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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Petau, restait loyal à la couronne tout comme le prévôt Jean Audren 1 . Le seigneur d’O, qui les connaissait, leur remit une lettre du roi donnant ordre de les recevoir et de les protéger.
    Après Étampes, ils passèrent la Seine à Sèvres puis traversèrent la forêt de Boulogne pour suivre la route toutedroite jusqu’à Saint-Denis. En chemin, lors des brèves haltes pour nourrir et désaltérer bêtes et hommes, des fraternités
     d’armes se nouèrent et les inimitiés du départ s’estompèrent. Ce fut en grande partie dû au marquis d’O et au baron de Rosny.
     Tout séparait les deux hommes : la religion, la fidélité à des maîtres différents, l’orgueil, l’expérience militaire. Ils
     se découvrirent pourtant une passion commune : tous deux cherchaient à comprendre d’où venait la richesse d’une nation. Comme
     Michel de Montaigne s’y intéressait aussi, bien qu’à un degré moindre, ils se retrouvaient pour confronter leurs idées. Rosny
     décrétait que si chacun s’enrichissait, le pays serait plus fort. Pour cela, il suggérait de baisser les tailles, de réduire
     les pensions payées par le roi et de tout faire pour développer l’agriculture, qui seule créait l’abondance. Michel de Montaigne
     n’était pas de son opinion et suggérait plutôt la multiplication des marchands qui entraînait les échanges d’idées. La vraie
     richesse selon lui n’étant pas matérielle mais dans les esprits. Quant au marquis d’O, il affirmait que c’étaient les artisans
     et leur industrie qui produisaient des richesses, et non les laboureurs. Olivier se passionnait pour leurs débats sans toutefois
     être capable de déterminer qui avait raison et qui avait tort.
    M. de Cubsac et Dimitri le Sarmate avaient renoué les liens de compagnonnage qu’ils avaient déjà quand Cubsac était au service
     du marquis d’O. Mais les seuls sujets qui les intéressaient portaient sur les armes et sur la guerre.
    Alphonse d’Ornano et M. de Richelieu s’entretenaient souvent à voix basse à l’écart des autres. Plusieurs fois Olivier les
     surprit échangeant quelques mots sur les intentions du roi, mais ils se taisaient dès qu’on s’approchait d’eux.
    Quant à Venetianelli, François Caudebec et Nicolas, l’amitié qui les attachait était désormais robuste et sincère. C’est à cela que songeait Olivier le soir où ils approchaient de Saint-Denis, galopant à une allure infernale dans la brume. Quelle étrange troupe ils formaient! Douze, commeles apôtres, mais aurait-on pu imaginer des hommes si différents? En tête chevauchait un géant Sarmate à la nuque rasée avec un brigand gascon chevelu, garde du corps et tueur patenté au service du roi. Derrière eux caracolaient côte à côte un mignon du roi, catholique, parfumé et pommadé, surnommé l’archilarron et un noble protestant très rapace qui aurait pourtant donné tous ses biens pour un roitelet qui ressemblait plus à un berger béarnais qu’à un prochain monarque de France.
    Derrière encore suivaient un colonel corse dont le père avait étranglé la mère et un prévôt qui avait assassiné le tueur de
     son frère aîné.
    Ensuite, c’était un comédien italien, espion à ses heures, et dont le meilleur rôle était celui du capitaine Scaramuccia . Pour l’heure, il dissertait de crime et de trahison avec son ami Nicolas Poulain, prévôt de police devenu baron de Dunois.
     Enfin son épouse Cassandre, fille d’une courtisane banquière et du prince de Condé, échangeait des idées sur le rôle des femmes
     avec l’ancien maire de Bordeaux, un philosophe qui avait une piètre opinion de la gent féminine.
    Lui-même, Olivier Hauteville, ancien clerc fils d’un contrôleur des tailles assassiné par la Ligue et désormais chevalier
     au service du roi de Navarre, fermait la route avec un rude capitaine protestant velu comme un ours. Il abandonna ses réflexions
     quand les hautes murailles de Saint-Denis apparurent à la sortie du bois qu’ils traversaient. Ils s’arrêtèrent et se regroupèrent
     pour écouter ce qu’avait décidé leur chef, Nicolas Poulain.

    Après avoir été décapité à quatre lieues de la capitale, Denis, évêque de Rome en ces temps troublés du début du christianisme 2 , aurait pris sa tête dans ses deux mains pour regagner son église. C’est tout au moins ce qu’auraitrapporté sainte Geneviève, quelques siècles plus tard, en ordonnant la construction

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