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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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désignant des traces boueuses sur les
marches.
    — En effet, les cris venaient
d’en haut.
    Sénart se sentait étreint par
un sourd pressentiment. Que voulait donc Vadier ?
    Ils montèrent les escaliers
jusqu’au troisième étage. La demeure était vaste mais meublée avec parcimonie,
comme si son propriétaire avait été contraint de vendre son mobilier. Enfin,
tout en haut, ils parvinrent jusqu’à un palier. Là encore, des empreintes de
bottes. Elles se dirigeaient vers une pièce dont la porte était entrebâillée.
Il remarqua des traces de vomissures.
    — Laisse cela, lui ordonna
Vadier. Concentre-toi sur la porte.
    — Ils ont défoncé aussi
celle-ci… Et elle était fermée de l’intérieur, ajouta-t-il en remarquant le
pêne sorti de la serrure.
    — Judicieusement déduit. C’est
un détail qui a son importance. Maintenant, pousse la porte et regarde.
    Sénart obéit, intrigué.
Derrière lui, les deux porteurs d’ordres poussèrent une exclamation sourde. Le
spectacle qu’il découvrit le cloua sur place.
    Tout de suite, la voix de
Vadier résonna dans son dos :
    — Ne t’occupe pas du corps, pas
encore. Intéresse-toi à la pièce !
    Le jeune homme s’efforça
d’obéir et ferma les yeux un court instant. Il avait déjà contemplé la mort
sous toutes les apparences, même les plus abominables… mais ça !
    Il rouvrit les yeux et tenta
d’occulter la forme qui n’avait plus rien d’humain, étendue à trois pas de lui.
    Le sang. Le sol fait sans doute
d’un plancher était entièrement recouvert d’une mare de sang. Les gardes
nationaux ne s’étaient pas aventurés plus loin car on ne distinguait pas de
marques de bottes. Ils s’étaient arrêtés sur le seuil et l’un d’entre eux avait
vomi sur le palier, d’où les souillures qu’il avait repérées plus tôt. Le sang
avait aussi giclé sur les murs. L’endroit constituait sans doute une
bibliothèque ou un cabinet de réflexion. De grandes coulures écarlates maculaient
les reliures de cuir et le miroir en face, dans lequel il apercevait son propre
reflet, pâle, abasourdi.
    Sur une étagère reposait un
crâne humain apparemment fort ancien, lui aussi éclaboussé de rouge.
    — Alors ? le relança le
conventionnel impatient.
    — Personne n’a pu entrer ici
avant l’arrivée de la garde nationale, commença Sénart d’une voix blanche, car
la porte était fermée de l’intérieur. Il n’y a qu’une issue, cette fenêtre
grillagée là-bas. Elle a été défoncée de l’extérieur. Il a sûrement fallu une
force considérable. D’autre part…
    — Continue !
    — Je… je ne vois qu’une seule
sorte d’empreintes sur le sol.
    — Examine-les.
    Sénart s’agenouilla tout en
prenant bien garde de ne pas toucher la mare de sang et se pencha sur l’une
d’elles.
    — C’est étrange, on dirait que
l’homme était pieds nus, ce qui est inconcevable. Son pied est très largement
plus grand que la normale. Et il est reparti par où il était entré. Par la
fenêtre.
    — Qui te dit qu’il s’agit d’un
homme ? trancha Vadier.
    Un frisson parcourut l’échine
du jeune homme. Le spectacle sous ses yeux était tellement inconcevable dans
son abomination qu’il en devenait presque grotesque.
    — Je crois qu’il s’agit d’un
homme, citoyen.
    — Et pourquoi cela ?
    — La… la disposition du corps
n’est pas due au hasard.
    Vadier, derrière lui, approuva.
    — Bien, effectivement, l’assassin
a fait preuve dans sa sauvagerie d’une certaine marque d’intelligence. Que
peux-tu me dire à propos du mort ? Rapproche-toi de lui, maintenant. Nous
avons vu qu’il n’y avait pas d’autres traces que celles de l’assassin dans cette
pièce.
    Avec répugnance, Sénart obéit.
Sachant d’expérience que le sang encore humide pouvait être glissant, il avança
avec précaution jusqu’au milieu de la pièce où trônait le bureau. C’est là que
le criminel avait commis son forfait. Le sang recouvrait tout, ici aussi il
n’était pas facile de distinguer quoi que ce soit.
    — On dirait qu’il a été
écartelé.
    — Il semble difficile de faire
entrer quatre chevaux dans cette pièce.
    Pourtant, c’était bien cela, la
victime avait été écartelée. Il ne restait qu’un tronc pantelant sur la table.
Le défunt avait gardé les yeux grands ouverts et compte tenu de la déformation
de son visage, marqué par une indicible frayeur mêlée de souffrance au-delà de
l’imagination, on

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