »
    Et il creusait toujours, en effet.
    Ses doigts étaient en sang, mais il ne s’en apercevait pas, il ne sentait rien.
    Longtemps encore il creusa le sol en grognant :
    « Je le retrouverai, mon or… je le retrouverai… »
    Soudain il s’arrêta et resta étendu de tout son long, la face contre terre, dans la fosse que lui-même avait creusée.
    Il était mort !

XXXV
 
L’IDÉE DE BURIDAN
    Jean Buridan, après avoir jeté aux pieds du duc d’Égypte les quatre sacs de Stragildo, avait fait demi-tour et quitté la Cour des Miracles.
    Alors, tout joyeux, dans la lumière du soleil levant, il s’enfonça dans la campagne, laissant sur sa droite le mont Faucon où se dressait le gibet et se dirigeant d’un bon trot vers l’autre mont qui dressait là-bas sa butte couverte de frondaison : Montmartre !…
    C’était bien à Montmartre que se rendait Buridan.
    Comme il montait tout haletant, une forme blanche et légère bondit du fond d’un taillis, et Myrtille, jetant ses deux bras autour de son cou, s’écria joyeusement :
    « Bonjour, seigneur Buridan, soyez le bienvenu sur cette montagne… »
    Buridan demeura tout saisi et serra sa fiancée sur sa poitrine, sans

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