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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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échauguettes de l’hôtel de Guise, l’ancienne forteresse d’Olivier de Clisson achetée par le père d’Henri
     de Guise. Un des gardes avait dû le précéder, car la porte ogivale était ouverte. À grand-peine, les chariots s’y engouffrèrent,
     puis la lourde porte ferrée se referma.

    Au même moment, le prévôt Hardy avait envoyé un de ses hommes chercher Nicolas Poulain. Le prévôt des maréchaux de l’Île-de-France
     étant son chef, il ne pouvait refuser et s’y rendit, inquiet de ce qu’on lui voulait, car il n’était pas dans les habitudes
     de Hardy de convoquer ainsi ses lieutenants. Vieux et malade, il restait à l’écart des factions de la cour bien que depuis
     deux ans il se soit rapproché de la Ligue.
    Le prévôt le reçut dans sa chambre, couché sur son lit. Il l’assura de son amitié et lui expliqua qu’il ne l’avait fait venir
     que pour le prévenir et lui conseiller de fuir. Quelqu’un, qu’il ne nomma pas, avait trouvé un mémoirequ’il avait écrit au roi dénonçant les agissements de la sainte union. Guise venait d’arriver à Paris (ce que Poulain venait
     d’apprendre en chemin) et allait le faire saisir. Le roi ne ferait rien pour sa défense, car on lui avait dit que ce mémoire
     n’était qu’un tissu de mensonges.
    Poulain, pris de peur, posa quelques questions – sans rien reconnaître – mais le vieux prévôt n’en savait pas plus. Il partit
     donc en le remerciant.
    Une fois dans la rue, il ne sut où porter ses pas. Guise à Paris, sa trahison envers la Ligue connue, il devait effectivement
     fuir, à moins qu’il ne parvienne à convaincre le roi de sa fidélité. C’est alors que son regard saisit furtivement dans l’embrasure
     d’une porte un visage triangulaire au menton fuyant. La fine moustache qui surmontait des lèvres épaisses ouvertes sur de
     grosses incisives lui rappela immédiatement Lacroix.
    Ainsi le capitaine des gardes de Villequier le surveillait. Il comprit brusquement que tout cela n’était qu’un coup monté.
     Que l’on voulait tout simplement le faire avouer en le forçant à prendre la fuite. Tout avait dû être organisé par Villequier.
    Il décida d’aller au Louvre pour se justifier auprès d’Henri III si vraiment on l’avait accusé de mensonge.
    Là-bas, il trouva la cour emplie d’une foule immense venue soutenir le duc de Guise. Écoutant les propos qui s’échangeaient,
     il comprit que le Lorrain était arrivé.
    Au moins, se dit-il pour se rassurer, si on me voit ici, on pensera que je suis venu pour l’acclamer moi aussi. Il parvint
     à entrer dans la salle des cariatides et à faire quérir le seigneur de Petrepol, mais celui-ci était introuvable. Nicolas
     cita les autres noms que le roi lui avait donnés et ce fut finalement François de Montigny qui vint. Ayant écouté sa demande,
     le capitaine des archers de la Porte lui répondit qu’il devrait attendre, car on ne pouvait déranger Sa Majesté.

    Le duc de Guise s’était rendu à l’hôtel de la Reine comme il l’avait annoncé. Catherine de Médicis l’avait d’abord assez mal
     reçu. Néanmoins, apprenant qu’il voulait aller au Louvre sans escorte et craignant une imprudente réaction de son fils qui
     aurait mis Paris à feu et à sang, elle choisit de l’accompagner dans sa chaise à bras.
    Durant le trajet, il marcha à côté d’elle, chapeau à la main, acclamé par la foule en délire tout en s’entretenant aimablement
     avec ses proches. Malgré cette liesse, les centaines de gentilshommes et de partisans qui l’avaient rejoint étaient inquiets
     et menaçaient d’avance Henri III s’il tentait quelque chose contre leur maître. Approchant du Louvre, plusieurs le supplièrent
     de ne pas se livrer ainsi désarmé à un monarque si fourbe.
    — Il faut bien que quelqu’un se dévoue pour faire entendre la vérité au roi, répondit calmement le duc. Celui qui, avec si peu d’hommes, a détruit l’armée allemande, doit-il craindre une poignée d’infâmes courtisans?
    Tout cela fut dit d’une voix si calme, si posée et si courageuse, que la foule parisienne applaudit et chacun se félicita
     d’avoir enfin un maître à admirer.

    Henri III était dans les appartements de la reine, qui jouxtaient sa chambre de parade, quand on lui apprit que le duc de
     Guise venait d’entrer dans Paris. Il resta un instant interdit devant cette désobéissance incroyable à ses ordres, puis fit
     appeler

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