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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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Pando-Pando, dont elle se jugeait responsable.
Dans son état, les cahots de la route l'épuisaient.
    Avec
le carroche et toute la suite, on prit deux gabares menées par des bateliers et
on remonta le fleuve en direction de Blois. Le roi François ne s'y trouvait
plus, il était à Chambord... Non, à Amboise !
    Fulvio
maugréait. Partout où on passait derrière la suite royale, il ne restait rien,
pas une poule ni un rôt. Ce roi en mouvement perpétuel entraînait dans son
sillage six mille cavaliers et douze mille piétons [162] (tapissiers, serviteurs, laquais, muletiers, etc.).
    François
I er avait conservé l'humeur errante des premiers Capétiens
vagabonds.
    Enfin,
la cour était pour quelques jours à Amboise. Fulvio et Zéphyrine installèrent
leur petite famille dans une auberge. Ils firent grande toilette et montèrent
au château. Vêtue de drap d'or, moitié velours et moitié toile d'argent, la
princesse Zéphyrine Farnello se fit annoncer à l'audience de Sa Majesté.
    Pour
plus de précaution, il avait été décidé que Fulvio, ancien ennemi de François I er ,
se mêlerait aux courtisans, attendant des nouvelles de sa femme.
    Cette
stratégie ne plaisait que modérément à Fulvio, Zéphyrine avait été inflexible.
    —       Ma chère fille, quel
bonheur... Nous te croyions disparue !
    Devant
toute sa cour, François I er accueillait Zéphyrine comme l'enfant
prodigue. La jeune femme regardait son roi. La détention l'avait mûri. Il riait
plus gravement. Ses yeux noisette posaient sur le monde un regard nostalgique.
François I er avait souffert, mais il était toujours superbe, vêtu de
drap d'or, couvert de bijoux, portant chemise brodée de soie noire et fourreau
d'épée recouvert de velours blanc.
    Sous
le regard des courtisans envieux de cette faveur, François I er entraîna Zéphyrine pour marcher dans les jardins surplombant la Loire.
    Après
avoir parlé de lui-même, de son évasion manquée, en riant, de sa libération et
de son duel perpétuel avec son « frère » Charles Quint, le roi voulut tout
savoir de Zéphyrine.
    Elle
lui conta son voyage, l'émerveilla avec le royaume inca, le fit rire en parlant
du gros Henry VIII et glissa habilement dans la conversation ses retrouvailles
avec son mari, le prince Farnello de Lombardie.
    A
sa surprise, François I er affirma qu'il serait « fort satisfait que
Zéphyrine vînt lui présenter son cher époux ». Depuis Marignan et Pavie, les
temps avaient changé.
    Anne
de Montmorency venait au-devant du roi. Zéphyrine et lui se saluèrent
froidement. Il en voulait toujours à la jeune femme de son idée de moricaud.
Quant à Zéphyrine, elle l'estimait pisse-vinaigre. La présence d'Anne rappela
quelque chose au roi. Il plissa son long nez.
    —       Anne... Où est Mignonne?
    Zéphyrine
savait que le roi appelait ainsi sa sœur Marguerite. Elle bredouilla, émue :
    —       Son Altesse Royale serait
ici ?
    —       Sa Majesté la reine de
Navarre ! rectifia le roi, amusé. Oui, Mignonne arrivant de ses Etats est venue
nous rendre visite... et Madame ma sœur n'est pas seule ! ajouta-t-il finement.
     
    —       Zéphyrine, ma
Zéphyrine..., quelle merveilleuse surprise!
    La
reine Marguerite de Navarre relevait sa jeune amie, la serrait sur son cœur.
Marguerite était dans ses appartements. Elle avait donné naissance, trente
jours plus tôt à Saint-Germain, à sa fille, la petite Jeanne [163] .
Comme toutes les mères du monde, elle la montrait fièrement à Zéphyrine.
    Retrouver
la savante Marguerite, poétesse, un tantinet pédante, pouponnant son bébé était
inattendu.
    Après s 'être inclinée
devant le berceau de la jeune princesse, Zéphyrine se redressa, le cœur battant.
Elle attendait que la reine de Navarre lui donnât des nouvelles d'une autre
petite fille.
    Plus
morte que vive, Zéphyrine mordait ses lèvres, ne pouvant interrompre le
babillage de Marguerite.
    Cruelle
sans s'en rendre compte, la reine de Navarre racontait, au milieu de ses dames,
sa cour de Pau, les poètes et réformés qu'elle y accueillait, son époux le bel
Henri, bon capitaine et vaillant homme, dont elle semblait fort éprise.
    Zéphyrine
était tellement faible qu'elle dut s'appuyer au dossier d'un fauteuil. Si
Marguerite ne lui parlait pas de Corisande, c'est parce qu'un affreux malheur
était arrivé.
    Le
valet Silvius apportait à sa souveraine un livre d'heures aux délicates
enluminures. Interrompant le salut de

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