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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et Olivier moins que les autres.
    De surcroît, la mort du prince ne l’intéressait guère. Seul son prochain mariage occupait ses pensées. Cassandre remarqua
     son indifférence et en fut fort contrariée.

    Le départ de Saint-Jean-d’Angély fut décidé le vendredi de l’Annonciation, après les obsèques. Quelques jours plus tôt, Philippe
     de Mornay avait demandé au consistoire de La Rochelle une double dispense puisque Mlle de Saint-Pol épouserait un catholique
     et que la bénédiction publique ne serait pas annoncée dans un temple durant trois dimanches consécutifs comme c’était la règle.
     Ce n’était pourtant qu’une formalité, la future mariée étant fille naturelle de Louis de Bourbon et cousine du roi de Navarre,
     les pasteurs ne pourraient qu’accorder ces permissions.
    Chaque jour, en présence de Mme de Mornay, Olivier rencontrait Cassandre et si elle paraissait partager sa hâte de se marier,
     il la trouvait aussi souvent lointaine, parfois abîmée dans ses réflexions. Cette attitude finit par le troubler au point
     qu’il en parla à M. de Mornay, un jour où ils se rendaient au château.
    — Cassandre est convaincue de l’innocence de la princesse. Elle est rongée par un sentiment de culpabilité, persuadée que c’est la Ligue et ses suppôts qui sont responsables de la mort de son frère. Elle voudrait trouver les coupables, et le venger, mais elle sait qu’elle ne pourra jamais y parvenir à cause de son mariage et de son sexe.
    — J’en suis autant incapable qu’elle puisqu’on ignore qui a tué le prince! dit Olivier. Laissons faire la justice!
    — Bien sûr! Mais c’est la raison pour laquelle elle garde souvent ce douloureux mutisme. Moi-même, j’avoue mes doutes et mon impuissance.
    Après cette discussion, Olivier s’intéressa donc à nouveau à l’affaire. Il posa quelques questions autour de lui etse rendit même à l’auberge d’où était parti Belcastel, mais sans rien découvrir.

    La rue Chaudellerie où se trouvait son hostellerie était une rue à arcades dont les piliers portaient des anneaux auxquels
     on attachait, par un collier de fer, les condamnés à l’exposition. C’était l’équivalent des piloris à Paris. Un soir où des
     geôliers venaient chercher un prisonnier pour le reconduire dans son cachot, la fille de salle qui servait à la table d’Olivier
     fit une remarque sur la ressemblance entre le supplicié et le page Belcastel.
    La remarque suscita la curiosité d’Olivier et, le repas fini, il s’arrangea pour rejoindre la servante au fond de la salle.
     Un endroit à peine éclairé par une de ces chandelles de résine que les paysans de Charente appelaient camoufle tant elles
     fumaient.
    — Vous connaissiez M. de Belcastel? lui demanda-t-il tandis qu’elle emplissait des pots de vin à partir d’une barrique.
    Malgré l’obscurité, Olivier vit le visage fatigué de la domestique s’assombrir. Peut-être craignait-elle qu’il soit un exempt
     et qu’il l’emmène pour un interrogatoire à la prison, aussi, pour la rassurer, il lui tendit un écu d’argent.
    — Ne craignez rien, lui dit-il doucement, je ne suis pas à M. de Cumont.
    Elle prit la pièce et la glissa dans son corsage. C’était une jeune femme qui n’avait pas vingt ans, au nez trop long et au
     menton en galoche. Non seulement, elle n’avait aucun charme mais elle était décharnée et usée par la vie difficile qu’elle
     menait. Sa robe était râpée et son tablier taché.
    — Il est venu plusieurs fois ici, monsieur, c’est comme ça que je le connais, dit-elle.
    — Récemment?
    — Trois ou quatre fois avant qu’il ne s’enfuie, je ne sais plus, je n’y ai pas fait attention.
    Elle se tourna vers son tonneau, désireuse de mettre fin à l’entretien.
    — Il était seul, mademoiselle?
    Peut-être que le « mademoiselle » amadoua la servante, car elle arrêta ce qu’elle faisait et se tourna à nouveau vers lui.
    — Il retrouvait ici un ami, monsieur. C’est cet ami qui l’a appelé Belcastel devant moi.
    — Cet ami, vous le connaissiez?
    — C’était un voyageur qui avait sa chambre à l’étage. Il est resté une quinzaine.
    — Vous savez son nom?
    — Oui, monsieur. M. de Belcastel l’appelait M. de Boisdauphin, et parfois M. le comte.
    Le nom ne disait rien à Olivier. Il prit sa bourse dans le gousset de son pourpoint et en tira un second écu d’argent qu’il
     lui montra.
    — Vous

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