Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
beaucoup d’allant le traquenard prévu et l’effusion de sang qui s’ensuivrait.
    — Pendant que vous jouiez aux cartes, j’ai passé quelque temps à étudier les lieux, plaisanta Il Magnifichino . Imaginons que les chariots soient enfermés dans la grande remise durant la nuit. Il suffirait d’entrer, de maîtriser les
     quelques gardes, de charger l’or sur les chevaux et de partir à l’ouverture des portes de la ville.
    — Vous oubliez deux choses, mon ami, persifla le marquis d’O avec un brin de condescendance, les portes des remises seront encloses, rembarrées, tout comme celle qui permet d’entrer et de sortir du cloître et de l’hôtellerie. Et celle-là, le frère portier la ferme à neuf heures et ne l’ouvre qu’après l’ouverture des portes de la ville. Je n’ai pas fait que jouer aux cartes, comme vous le voyez!
    — Je sais, fit Venetianelli en soutenant son regard. Seulement je suis le meilleur ami de ce brave moine à qui j’ai appris à tricher aux cartes et qui adore entendre mes propos ligueux. Imaginons que j’aille le trouver ce soir, comme tous les soirs, avec un flacon de vin de Beaune et que je lui propose de le vider avant qu’il ne ferme la porte. Il ne refusera pas et à la fin du souper je parviendrai sans peine à le garrotter. Ensuite, ayant enfilé son froc, j’irai fermer la
     porte moi-même en gardant les clefs.
    — Et les remises? demanda M. de Richelieu. Si les gardes sont à l’intérieur, ils auront placé des barres et fermé les verrous pour éviter toute surprise.
    — Il y a une porte entre les écuries et les remises. Elle sera fermée à clef, mais toutes les clefs de l’hôtellerie sont accrochées dans la cellule du portier.
    — Ils nous poursuivront… remarqua Olivier, séduit par le projet.
    — Il sera facile de les retarder en tranchant tous les harnachements et les sangles de leurs selles.
    Le silence se fit un moment. Chacun méditait, cherchant une faille dans le plan de Venetianelli et n’en trouvant pas. Ce fut
     Montaigne qui emporta la décision :
    — Je suis d’une race fameuse en prudhomie, et l’entreprise de M. Venetianelli me paraît préférable à ce que nous envisagions.
    — Je vous l’accorde, approuva Olivier. Lorenzo, je vous attendrai de l’autre côté de la porte du cloître vers quatre heures du matin avec les chevaux, car il faudra du temps pour charger l’or en silence. Nous serions ainsi à la porte de Paris à cinq heures, juste à l’ouverture.
    Venetianelli inclina la tête en signe d’adhésion.
    — Il faudra emmailloter les sabots des chevaux, remarqua Rosny. Et attacher leur mâchoire pour qu’ils ne hennissent pas… J’ai déjà fait ce genre de coup de main la nuit.
    Ils passèrent en revue les ultimes détails de l’entreprise et convinrent de l’exécuter si les chariots et la garde passaient
     effectivement la nuit à l’hôtellerie. Caudebec fut chargé de trouver des lanternes et des torches.
    C’est en fin d’après-midi que le convoi et l’escorte franchirent le porche de l’abbaye, précédés de peu par Cubsac et Dimitri
     qui s’étaient postés à la porte de Saint-Rémy.
    Les autres étaient derrière les carreaux des fenêtres de l’appartement du marquis d’O. Ils comptèrent dix-huit gardes espagnols,
     quatre chevaliers hospitaliers et quelques gentilshommes. La troupe était commandée par don Moreo.
    Toute la soirée, ceux qui logeaient à l’hôtellerie observèrent les allées et venues. Chaque chariot était tiré par six vigoureuses
     mules qui furent conduites dans l’écurie. Venetianelli accompagna le frère portier quand celui-ci remit les clefs des chambres
     à Juan Moreo et découvrit à cette occasion que MM. de Saveuse et Boisdauphin faisaient partie de l’escorte. S’il n’avait pas
     été grimé, il aurait été reconnu, car il les avait rencontrés chez le duc de Guise.
    Leur présence compliquait les choses, car Boisdauphin connaissait plusieurs d’entre eux, aussi ils ne sortirent pas des appartements.
     Enfin la nuit tomba, Venetianelli apporta non point un mais deux flacons de vin au portier avec un pâté de lièvre bien salé.
     Ils s’empressèrent de souper. Le religieux ingurgita sans peine le premier flacon pour calmer sa soif, puis commença le second
     avant de tomber ivre mort sur la table de leur ripaille. Aussitôt, Il Magnifichino le déshabilla, le garrotta et enfila sa robe, un vêtement puant qui n’avait

Weitere Kostenlose Bücher