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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’antichambre
     jusqu’aux appartements de la reine. Le Lorrain restait au plus près d’elle, ressentant une immense appréhension en se sachant
     seul au milieu d’ennemis.
    Ils entrèrent dans le grand cabinet. En voyant le Balafré , si beau, si grand, si splendide, le roi lui jeta sans la moindre courtoisie :
    — Ne vous avais-je point fait défendre de venir?
    — J’ai cru, sire, qu’il était toujours permis à un sujet fidèle et calomnié de venir se jeter dans les bras de son roi. D’ailleurs, je n’ai point reçu de défense expresse, et c’est madame votre mère qui m’a demandé de l’accompagner.
    Le roi demanda à Bellièvre s’il avait fait la commission dont il l’avait chargé et comme le surintendant des finances bredouillait
     de vagues justifications, il le coupa :
    — Je vous en avais dit davantage! cria-t-il.
    La tension était à son comble. Le duc de Guise posa la main sur son épée. Le colonel Alphonse n’attendait qu’un signe pour
     agir. La reine mère comprit que l’irréparable était sur le point d’être commis et, s’approchant de son fils, elle l’entraîna
     vers une fenêtre.
    — Modérez, Henri, une colère qui peut avoir les suites les plus funestes. Un peuple immense est dans la cour. N’ensanglantez point le Louvre, car bientôt il serait teint de votre sang.
    Cheverny et Villequier s’approchèrent pour se joindre aux sollicitations de Catherine de Médicis, tandis qu’à l’autre bout
     de la pièce O, d’Ornano et les gentilshommes ordinaires considéraient la scène avec mépris, prêts à en découdre. Guise suivait de l’œil la délibération en s’efforçant de rester
     indifférent.
    Ayant une nouvelle fois regardé dans la cour, le roi revint vers le duc de Guise, le visage seulement sévère.
    — Je vous vois avec dague et épée, mon cousin! Ce n’est point ainsi qu’on se présente à moi.
    Guise comprit que la crise était passée et qu’Henri III ne ferait rien contre lui. Il reprit courage.
    — Je les porte, sire, pour avoir raison des injures qui me sont faites par M. d’Épernon.
    — M. d’Épernon vous aime, monsieur le duc, et vous devez l’aimer! répliqua Henri III.
    — Si Votre Majesté l’ordonne, j’aimerai aussi son chien, fit le duc en s’inclinant. Quant à M. d’Épernon, je me comporterai avec lui dans la mesure où il verra la différence qu’il y a entre nous.
    Il rappelait ainsi la distance immense qu’il y avait entre un nobliau de Gascogne et un petit-fils de Charlemagne.
    — Votre démarche d’aujourd’hui me rend votre obéissance bien suspecte, lui répliqua sèchement le roi. Vous pouvez cependant me la prouver par la conduite que vous tiendrez à Paris.
    Guise s’inclina, mettant la main sur son cœur. Il prétexta alors la fatigue du voyage pour prendre congé, fit une grande et
     basse révérence et se retira à pas lents, sans être suivi ni salué de personne.
    À peine arrivait-il dans la cour qu’une immense clameur de ferveur et de soulagement retentit. Pressé de toutes parts, Guise
     sortit et, ayant passé le pont dormant, il déclara à la foule :
    — C’est le moment d’agir, mes amis! J’ai voulu voir par moi-même ce que vous aviez à craindre. Craignez tout! Aux armes! Ne quittez pas les armes! On veut surprendre Paris cette nuit même. Défendons-nous et nous attaquerons après!
    C’était une déclaration de guerre!
    Le peuple le suivit à son hôtel comme une armée suit son général. Il convoqua aussitôt ses capitaines et le conseil des Seize.

    Poulain attendit dans une antichambre du Louvre jusqu’à cinq heures du soir. Finalement Petrepol vint le chercher pour le
     conduire dans le cabinet royal.
    Le roi était avec O et Ornano.
    — Sire, j’ai été averti que certains m’accusent de vous avoir menti. Je suis venu me jeter à vos pieds pour me justifier.
    — Êtes-vous découvert, monsieur Poulain? demanda Henri III après un long silence.
    — Je le crains, sire.
    — Dès cette nuit, tenez-vous sur vos gardes. La partie sera rude.
    Poulain sortit, torturé par la peur. Il avait tout donné au roi, et celui-ci ne lui avait jamais paru si affaibli. Passant
     le pont dormant, il vit que l’on mettait les Suisses en bataille devant la chapelle de Bourbon.

    Après que le convoi d’or et de poudre fut entré dans l’hôtel de Guise, Olivier et Cassandre prirent le chemin de la porte
     Saint-Martin pour prévenir

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