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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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cessèrent et le
     martèlement des tambours fut entièrement couvert par ces coups de cloches qui faisaient resurgir d’horribles souvenirs. C’était
     le son de la Saint-Barthélemy.

    Guise n’était pas parti. Au contraire, ayant appris la veille que Biron arrivait avec des troupes et que le régiment de Picardie
     se mettait en route, il avait préparé son offensive.
    Si le duc disposait d’une armée, il ne voulait pas d’un affrontement militaire. Se battre contre le roi, c’était se rebeller,
     et devenir criminel de lèse-majesté lui aurait fait perdre le soutien de la noblesse de France. Il fallait donc que ce soit
     les bourgeois qui se dressent contre leur souverain et se battent à sa place. Si c’était nécessaire, il se chargerait ensuite
     de les punir.
    Dans la nuit, il avait donc fait imprimer des placards que les prédicateurs avaient cloués près de leurs églises. Sur ces
     affiches étaient nommés deux cents meneurs de la sainte union. Ceux-là n’auraient plus le choix. Leurs noms livrés, s’ils
     n’affrontaient pas le roi, ils finiraient comme lesrebelles du tumulte d’Amboise : pendus, détranchés, écartelés.

    Le tocsin ne cessait pas. Marguerite se boucha les oreilles. Son père était blême. Nicolas enfila rapidement son habit en
     toile noire, prit son épée accrochée au mur et la ceignit à sa taille. Il avait décidé de se rendre au Louvre pour se mettre
     aux ordres du roi et arrêter lui-même Le Clerc, Louchart et La Chapelle, mais avec ce tocsin effrayant, inattendu, il n’était
     plus certain que tout se passerait comme prévu.
    — À la moindre alarme, dit-il à son beau-père, réfugiez-vous chez M. Hauteville. Je vais voir ce qui se passe. Si vous ne me revoyez pas ce soir, ne vous inquiétez pas, c’est que je serai occupé. Mais dans ce cas, restez en sécurité chez Hauteville.
    Il ouvrit l’armoire en chêne aux panneaux sculptés et en tira un vieux sayon à capuche qu’il enfila sur son pourpoint pour
     dissimuler son épée.
    — Où vas-tu?
    — Je ne sais pas encore, peut-être jusqu’au Louvre.
    — Tu n’es pas sûr du roi? s’inquiéta-t-elle.
    — Je crains surtout que Guise ne soit plus adroit qu’on ne l’ait jugé. La partie n’est peut-être pas gagnée. Je n’avais pas pensé au tocsin. Cela ravive tant de souvenirs…
    Il fit quelques pas jusqu’au buffet, appuya sur une moulure et un tiroir secret s’ouvrit. Il y prit deux lettres de commission,
     celle de sa charge et celle le nommant prévôt de la cour de Catherine de Médicis. Puis il fouilla sous les papiers et saisit
     la médaille en forme de bouclier qui représentait Catherine de Médicis à genoux entourée de trois de ses fils avec la devise Soit, pourveu que je règne ! Il ignorait à quoi elle pouvait servir mais elle était dans la poche de Ludovic Gouffier, un espion de Catherine de Médicis. C’était peut-être un laissez-passer.
    En aurait-il besoin? Si les choses tournaient mal, il ne pourrait revenir ici ni chez Hauteville. Il la prit et la glissa dans son pourpoint avec les lettres de commission.
    Il choisit ensuite dans un coffre une longue dague qu’il attacha sous son sayon et un pistolet à rouet qu’il glissa dans la
     ceinture.
    — Occupe-toi des enfants, et ne t’inquiète pas, dit-il à sa femme qui avait les yeux embués de larmes.
    Il l’enlaça pour l’embrasser mais elle resta serrée contre lui, ne voulant pas le laisser partir. Le cœur gros, il se força
     à se détacher d’elle, puis fit signe à son beau-père qu’il descendait avec lui.

    Depuis l’arrivée du duc, Olivier et Caudebec s’étaient rendus tous les jours dans le quartier de l’Université à la recherche
     de Clément. Ils y avaient vu la tension monter, l’agitation s’accroître. Le roi avait ordonné à tous ceux qui n’habitaient
     pas Paris de quitter la ville. C’était une mesure qui visait les gens que Guise avait fait entrer, mais l’ordre royal était
     resté sans effet. De nombreuses maisons logeaient maintenant des soldats et des gentilshommes guisards qui ne se cachaient
     même plus. On les voyait par groupes dans les rues, la bouche gonflée de propos ligueux et nul n’ignorait qu’ils attendaient
     des ordres.
    Le jeudi, en apprenant à leur réveil que les troupes royales étaient entrées en ville, Olivier et Caudebec hésitèrent à retourner
     déambuler autour de Sainte-Geneviève. Ils se rendirent pourtant

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