La Rose de Sang
plus s'ils existaient toujours, signa la charte
le rapprochant de Henry VIII.
Le
vaisseau allait lever l'ancre. Il était temps pour Mortimer de redescendre à terre.
Ayant
réussi sa mission, Montrose serra la main de Fulvio.
— A la prochaine fois,
Mortimer! fit le prince d'un air entendu.
— Prenez garde, Fulvio, le
troisième fois, je tuerai vous! menaça Mortimer, mi-sérieux, mi-rieur.
— Il n'y aura pas de
prochaine fois, promit Zéphyrine en les séparant avec autorité.
—
Chapitre XLII
LA DOULCE FRANCE
— C'est le destin, Fulvio,
qui me mène ici. Je dois encore accomplir une promesse sacrée, murmura
Zéphyrine en arrivant deux jours plus tard dans le port de Dieppe.
La
jeune femme et son mari laissèrent Luigi avec demoiselle Pluche dans une
auberge fleurant bon la cire et les pommes.
Zéphyrine
était émue de remettre les pieds sur le sol de France dont elle était partie
depuis si longtemps. Elle s'émerveillait de la richesse de la ville et de la
gentillesse des habitants. En quelques mots, elle avait prévenu son mari de la
mission qu'elle devait accomplir.
Suivis
de Paolo et de La Douceur, les jeunes princes se firent indiquer la demeure
dieppoise de messire Jean Ango, l'armateur.
Ils
s'arrêtèrent devant un somptueux hôtel à boiseries dorées, orné de terrasses à
l'italienne.
— Messire Ango n'est pas ici
aujourd'hui. Son Excellence est dans ses terres de Varengeville, répondit un
laquais stylé. Ce n'est pas loin, ajouta-t-il en indiquant le chemin à prendre.
Par
une route de bord de mer, le long de plages et falaises, les princes Farnello
galopèrent avant d'apercevoir, sous le ciel gris- bleu de la Normandie, un
véritable palais florentin.
Des
violes et luths mêlaient leurs sons harmonieux au bruit du ressac. Maître Ango
donnait une fête dans son parc.
Fulvio
et Zéphyrine se nommèrent. Un chambellan les introduisit dans un salon désert.
Des
fenêtres du manoir, Zéphyrine voyait l'étendue du parc magnifique descendant
vers la mer moutonnante.
— Vous avez mandé me parler
?
Le
plus grand armateur de son temps venait de pénétrer dans la pièce. C'était un
homme rondouillard d'une cinquantaine d'années, au visage jovial éclairé par
des yeux bleus de Normand vifs et intelligents.
Après
les saluts d'usage, Zéphyrine prit la parole.
— Messire Ango, je pus
approcher Jean Fleury dans son cachot...
— Trois fois hélas...
Charles Quint m'ôta cet ami en le faisant mettre à mort, bien que j'offrisse
pour sa libération 50000 écus ! se hâta de dire Ango.
— Il savait qu'il allait
mourir et me fit jurer de vous révéler où il avait caché une grande partie du
trésor de Montezuma, dit Zéphyrine.
Maître
Ango regarda avec surprise ce jeune couple à l'allure aristocratique qui venait
lui donner un secret qu'il aurait pu garder.
— Au cap de la Hague,
Messire, au nord-ouest du Cotentin, vous trouverez une grande pierre de six
pieds de haut ayant la forme approximative d'un cheval. Jean Fleury cacha deux
cassettes de pierreries et joyaux dessous... Il n'avait pas le temps de revenir
à Dieppe vous avertir, car il repartait surprendre les galions espagnols... Ce
fut au cours de cette dernière mission qu'il fut lui-même pris ! acheva
Zéphyrine avec émotion.
Elle
ne pouvait se rappeler l'arrestation de Jean Fleury sans en éprouver des
remords affreux.
Maître
Ango ne voulut pas laisser repartir Fulvio et Zéphyrine.
— Princes, vous êtes mes
invités ! fit l'armateur, royal.
Tandis
qu'il envoyait deux hommes vers le cap de la Hague, il dépêcha des chariots
chercher Luigi et la suite.
Si
Jean Ango fut surpris par les compagnons des princes Farnello, il eut la classe
de ne pas le montrer. Pourtant, les lamas et l'Inca Pando-Pando étaient
confondus dans le même exotisme.
Les
Normands venaient défiler, regardant ces drôles d'animaux et l'Indien avec ses
plumes.
Zéphyrine
se désolait car Pando-Pando dépérissait. Il était malheureux sans soleil, loin
de ses dieux et déesses.
Pendant
une quinzaine de jours, les princes Farnello reçurent l'admirable
hospitalité de Jean Ango.
— Seigneur ! Saumon !
Sardine ! Saucisse ! croassait Gros Léon.
Il
appréciait le luxe de Varengeville.
Depuis
que Bois-de-Chêne était en Normandie, il devenait nerveux. Un matin,
embarrassé et
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